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Les crises de colère chez l'enfant

Publié le 14 juillet 2008 par Marieclaude

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Crédit photo : Duchesssa/SXC

Une maman me demandait récemment : Comment réagir aux crises de colère d’un enfant de deux ans et demi sans atteindre son estime de soi et son développement?

Les crises de colère sont tout à fait normales à cet âge. Les psychologues expliquent que l’enfant apprend ainsi à se différencier des autres et à s’affirmer, tout en devant simultanément s’adapter aux contraintes de la réalité. C’est une phase difficile pour l’enfant et pour le parent! Oui, il peut arriver que nos enfants nous poussent à bout! Vers trois ans, ces crises diminuent graduellement pour ne plus devenir qu’occasionnelles. Mais que faire quand nous sommes dans le feu de l’action et que nous ne voulons pas que nos interventions éducatives deviennent néfastes pour son estime de soi?

Tout d’abord, évitez toutes les interventions disciplinaires négatives. Ce que j’ai qualifié d’interventions négatives dans mon premier livre, ce sont celles qui entraînent plus de conséquences nuisibles chez l’enfant que d’avantages. J’inclus dans ces moyens à bannir:

  • Le châtiment corporel, c’est-à-dire tout contact physique avec l’enfant ayant pour résultat de lui faire mal (gifler, donner des coups avec un objet, secouer, bousculer, tordre le bras, frapper de la main avec force, tirer les cheveux, etc.);
  • Les menaces. J’entends par menace toute verbalisation qui laisse croire à une atteinte à l’intégrité physique ou morale de l’enfant, ou qui risque de compromettre sa sécurité physique ou psychologique. Lui annoncer qu’il va être battu est une menace. Lui promettre de le mettre à la porte est aussi une menace, car la sécurité de l’enfant est compromise dans une telle situation. Menacer de tuer son animal favori s’il ne se comporte pas bien est une torture psychologique. Par contre, si on lui annonce qu’il devra se coucher plus tôt s’il n’exécute pas une tâche, il ne s’agit pas d’une menace car son intégrité physique et morale n’est pas attaquée. Il s’agit là d’un avertissement, c’est-à-dire qu’on prévient l’enfant d’une conséquence qui suivra sa non-participation, conséquence logique, graduée et admissible dans le cadre d’une intervention éducative pour enseigner à l’enfant à se responsabiliser;
  • Les humiliations (de humus qui signifie «terre»). Ces moyens ont pour conséquence d’abaisser l’enfant, de le faire sentir «petit». Insignifiant. Lui baisser les pantalons devant témoins pour le punir ou le ridiculiser, tenter par toutes sortes de moyens de lui faire ressentir de la honte, de le disqualifier en le traitant de noms ou en le jugeant («Tu fais dur…» «De toutes façons, tu ne comprends jamais rien…» «Tu te pense intelligente, là?…») en sont quelques exemples;
  • Les comparaisons, qui sont néfastes et pernicieuses. Chaque fois que vous comparez deux enfants, c’est au détriment de l’un des deux. Ces dynamiques malsaines peuvent parfois s’installer pour la vie. Les «Ta sœur, elle…» se révèlent souvent être de véritables poisons injectés par le parent et qui détruisent petit à petit la relation fraternelle ou sororale;
  • Sœur de la comparaison, la culpabilisation est un autre moyen de l’arsenal psychologique pour tenter d’obliger un autre à se conduire selon notre volonté. Dans ce chantage émotif, on laisse croise à l’enfant qu’on ne l’aimera plus, qu’il va nous rendre malade, etc., s'il ne se conforme pas à nos exigences. Dans l’arsenal de la culpabilisation, on compte le silence. Un homme me racontait que, lorsqu’il était petit, sa mère avait l’habitude de se taire pendant des heures et même des jours, lorsque lui ou ses autres enfants n’obéissaient pas. Cette punition psychologique créait énormément de culpabilité chez l’enfant, qui s’imaginait rapidement responsable du silence de sa mère et tentait par tous les moyens de la faire sortir de son mutisme;
  • Les cris, les longues exhortations, les sermons accompagnés de multiples jugements sont en général ressentis par l’enfant comme étant des agressions, des violences.

Je pourrais multiplier les exemples des moyens négatifs, car ils sont extrêmement nombreux et diversifiés. L’imaginaire de l’être humain se met parfois au service d’une approche éducative qui va à l’encontre de la vie, ce que la psychanalyste Alice Miller a qualifié de «pédagogie noire».

Tous ces moyens sont négatifs car même s’ils semblent donner quelques résultats à court terme, ils sont en général inefficaces et extrêmement nuisibles à moyen et à long termes. Parmi les conséquences négatives induites par ce type d’intervention, on compte, entre autres, l’affaiblissement et la destruction de l’estime de soi, l’encouragement au mensonge pour éviter une sanction, l’induction de sentiments de colère pouvant s’exprimer par de l’agressivité ou de la dépression, l’identification à l’agresseur, qui amène chez l’enfant la répétition de ces stratégies avec les autres et parfois avec ses propres enfants. C’est pour ces raisons que je préconise de ne pas avoir recours à ces moyens

On opte plutôt...

  • Réagissez dès le début de la crise! Plus on attend, plus l’enfant est en rage, et plus l’adulte est agacé et risque d’avoir une réaction disproportionnée.
  • Si vous sentez que vos émotions sont négatives et explosives, quittez la pièce (à moins que votre absence n’entraîne un risque pour la sécurité de votre enfant) ou attendez que votre colère tombe ou diminue avant d’intervenir. S’il le faut, appelez quelqu’un (ligne d’écoute pour parents, une voisine, une amie…) pour exprimer votre trop-plein d’émotions! Vous éviterez ainsi de dire ou de faire des choses que vous pourriez regretter par la suite.
  • Appliquez la technique du hors-jeu (voir encadré). Si vous vous trouvez dans un lieu public, comme le centre commercial, emmenez l’enfant en crise dans un lieu isolé (salle de toilette du centre ou votre voiture) et appliquez la technique du hors-jeu comme vous le feriez s’il était dans sa chambre, à la différence que vous demeurez près de l’enfant en attendant qu’il se calme.
  • N’attaquez jamais l’enfant, mais son comportement. Par exemple, s,’il lance une petite auto en métal, ne dites pas «Tu es méchant!», mais «C’est dangereux de lancer des objets». De même, on ne dira pas «Tu es insupportable!» mais «Ta conduite [la nommer] est inacceptable». Bien différencier l’enfant (que l’on aime toujours) et son comportement (que l’on n’aime pas parfois) préserve l’estime de soi.
  • Exprimez ce que vous ressentez une fois que le calme est revenu. Il est important de sensibiliser nos enfants à nos propres besoins!

La technique du hors-jeu

La technique du hors-jeu s’applique très bien à domicile. Il s’agit d’un isolement bref et immédiat imposé par le parent, dans un endroit ennuyeux et sécuritaire. On pourra, par exemple, asseoir l’enfant sur une chaise face au mur («chaise de la réflexion»), le mettre dans sa chambre, dans un corridor ou dans une pièce exempte de tout objet potentiellement dangereux. Il y a un endroit en particulier que je ne recommande pas pour les hors-jeux: c’est le lit de l’enfant. En effet, il faut éviter d’associer le lit, ce n’est pas grave, mais ne le mettez pas dans son lit pour hors-jeu. Le temps de retrait doit être court et proportionnel à l’âge de l’enfant. Une bonne indication du temps est de calculer un nombre de minutes de hors-jeu équivalant à l’âge de l’enfant: trois minutes de hors-jeu à deux-trois ans, six minutes à six ans, et ainsi de suite. Le parent ne parle pas à l’enfant durant le temps de retrait. Voici comment procéder:

  1. Gardez votre calme. Quand l’enfant agresse, dites la consigne sur un ton ferme: «Non! Je ne veux pas que tu fasses ça!» Puis, amenez-le à l’endroit que vous avez choisi pour le retrait;
  2. Une fois rendu à cet endroit, dites, sur un ton calme et ferme, la conduite que vous désirez, par exemple: «Je reviens dans trois minutes et je veux que tu te calmes.» Répétez cette consigne quelques fois, puis partez dans une autre pièce. L’idéal est de chronométrer le temps au moyen d’un minuteur culinaire, vous savez le bidule qui vous dit que votre gâteau est prêt! Réglez-y le nombre de minutes, montrez-le à l’enfant et démarrez-le devant lui;
  3. Dès que le minuteur sonne, revenez. Si l’enfant n’est pas encore apaisé, remettez la moitié du temps et sortez encore. En général, cela suffit pour que vous ayez de nouveau son attention. Revenez alors sur la situation qui a déclenché l’excès de colère et donnez une seconde consigne: «Ici, quand on est fâché, on ne tape pas! As-tu compris?» Réitérez cette règle jusqu’à ce qu’il concède par un «Oui, maman.» Dès que l’enfant concède, l’incident est clos. Retournez maintenant à vos activités antérieures. Tout devrait bien se dérouler.

Le hors-jeu prive le jeune enfant de l’attention du parent et permet à chacun de se ressaisir. On peut ensuite discuter plus calmement de la situation qui a déclenché la frustration et poser des règles. Plusieurs auteurs préconisent cette approche. Ainsi, le Dr Guy Falardeau (Les enfants hyperactifs et lunatiques) recommande l’emploi de cette technique avec les enfants hyperactifs. Le psychologue John Rosemund (Parents au pouvoir) souligne que c’est une façon constructive d’indiquer les limites et d’exprimer son autorité à l’enfant. Le psychologue Fithugh Dodson (Aimer sans tout permettre) la considère comme la méthode la plus efficace. Le hors-jeu ne représente en fait que quelques minutes relativement ennuyeuses où rien ne se passe. Administré calmement et aussi rapidement que possible après le déclenchement de l’excès de rage, il se révèle aidant dans beaucoup de cas. 

Finalement, la mère était rassurée de ces quelques conseils.

Bonne journée,

Marie-Claude

Référence:petit monde.com


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LES COMMENTAIRES (3)

Par popo
posté le 26 novembre à 20:56
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je trouve que ses conseils m'ont fait du bien car on ne nous apprend pas toute les méthodes à avoir face à se genre de situation (ou même nos proches qui nous conseils à leurs façon et qui n'ont pas forcement raison pour certaines méthodes )et grâce à ses méthodes je sais ce qui est bien ou mal pour mon enfant les choses à ne pas refaire auprès de ma puce de 2ans et demi et celle que je dois adapter pour qu'elle puisse évoluer sans risque qu'elle soit perturbé et de grandir correctement en étant aimé sans tout permettre. Pour moi cela est très rassurant de savoir les techniques.

Par maman poule
posté le 09 septembre à 19:27
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http://go.nikita38100.dlambertpsy.1.1tpe.net

Par Linda Mcken
posté le 29 novembre à 21:06

Tiens, Annie, un entre des dizaines d'autres!

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