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La polémique sur la pollution du plastique dans les océans

Publié le 15 mai 2019 par Infoguerre

La polémique sur la pollution du plastique dans les océans

En 1997, Charles Moore [i] découvrait dans l’océan pacifique une grande plaque de déchets du pacifique, désignée le 7e continent, ou encore vortex de plastique ou « great pacific garbage patch ». Située situe entre le Japon et la Californie, elle mesure 3,43 millions[ii] de km2. En fait, les déchets plastiques déversés dans la mer dérivent sous l’effet de la rotation de la terre, les courants marins créent ainsi des gyres océaniques. Ces tourbillons piègent les déchets plastiques principalement dans 5 gyres localisés dans l’Atlantique Nord et Sud, le Pacifique Nord et Sud et l’océan indien[iii]. Ce sont au moins 1 800 milliards de déchets plastiques qui polluent les océans. Ils se sont agglomérés en une monstrueuse masse qui ne cesse de s’étendre. Une étude publiée le 24 mars 2018[iv] montre que ce continent flottant s’étale sur une surface équivalente à trois fois celle de la France, et ne cesse de grandir.

Le plastique, matériau idéal … pour les plasturgistes, l’industrie de la consommation et le recyclage

Depuis les années 1950, le plastique a connu un véritable succès, c’est le troisième matériau le plus fabriqué derrière le ciment et l’acier[v]. Sa production mondiale suit une croissance exponentielle, près de 350 millions de tonnes de plastique ont été produites en 2017[vi]. Le succès du plastique vient de ses qualités remarquables, facilité de mise en forme, faible coût, qualités mécanique et imputrescible. Pour autant, des parties prenantes s’opposent, d’un côté l’industrie de la plasturgie et la distribution pensant uniquement au bon développement de l’économie mondiale et d’un autre côté les acteurs voulant se mobiliser pour lutter contre les déchets et la pollution plastique, qui génèrent une pollution chimique provoquée par la dispersion de polluants asphyxiant les fonds marins et impactant les activités économiques, notamment la pêche, la navigation, l’aquaculture, les loisirs, le tourisme, ainsi que la chaîne alimentaire par ingestion de déchets, une mortalité aviaire et d’espèces marines, dauphins, tortues … Plus globalement, les causes de la pollution sont nombreuses, la production et consommation de masse, le manque de tri sélectif, une mauvaise collecte de déchets, un non respect de la nature, un manque de communication et de campagnes de sensibilisation peu visibles.

Une prise de conscience communautaire

Entre 2013 et 2016, l’expédition 7ème continent a étudié l’ampleur de la pollution marine et de ses conséquences[vii]. De nombreuses associations et ONG dénoncent régulièrement le phénomène, « Greenpeace » qui lutte contre la pollution et les menaces contre l’environnement et la préservation de la biodiversité[viii], « l’Organisation Mondiale pour la Protection de l’Environnement », elle défend la déforestation, le réchauffement climatique, la pollution sous toutes ses formes, la qualité de l’eau et de l’air[ix], « Surfrider Foundation Europe » a pour objectif « la défense, la sauvegarde, la mise en valeur et la gestion durable de l’océan, du littoral, des vagues et de la population qui en jouit » [x], « Longitude 181 Nature » sensibilise à la protection des océans et la préservation d’espèces, tels le cachalot, le requin la raie[xi], « le Fond mondial pour la nature – WWF » [xii]se bat pour la protection de l’environnement et le développement durable, « Sea Shepherd » se bat pour préserver les océans, défendre et protéger la biodiversité[xiii], « Ethic Ocean » protège les espèces marines tout en offrant des emplois durables dans la pêche et l’aquaculture[xiv], « Bloom » se bat pour le bien commun en créant un pacte durable entre l’homme et la mer [xv], « Pure Ocean » mobilise la société civile en soutenant des projets pour protéger les écosystèmes marins fragiles[xvi], « Ocean Cleanup » [xvii] a développé un système de barrières flottantes pour ramasser les plastiques des océans, « RevolutionR »[xviii], qui a rejoint l’expédition 7e Continent pour alerter l’opinion publique et lui faire prendre conscience des dégâts de l’activité humaine, « CLS »[xix], filiale du CNES, d’ARDIAN, et d’IFREMER, partenaire de l’expédition 7° Continent, assure le suivi satellite pour la localisation de gyre, le « CNES »[xx], en s’engageant auprès de l’Expédition 7e Continent, cherche à sensibiliser les jeunes à l’impact de la pollution plastique dans l’océan, « Mercator Ocean »[xxi], portée par le CNRS, l’IFREMER, l’IRD, Météo France et le SHOM, développe et opère des systèmes opérationnels de prévisions, « Plateforme Océan & Climat »[xxii], en appui de I’UNESCO, regroupe des organismes scientifiques, universités, instituts de recherche, des associations, des fondations, des centres de science, et des associations d’entreprises, tous impliqués pour une meilleure prise en compte de l’océan dans les négociations climatiques. Par ailleurs, de nombreux industriels en France, tels PSA, Renault, Nicoll … se sont engagés sur l’objectif de 100% de plastiques recyclés en 2025[xxiii]. Enfin, l’Union Européenne est ambitieuse, au moins 55% des déchets municipaux devront être recyclés en 2025[xxiv].

Des solutions mais surtout un défi comportemental

Près de 350 millions de tonnes de plastique sont produits chaque année dans le monde, pour 0,1% de produits recyclés en France en 2017 contrairement au pays de l’Europe du Nord qui dépassent les 90%[xxv]. Une production en croissance de 9% par an en moyenne et qui dépend fortement de la croissance économique mondiale. Or, la majeure partie de ce plastique n’est ni recyclé ni collecté et même lorsqu’il est collecté, il est souvent stocké dans des décharges à ciel ouvert, emportés par le vent, les rivières, puis les fleuves, les déchets finissent bien souvent leur course dans les estuaires ou dans l’océan. lPusieurs approches sont proposées, notamment réduire les déchets à la source, en bannissant les produits à usage unique, réutilisant les objets en les recyclant et triant. Ainsi, le 1er juillet 2016, la France a officiellement interdit les sacs plastiques à usage unique. Par ailleurs, dès 2018, les Etats-Unis [xxvi]et la France ont limité l’usage des suremballages ou des microbilles en plastique[xxvii] dans les cosmétiques. Enfin, des scientifiques et écologistes ont innové pour sensibiliser et nettoyer les océans de ces gigantesques nappes de plastique, et proposent un quadrimaran récupérateur de déchets[xxviii], des doubles poubelles flottantes [xxix], des barrières flottantes [xxx] malgré l’avarie constatée peu après son lancement début 2019 [xxxi].  Pour autant, la véritable solution réside dans le changement des habitudes, plus efficace que n’importe quelle campagne de nettoyage, c’est la seule alternative préconisée par les scientifiques, qui considèrent d’ores et déjà impossible de débarrasser complètement les océans des déchets plastiques.

Benoit Jacq

[i] https://www.changeursdemonde.net/Charles-J-Moore

[ii] https://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/2012/10/25/pollution-savoir-continents-plastique

[iii] http://www.qqf.fr/infographie/22/l-exploration-du-7me-continent

[iv] https://information.tv5monde.com/info/le-7eme-continent-un-monstre-de-plastique-1863

[v] https://www.lepoint.fr/environnement/comment-le-plastique-a-envahi-nos-vies-25-08-2018-2245757_1927.php

[vi] https://fr.statista.com/statistiques/615687/fabrication-de-plastique-dans-le-monde/

[vii] http://www.septiemecontinent.com

[viii] https://www.greenpeace.fr/connaitre-greenpeace/mission/

[ix] https://www.ompe.org/qui-sommes-nous/

[x] https://www.surfrider.eu/qui-sommes-nous/

[xi] https://www.longitude181.org/presentation/

[xii] https://www.wwf.fr/qui-sommes-nous

[xiii] https://seashepherd.org

[xiv] https://www.ethic-ocean.org

[xv] https://www.bloomassociation.org

[xvi] https://www.pure-ocean.org

[xvii] https://www.theoceancleanup.com

[xviii] http://www.revolutionr.com

[xix] https://www.cls.fr/le-groupe/

[xx] https://cnes.fr/fr

[xxi] https://www.mercator-ocean.fr

[xxii] https://ocean-climate.org

[xxiii] https://www.novethic.fr/actualite/environnement/recyclage/isr-rse/55-industriels-s-engagent-sur-l-objectif-de-100-de-plastiques-recycles-en-2025-146021.html

[xxiv] https://blog.pollutec.com/objectifs-recyclage-europe/

[xxv] https://www.laplasturgie.fr/panorama-de-la-plasturgie-2018/

[xxvi] https://www.slow-cosmetique.com/le-mag/plastique-interdiction-dans-cosmetique/

[xxvii] https://www.ecomundo.eu/fr/blog/decret-2017-291-interdiction-microbilles-cosmetiques-en-france

[xxviii] https://www.surfsession.com/articles/environnement/un-quadrimaran-nettoyer-oceans-116195276.html

[xxix] https://www.wedemain.fr/Des-poubelles-flottantes-pour-nettoyer-nos-ports_a3322.html

[xxx] http://www.leparisien.fr/environnement/ce-bateau-va-nettoyer-l-ocean-pacifique-des-dechets-plastiques-09-09-2018-7881828.php

[xxxi] https://www.geo.fr/environnement/ocean-cleanup-la-barriere-qui-devait-nettoyer-locean-sest-brisee-dans-le-pacifique-194053

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