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La Nounou barbue d’Aloysius Chabossot : un roman sociétal au poil

Par Samy20002000fr

Les lecteurs qui ont déjà assisté aux rencontres organisées par Babelio le savent : ces soirées sont toujours un moment convivial et privilégié avec un auteur, et l’occasion d’évoquer en profondeur un livre lu auparavant par les invités. Ce qui fait aussi une certaine différence pour l’auteur, autorisé à évoquer en détail les rouages de l’intrigue de son ouvrage, abordé sous toutes ses coutures, de la première à la dernière ligne, sans crainte de divulgâcher (pour utiliser un mot ayant fait son entrée au Petit Larousse il y a peu, mais que le correcteur automatique s’obstine à souligner en rouge tout de même).

Pas étonnant donc que certains écrivains reviennent et multiplient les rencontres avec les Babelionautes. Récemment, nous recevions par exemple pour la deuxième fois Marie Pavlenko, Mélanie Taquet, Laurence Peyrin et Jean-Gabriel Causse. Idem pour Aloysius Chabossot, déjà passé par le 38 rue de Malte en octobre 2018 pour sa comédie romantique Fallait pas l’inviter !, et que nous avons – malgré le titre de ce premier livre pour Eyrolles – réinvité le 18 avril 2019 pour La Nounou barbue.

La Nounou barbue d’Aloysius Chabossot : un roman sociétal au poil

De l’autoédition à l’édition : parcours d’auteur

Aloysius Chabossot n’est sans doute pas de ces auteurs qui envoient leur manuscrit à de multiples maisons d’édition, attendant fébrilement une réponse qu’il espère positive (tout en joignant ses salutations les plus distinguées). Non. Aloysius écrit, beaucoup, et s’est même doté d’un blog au ton humoristique pour partager ses articles sur l’édition et les livres : « Comment écrire un roman ». Il y décrypte par exemple le « style Houellebecq » (côté garde-robe), ou y explique la nécessité pour un auteur de tirer la tronche sur son portrait photo d’écrivain.

On y découvre aussi une sorte de feuilleton autour de son activité d’auteur autoédité, puisqu’il propose à la vente une dizaine de ses livres sur une célèbre plateforme numérique. Car pour Aloysius Chabossot, l’équation est simple : « J’aime être libre d’écrire ce que je veux. Si les éditeurs ne veulent pas d’un de mes livres, tant pis : je le publie moi-même. » Voilà comment sont donc nées les éditions du Camembert, de l’envie toute simple de partager ses écrits avec le plus grand nombre, sans contrainte. Ce qui lui a permis au passage de se voir repéré par les éditions Eyrolles, et de republier son livre Fallait pas l’inviter ! en 2018, et plus récemment de reprendre son roman La Renaissance de la nounou barbue pour le publier chez ce même éditeur sous le titre La Nounou Barbue.

Quand Pierre de Babelio lui demande si, justement, le fait d’entrer dans le giron de l’édition traditionnelle a pu changer sa manière d’appréhender l’écriture, l’intéressé répond : « A part de m’aider à améliorer mes textes republiés, ça n’a rien changé. Pour l’instant je me sens toujours aussi libre, et je préfère m’auto-éditer plutôt que de perdre du temps à chercher un éditeur pendant des années, ou voir mes manuscrits s’entasser dans des tiroirs. »

La Nounou barbue d’Aloysius Chabossot : un roman sociétal au poil

Du rire, des larmes, et du sociétal

La Nounou barbue signe pour l’auteur une sorte de nouveau départ. S’il était jusqu’alors plus connu pour ses détournements et autres livres satiriques (Cinquante nuances de Goret, La Malédiction des vampires du crépuscule ou encore Comment devenir un brillant écrivain alors que rien (mais rien) ne vous y prédispose), le ton est cette fois moins léger, comme le laisse entendre le résumé de l’éditeur :

« Cathy élève seule ses deux enfants, Lucas et Pilou, dans un petit village au cœur de la Dordogne. Son quotidien est heureusement allégé par le soutien sans faille de sa tante Lulu. Jusqu’au jour où – catastrophe ! – tante Lulu tombe de l’escabeau et se retrouve immobilisée, les deux chevilles dans le plâtre. Cathy décide alors d’engager une aide pour s’occuper des enfants. Mais dans la région, les candidats sont rares… Pressée par le temps, son choix se portera sur le seul aspirant disponible, Elias, grand gaillard barbu tenant plus du bûcheron bourru que de la baby-sitter accomplie. Cathy parviendra-t-elle à composer avec cette nounou au profil pour le moins atypique ? »

On retrouve bien une préoccupation constante chez l’auteur, qui cette fois n’avance pas (ou peu) sous le couvert de l’humour : celle de la vie en société, des règles implicites, et notamment des représentations associées aux sexes masculin et féminin. Fallait pas l’inviter ! explorait la pression familiale autour du mariage pour une femme ; La Nounou barbue questionne sur les responsabilités que l’on choisit ou non d’accorder à un homme, précisément sur sa capacité à s’occuper d’enfants aussi bien qu’une femme. « Je pars toujours d’une situation conflictuelle ou problématique, car elle va me permettre d’imaginer des péripéties : ici, une femme qui doit faire confiance à un homme pour garder ses enfants ; un homme dont elle ne sait pas grand-chose au départ. En plus, Cathy et Elias sont deux personnages très différents, et ça fait forcément des étincelles. »

Mais au fait, comment change-t-on de registre ? Est-ce si simple ? « Dans mon précédent livre, je voulais faire rire mon lecteur, alors qu’ici c’est la psychologie des personnages qui m’intéressait. Les deux étaient vraiment plaisants à écrire, mais ce dernier beaucoup plus compliqué pour moi. Là où dans l’humour vous pouvez vous autoriser un crescendo sans fin, parfois jusqu’à l’absurde, le drame est plus psychologique et d’un seul bloc. Et il faut vraiment savoir où s’arrêter car la jauge du tolérable est plus basse. Pour moi c’était un défi, et ça m’a permis d’essayer autre chose. »

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Dans la tête d’une femme

En parlant de psychologie, une lectrice présente souligne que les deux livres qu’elle a lus de l’auteur étaient écrits du point de vue d’une femme. Et qu’à son avis, Aloysius a très bien compris la psychologie féminine, puisqu’elle a pu se reconnaître dans certains questionnements soulevés par Cathy. Ce à quoi l’intéressé répond : « C’est un défi pour moi, quelque part, je trouve ça intéressant de me mettre dans la peau d’un personnage de l’autre sexe. J’aime bien imaginer comment je réagirais si j’étais une femme, surtout que Cathy est une battante. » Visiblement, ça n’est pas la première fois qu’on lui fait la remarque, puisque ses premières lectrices avant publication sont toutes des femmes : « Ce n’est ni prémédité ni intentionnel, mais effectivement je faire relire à des femmes. »

Les personnages d’Elias et de Cathy sont en fait venus en même temps, car La Nounou barbue reste bien une histoire d’amour avant tout. Et puisqu’Aloysius Chabossot aime prendre le lecteur à contrepied, ou du moins l’étonner, il a choisi comme cadre un village (imaginaire) de Dordogne pour éviter les clichés de la romcom dans une grande ville : « Je connais bien cette région, et donc j’étais à l’aise pour rendre cette ambiance, ces lieux où tout le monde se connaît, et où les ragots vont vite. Ce cadre crée vite une tension supplémentaire, puisque Cathy n’a pas vraiment le choix et doit confier ses enfants à Elias, et donc lui faire confiance. En plus, il ne vient pas du village, ce qui est à la fois compliqué (côté ragots) et bienvenu (sa réputation est « vierge », même si Cathy va vite découvrir des choses sur lui). Au final, c’est une belle rencontre, et le lecteur peut espérer une fin relativement positive. » Plus L’Amour est dans le pré que Sex in the City, donc.

La Nounou barbue d’Aloysius Chabossot : un roman sociétal au poil

L’autre challenge, c’était d’écrire des personnages d’enfants (ceux de Cathy) crédibles, car comme il nous le confie dans la vidéo tournée quelques minutes avant la rencontre, Aloyisus a un peu oublié comment se comportaient des enfants assez jeunes, puisque les siens sont désormais plutôt âgés. « Je ne voulais pas que les enfants parlent comme des adultes, comme c’est souvent le cas dans les fictions américaines qui ne sonnent pas « vrai ». Donc je me suis appliqué sur ces personnages secondaires aussi (comme c’est le cas avec tante Lulu), pour qu’on puisse vraiment rentrer dans cette histoire. »

Et comme il aime se renouveler et varier les approches, l’auteur confie avoir « déjà terminé le livre suivant, et je suis même en train d’en écrire un autre. Et cette fois, ce sera du point de vue d’un homme ! » Comme on dit « Jamais deux sans trois », peut-être qu’Aloysius Chabossot sera à nouveau de passage par les locaux de Babelio prochainement ?!

En attendant, on vous propose de découvrir en vidéo ce livre, à travers 5 mots choisis par son auteur :

Découvrez La Nounou barbue d’Aloysius Chabossot, paru aux éditions Eyrolles.


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