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Bridget Riley, une cinquième dimension

Publié le 13 juillet 2008 par Marc Lenot

4_blaze3_riley_mamvp_md.1215721048.jpgCette rétrospective au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (jusqu’au 14 septembre) est l’occasion de découvrir le travail de Bridget Riley, trop souvent amalgamé à celui de Vasarely et consorts, et de saisir la diversité de ses compositions, du noir et blanc à la couleur, des lignes droites aux losanges et aux courbes, du tableau au mur, le tout fort clairement expliqué tout au long de l’exposition. Il est en particulier frappant d’apprendre quelles cultures artistiques l’ont influencée au fil des années.

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Mais, plutôt que de reprendre ces explications, je voudrais parler ici de sensations, d’expérience de l’espace. Là où d’autres tentent, plus ou moins pesamment, d’explorer une quatrième dimension, Bridget Riley nous emmène aisément dans ces mondes complexes. A partir du plan de la toile peinte, elle fait naître des volumes, comprimés, étirés, surgissant ou disparaissant : c’est le B.A.BA de l’illusion d’optique.

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Mais la quatrième dimension, celle du temps, va venir des vibrations que vous ne pouvez manquer de ressentir dans ces toiles, du mouvement qui s’en dégage. La perturbation visuelle qu’engendrent ces jeux optiques ne se perçoit bien qu’en étant à la limite de l’instabilité, dans un vertige tourbillonnant, dans un mouvement artificiel. Devant ses tableaux, on navigue dans une brume, un mirage aquatique où les formes bougent, se décomposent et se recomposent sans fin. Le moindre déplacement du spectateur devant un tableau engendre une perception nouvelle.

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Mais il y a plus : devant certaines toiles, non seulement le temps devient apparent, le mouvement devient concret, mais, de plus, la musique naît. Ces vibrations colorées sont comme une fugue, ou une sonate, compositions complexes dans lesquelles on se perd, comme une cinquième dimension. Il en est ainsi de la composition de cercles noirs sur la paroi courbe d’une des salles du musée, où, rebondissant sans cesse d’un cercle à l’autre, on se croirait au sein d’une pièce de Bach.

Au delà de ses recherches, de ses cheminements propres, ce que Bridget Riley peut apporter, c’est une sensation pure, hors du monde, quasi mystique.

Photos © Bridget Riley, Courtoisie Karsten Shubert London et Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. De haut en bas : Eclat 3 (1963), Pause (1964), Rouge avec rouge 1 (2007) et Attirer 2 (1974).


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