Magazine Culture

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !

Par Richard Le Menn

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !

Jusqu'au 15 septembre 2019, Le musée du Petit-Palais à Paris nous gratifie d'une très belle exposition sur le Paris romantique, 1815 - 1848. Celle-ci est beaucoup mieux que ne le suggère le lien ci-avant. L'époque concernée est extrêmement riche et, malgré les centaines d'œuvres présentées, cette rétrospective ne fait évidemment que l'effleurer. Mais quel ravissement de retrouver l'effervescence d'alors, chic, engagée, noceuse, artistique, innovante... et tous les merveilleux de ce temps que l'on retrouve dans mes livres ! Lors de telles exhibitions, je suis toujours étonné de pouvoir contempler de tels trésors conservés dans nos musées ! Les nouveaux dandys d'aujourd'hui doivent s'y rendre, car c'est une époque où le dandysme finit de se répandre en France (la grande période du dandysme français étant 1818 - 1830). Je rappelle que, comme je l'écris dans mes ouvrages, le mot anglais de dandy est sans aucun doute issu de l'ancien français dandin, substantif qui désigne un homme qui se dandine et a la tête " remplie de mille sortes d'imaginations ". Cela donne dans le français actuel les mots : " dandiner ", " dadais "... Je me répète : il faut lire mes ouvrages. Le dernier, qui est sorti ce mois, est disponible à la librairie du Petit-Palais, au milieu d'autres très intéressants sur le sujet !

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !

Ci-dessous : Représentation de la reine Marie-Amélie de Bourbon. Elle se marie en 1809 au futur roi de France, Louis-Philippe d'Orléans. Ce buste donne une idée de la mode féminine vers 1830, avec les cheveux en macarons, les immenses chapeaux garnis de plumes et de rubans les transperçant, les collerettes, les longues écharpes, les manches 'gigot', etc. L'exposition présente plusieurs chapeaux, robes, chaussures et autres éléments du costume. Le chapeau de paille ci-après est ici plutôt sobre, mais permet d'apprécier le volume ! Dans les estampes de mode, il est agrémenté de plumes et d'autres rubans. Sur cette page on en a quatre exemples, sur celle-là deux et sur celle-là trois. Les robes sont de vers 1830. L'exposition présente aussi des sacs à main (appelés durant le Directoire et Premier Empire " réticules " ou " ridicules "), des chaussures, des peignes, des écharpes, des foulards, des châles, des bijoux (châtelaines), etc.

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !

Ci-dessous : Paris en 1829 et 1830 (tome I, 1830) " par Lady Morgan ". Livre ouvert sur le chapitre intitulé " Dandies français ", aux pages 338 et 339, retranscrites ensuite.

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !

" Oh ! "qu'elle est charmante avec son arc-en-ciel !" dit le merveilleux, s'arrêtant pour rire : "mais quelle couleur est celle-là ?" dit-il en montrant son gilet.
"Cela," dis-je fort intriguée par cette teinte vraiment équivoque, mais désirant montrer mon petit savoir "ce n'est pas une couleur, c'est une nuance, peut-être ce que vous appelez soupir étouffé."
"Pas mal," dit-il avec une gravité magistrale, "quoique ce ne soit pas précisément cela. Le soupir étouffé est aussi vieux que le temps, du moins que le temps du bon roi Louis XVIII, de bienheureuse mémoire ! c'était un vaporeux oriental, formé par le mélange de l'orange, du blanc et du bleu."
"Eh ! c'était l'ancienne eau du Nil qui faisait fureur, quand je quittai Paris en 182o."
"Oh ! ma chère dame," reprit le merveilleux piqué et mortifié de la remarque, "il n'y a pas à disputer avec des gens qui remontent à l'an 182o. Je conviens avec vous et Salomon qu'il n'y a rien de positivement nouveau sous le soleil. Et vous pouvez bien croire que je ne m'amuse pas à étudier des chroniques. Je puis seulement vous certifier que la mode n'a jamais inventé ou adopté une couleur plus originale que celle que j'ai l'honneur de vous signaler. Le gilet lui-même qui a paru hier pour la première fois aux Tuileries et qui sera vu demain dans tout Paris, ne se montrera plus nulle part la semaine prochaine, si ce n'est dans quelque coin du Marais, le grand dépôt des choses oubliées et l'antipode de la mode."
"Et quelle est l'étoffe ? elle me paraît singulière."
"Je le crois bien," répliqua-t-il d'un air triomphant. "C'est de la zinzoline, coupée à la Marino Faliero, par Delisle, rue Sainte-Anne."
Je croyais n'arriver jamais assez tôt chez moi pour écrire tout cela ; mais le voilà écrit. "

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !

Ci-dessous : Cols-cravates de vers 1835. Il est question des cols dans cet article. On constate que l'on peut y ajouter un nœud-papillon !

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !

Ci-dessous : " Évariste Boulay-Paty (1804 - 1864) et Charles Letellier [date?] " peints en 1834 par Jean-François Boisselat (1812 - 18..). Ce portrait fait penser à une composition du XVIe siècle, à la mode alors.

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Les habits de ces personnages sont tous sombres. Seuls les gilets, ici invisibles, sont encore très colorés. La mode masculine devient plus sobre, et ne cessera plus de l'être jusqu'à aujourd'hui, avec bien sûr toujours des exceptions ( voir l'article précédent ), comme l'homme ci-dessous, d'une gravure intitulée " Modes de 1830 " et ayant pour légende : " Encore un degré de perfection ". Je la montre, car cet habit masculin préfigure celui du gommeux de vers 1890 - 1900, avec une veste très serrée à la taille pourvue d'un large col et de manches s'évasant au-dessus d'une chemise très large aux poignets, et un pantalon moulant mais se terminant en pattes d'éléphant. Il est étonnant de constater que certains merveilleux préfigurent très en avance des modes futures. C'est le " suprême bon ton ".

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !

Ci-dessous : " Les Romains échevelés à la 1re représentation d'Hernani. " " Si le drame avait eu six actes, nous tombions tous asphyxiés. "

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !

Ci-dessous à gauche : " - Ce que c'est pourtant que nos sentiments !.... sais-tu que faut convenir que c'est bien farce, Minette, quand on examine ça !.... - ... une forêt de Bondy, quoi ! " On utilisait autrefois, semble-t-il, l'expression " forêt de Bondy " pour désigner un lieu mal fréquenté.
À droite : " - Qu'est-ce que tu lis là ? - Le mérite des femmes... - T'es malade. "

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
On importe la polka, danse qui serait originaire de Bohème, et qui est à l'origine d'une véritable 'polkamania' pendant tout le reste du XIXe siècle.

Ci-dessous : Lithographies de la série " La polkamanie ".
À gauche : " LA POLKA. Depuis longtemps les dames du grand monde révoltées du laisser-aller qui régnait dans les bals publics et même particuliers, éprouvaient le besoin de voir apparaître enfin dans les salons une danse de bon goût et complètement décente. - En conséquence on emprunta à la Bohème le ravissant pas de la Polka. N.B. - En Bohème on écrit Polka mais on prononce Kankanka ! " "
À droite : " UN DÉSAGRÉMENT DE LA POLKA. Patatra !.. v'là qu'ils enfoncent mon plafond !.. ça ne pouvait pas manquer d'arriver avec leurs satanés coups de talons de bottes !... "

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !

Le carnaval parisien est, jusqu'au XIXe siècle inclus, sans doute le plus important au monde. C'est un moment de relâchement et de fantaisie ! La descente de la courtille est un défilé de genre charivari improvisé au XIXe siècle par des fêtards venant des guinguettes du nord de Paris : des hauteurs de Belleville, lors du carnaval. Cette 'descente' vers le centre de Paris et ses bals du carnaval se crée spontanément lorsque les membres du Cirque Moderne décident de faire une parade rejointe rapidement par la foule se trouvant dans les guinguettes et cabarets situés sur le chemin. Chaque année la 'renommée' de cette 'descente' ne fait que croître, jusqu'à prendre une ampleur phénoménale.
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !

Ci-dessous : Lithographies de Paul Gavarni (1804 - 1866).
À gauche : " LES DÉBARDEURS. Y'en-a-ti des femmes, y'en-a-ti... et quand on pense que tout ça mange tous les jours que Dieu fait ! c'est ça qui donne une crâne idée de l'homme ! "
À droite : " Le Carnaval. - Ah ! Mon Dieu !... c'est mon mari, ma petite, mon vrai mari ! Le gueux ! - Voyons ! Ne va pas le réveiller, bête ! Allons, allons ailleurs. "

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !

Ci-dessous : D'autres 'personnages' du carnaval par Paul Gavarni, avec à gauche le " Chicard ", et à droite le " Balochard ".

Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique 1815 1848
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !
Merveilleux Paris romantique : 1815 – 1848 !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Richard Le Menn 304 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines