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·· Rencontre · avec Alain Damasio, Jean-Claude Dunyach et les furtifs

Par Livrement

Rencontre avec Alain Damasio à Toulouse le 4 juin 2019


Mardi 4 juin, a eu lieu une rencontre avec Alain Damasio et Jean-Claude Dunyach. À l’occasion de la sortie toute récente de son roman « Les furtifs », l’événement s’est déroulé à la Médiathèque Grand M située à la Reynerie (Toulouse), en partenariat avec Bédéciné et La Volte.

Rincé comme peut l’être un auteur qui a enchaîné cinq interviews, Alain Damasio se présente souriant. Jean-Claude Dunyach en sa qualité de Super Animateur – déjà testée avec la rencontre avec Guy Gavriel Kay – a proposé un débat/jeu de rôle reposant sur l’histoire fraichement publiée : il incarnerait le président de la République cet univers et Alain Damasio, le protagoniste Lorca Varèse. Le jeu de questions/réponses a été bâti selon les deux clans opposés. Le laisser se reposer ? Que nenni, l’auteur toulousain confirmait « J’ai grand plaisir à lui rentrer dedans ». Assister à la joute verbale était délicieux.

Jean-Claude : [formule une question pointilleuse]… Je suis là pour faire chier, hein.
Alain : Cette question est centrale, elle est très bonne !

L’invité fut ensuite sous le feu des questions des spectateurs.  J’ai moins apprécié ce temps dédié au public car j’ai trouvé que les gens se perdaient dans leur propos et terminaient sans avoir formulé une question (par contre, je note la capacité de rebond d’Alain Damasio pour formuler quelques mots). La tournure était trop politique et floue pour m’intéresser. Aucune information n’a été donnée sur l’écriture de manière générale – comme l’amusement typographique –, les choix scénaristiques ou autres. Moi qui n’avais justement pas lu/écouté d’interview avant ce mardi, je suis restée sur ma faim.

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J’écoute plus que je ne vois : je reste donc en mode furtif. Des détails, des motifs.

Quelques idées en vrac émises durant la soirée : ce sont mes notes tapuscrites, elles peuvent contenir des erreurs, des approximations (et c’est tant pis, j’en suis désolée).

·· La · première technologie est le cocon, appelé le terrier. Nomade et virtuel, il propose une sécurité primaire. S’il représente un objet, c’est le smartphone. Alain Damasio stipule que le terrier numérique est un piège, on entre dans l’ère du self serf-ice (servitude).

Le roman est un produit de notre époque et du lieu où l’on vit. Donc oui, le roman touche l’empire occidental (blancs occidentaux) et cette stigmatisation ne peut pas plaire à tout le monde. Quid des animistes ? Ils ne peuvent pas se sentir envahis par la notion « cocon » puisqu’ils n’ont pas subi de décrochage avec la nature.

·· Alain · s’est surtout intéressé à l’aspect psychosocial, pas à la technologie anticipée mais bien à la matrice sociétale. Il précise que le techno-cocon est néfaste – même physiquement – puisqu’il entraine un biais dans la perception au corps. La paresse est outillée, l’effort à fournir est maintenant déchargé aux technologies (se repérer dans une ville, courir pour les sensations de son corps sans compter les calories perdues,…). Il enchaine sur le fait que garder ses capacités cognitives, c’est la liberté.

Alors, oui, Alain Damasio a conscience que son roman représente une ligne d’horizon, renferme les fantasmes qu’il avait envie d’emprunter. Tous les personnages de la rébellion ont une capacité particulière. Ils ont aussi cette faculté d’aller jusqu’au bout. L’exemplification est importante… pour que les personnages aient des choses à dire, pour que l’histoire existe.

·· Jean-Claude · soulève le point des traces en signalant qu’il peut y avoir une erreur entre données et connaissances. « Les traces, c’est ce qui définit l’humain. Elles définissent la trajectoire et conservent le passé ». La perte de traces, c’est la perte de non-captation.

Alain argumente en indiquant qu’on se retrouve dans l’hypertrophie : la constitution de la mémoire est fondamentale, pour la construction de soi, pour la mémoire collective. Mais vouloir tout enregistrer constitue des « hyper archives » ; on peut parler de mémose (hyper mémoire) : « La trace est une espèce de maladie ». La mémoire est une capacité réactive ; la capacité de l’oubli est une faculté importante.

« La trace n’est pas un outil de conservation, on est dans l’hyper obésité ».


Jean Claude rétorque alors que les outils, c’est donner le pouvoir à l’utilisateur. La possibilité d’effacer ses traces, c’est le premier contrôleur (exemple : Facebook ne vole pas des informations, il conserve celles données par l’utilisateur) ; on peut s’interroger sur la complicité sous-jacente de l’utilisateur. Il rappelle qu’il existe 5 trilliards de capteurs, et approximativement 12 par individu, si celui-ci est muni d’un smartphone et d’une voiture.

·· Concernant · la furtivité, Jean-Claude souligne : Sois inquiet, quelque chose au coin de l’œil va te changer. La furtivité est une chance extraordinaire.

Précédemment, un collègue sociologue d’Alain a objecté que le vivant devait avoir des structures. Sans règles de vie établies, la vitalité ou des changements extrêmes (permutation) interdisent aux vivants de se tenir debout.

Alain Damasio spécifie :

« Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir la plus haute vitalité possible, de se sentir vivant. Si on ne se confronte pas à l’extériorité, on n’est pas vivant ».

Ainsi, les furtifs sont l’incarnation de la fluidité, du mouvement permanent.

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