Magazine Beaux Arts

Exposition DES VILLES….(à la campagne) | Images/Ventenac

Publié le 28 juin 2019 par Philippe Cadu

Césarée, Marguerite DURAS
Roadmovie Zürich et Bag people, Bessie NAGER
All You Need To Know Right Now (1) (2) (3), Alexander COSTELLO
The Evil Eye, Clément COGITORE

Du 6 Juillet au 8 Septembre 2019 - Vernissage vendredi 5 Juillet à partir de 18h30

www.images.ventenac.net

Images/Ventenac s'est associé pour cette exposition à Horizons d'eaux # 3, parcours d'art contemporain et d'art vivant sur le Canal du midi, réalisé par les
Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse et le Frac Occitanie Montpellier, en partenariat avec Convivencia. Ainsi, Horizons d'eaux #3 propose les
interventions dans Ventenac de Rébecca Konforti, Romain Ruiz-Pacouret et Jean-Claude Ruggirello (Vernissage à 18h à la Cave Coopérative)

La ville où les humains s'agrègent pour vivre ensemble est symbolique de la perfection du monde à venir : dans l'Apocalypse, l'humanité est destinée à vivre pour l'éternité dans la Jérusalem Céleste.

A ce titre, les mythes de Babel ou de Babylone nous préviennent que créer une ville est une entreprise à haut risque : l'homme défie les dieux créateurs.
2008 est l'année où, au niveau mondial, les citadins sont devenus majoritaires. En Asie, en Afrique, en Amérique latine des zones métropolitaines se chevauchent pour former des réseaux urbains de plus de cinquante millions d'habitants. Cette " masse critique " transforme la géopolitique en " métropolitique ".

La guerre traditionnelle est remplacée par l'effroi déversé sur la seule concentration des métropoles. Pompéi, Hiroshima, New-York, " VILLES PANIQUES qui signalent le fait que la plus grande catastrophe du 20ème siècle a été la ville, la métropole contemporaine du désastre du progrès " (Paul Virilio, Ville panique, Ailleurs commence ici.)

Dans le film de Marguerite DURAS, Césarée, sa voix évoque les ruines de la ville de Palestine, " ...les colonnes de marbre bleu jetées / là devant le port ", le sable et la cendre.

Ce récit de destruction, d'effondrement et de violence constitue le décor du retour et de la mort de Bérénice, la reine juive jamais citée, répudiée pour raison d' Etat par Titus, le destructeur du Temple de Jérusalem. Abruptement, les derniers mots annulent la distance géographique et temporelle entre Césarée et Paris : " Il fait à Paris un mauvais été / Froid. De la brume. " et rejoignent alors les images de la traversée du jardin des Tuileries et des berges de la Seine qui, pendant toute la durée du film, font contrepoint au récit.

Bessie NAGER expérimente la condition urbaine en filmant les rues des villes et ceux qui les parcourent. Les rues dédoublées par un effet de miroir nous plongent dans un paysage kaléidoscopique, quasi onirique tandis que les porteurs de cabas Tati, pauvres et/ou immigrés, vont quelque part, rassemblés là uniquement par ce qu'ils portent. " A ciel ouvert, la rue c'est la ruée pour une course poursuite aussi vitale que le souffle qui nous anime ".
(Paul Virilio, op.cit. )

Alexander COSTELLO se plante debout, immobile, devant nous et nous regarde tandis que dans son dos, une petite foule patiente assiste à la démolition systématique de tours de grands ensembles. Derrière le flegme britannique imperturbable et ironique, ces images d'autodestruction volontaire évoquent le retour de la terreur collective, une terreur qui décapite les tours de grande hauteur Ground Zero à New York) ou embrase les immeubles populaires (la tour Grenfell à Londres);

Enfin, en miroir au film de Marguerite Duras, The Evil Eye de Clément COGITORE superpose un récit inspiré de l'Apocalypse et des extraits de vidéos issues de banques d'images destinées à des campagnes publicitaires, politiques ou institutionnelles.

Ces images saturées de sourires, de mouvements de chevelures au ralenti, de beautés artificielles dévitalisées se veulent injonctions hypnotiques destinées à susciter les instincts d'achats les plus inconscients.

Elles créent une réalité falsifiée où des anonymes, " anges du banal ", imposent leur hyper proximité médiatique à chacun d'entre nous tandis qu'une voix féminine, proche et anonyme elle aussi, décrit les prémices d'une guerre civile mondiale où les populations urbaines seront offertes en holocauste au chaos.
" ...En un même jour, ses fléaux arriveront, la mort, le deuil et la famine, et elle sera consumée par le feu " (18.8) " ...Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande! Elle est devenue

une habitation de démons, un repaire de tout esprit impur, un repaire de tout oiseau impur et odieux. "(Apocalypse 18.2)

Images / Ventenac 5 route de Saint-Nazaire, 11120 Ventenac-en-Minervois (12 km de Narbonne) T : 06 17 34 37 30

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Philippe Cadu 34619 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte