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Macron, la République de la prédation - 636ème semaine politique

Publié le 20 juillet 2019 par Juan

  Macron, la République de la prédation - 636ème semaine politique

Cette présidence se compose de ces petits détails qui, accumulés, ajoutent une exaspération grandissante à l’écœurement général. La Macronie transforme le régime peu à peu en une République de la prédation qu'il convient de dévoiler avec rigueur.


Médailles de la honte
Le ministre de l'intérieur Christophe Castaner décore de la "médaille de la sécurité intérieure" plusieurs policiers soupçonnés de violences contre des civils, notamment lors des manifestations des Gilets Jaunes.  Il y a ce commissaire nantais, notoirement violent, et qui a donné l’ordre d’utiliser les gaz lacrymogènes à Nantes le soir de la disparition de Steve. Ou ce couple de policiers qui a frappé Genevieve Legay, une militante altermondialiste de 73 ans, à Nice, au point de la plonger dans le coma. Castaner a explicitement demandé à ses services d'identifier les héros policiers des répressions contre les Gilets Jaunes: "En prévision d’une éventuelle promotion exceptionnelle Médaille de la sécurité intérieure « Gilets Jaunes », vous voudrez bien nous transmettre en retour 15 fonctionnaires blessés dans le cadre du mouvement des « Gilets jaunes ». Ils devront avoir fait l’objet d’un arrêt de travail en privilégiant les ITT [incapacité totale de travail]. "
Après les enquêtes complaisantes, puis l'absence de sanctions, voici les décorations officielles. L'hagiographie de cette Macronie devient grotesque à force de décalages si flagrants avec la réalité. Comment célébrer des policiers violents, accusés de mutilations, blessures voire disparition de civils ?
Autre écœurement passager, la Cour des Comptes publie son habituel rapport sur les dépenses élyséennes, Les services du monarque s'abrite derrière une "charte de la transparence" pour justifier le train de vie de l'impératrice. Brigitte Macron dépense plus, beaucoup plus d'argent public que le rapport de la Cour des Comptes veut bien reconnaître. Ses frais directs, à charge des contribuables, excèdent bien largement les 280 000 euros officiels. Outre les 15 voyages officiels, la maquilleuse-coiffeuse payée à 4 fois le SMIC, ou les "prêts gracieux" de tenues luxueuses qui transforment la Première Dame en femme-sandwich du luxe français, il y a bien bien pire, comme cette rénovation de l'Elysée, ou le remplacement de la vaisselle, ou cette piscine à Brégançon.
Mais le plus grave est que le couple élyséen a coûté 5,6 millions d'euros de plus que prévu l'an passé. On se souvient de la chronique régulière des excès dépensiers de la monarchie sarkozyste il y a 10 ans. Cette chronique, appuyée sur les rapports de la même Cour des Comptes, avait les soutiens de ceux-là mêmes qui aujourd'hui se comportent en laquais de cette Présidence des riches. Les jeunes Attal, Griveaux et autres disciples strauss-kahniens reconvertis en soutiers de l'illibéralisme macroniste, ne voient pas aujourd'hui ce qui cloche.
Six millions d'euros, c'est 40% du maigre budget dégagé (15 millions d'euros) pour recruter davantage d'urgentistes alors que ces derniers sont en grève dans plus de 200 établissements.
Quand Agnès Buzyn visite le CHU de la Rochelle, il faut l'exfiltrer rapidement comme une Marie-Antoinette égarée chez les affamés. Ce gouvernement des riches n'a plus le sens des symboles ni des priorités, sauf les siennes.
Macron, la République de la prédation - 636ème semaine politique
Le 14,juillet, Macron est debout sur un véhicule militaire, il descend les Champs-Élysées et se fait copieusement siffler. En son temps, Hollande avait été sifflé par une poignée d'hurluberlus d'extrême droite lors du même exercice, Sarkozy sifflé également quand il était président. Mais les cris étaient moins nourris, la clameur moins forte. Cette fois-ci, aucun journaliste présent ne peut l'ignorer, les images font le tour du monde. La police aux abords arrête préventivement des opposants. Puis voici des heurts en fin de cortège, en plein Paris, à proximité du défilé de la 5ème armée du monde... quels clichés impensables...
Le premier ministre joue à l'autruche - " Je n'ai rien entendu." Castaner s'indigne. Et Macron ne comprend pas, ou fait mine de ne pas comprendre. Le lendemain, il nie que les sifflets lui étaient adressés: "le 14 juillet sur les Champs Elysées défilent nos militaires, c'est-à-dire ceux qui chaque jour oeuvrent pour protéger la patrie, sur notre sol comme à l'étranger (...) et ont été abondamment sifflés." Ce jeune monarque ne veut pas voir que c'est bien Jupiter la cible des cris.
Syndrome Louis XVI... On reconnait les symptômes de cette trouille des puissants, qui transforme les visages en faces grimaçantes et colériques. Ce jour-là, la haine effrayée se lit si clairement sur le visage d'Emmanuel Macron. Il cherche ses mots, la formule est mal préparée, il réagit à une question de journaliste alors qu'il est en déplacement diplomatique à l'étranger.
Il est énervé, et nerveux.
L'un des fidèles du jeune monarque préfère démissionner tandis que le scandale le rattrape. François et madame de Rugy avaient été photographiés devant des homards, des grands crus et de la belle vaisselle pour dîner avec des amis au frais des contribuables à l'Hotel de Lassay. De nombreux esprits chagrins, la "Team progressiste macroniste" en tête, se sont indignés qu'on lui cherche ainsi des noises. Interrogeons-nous: inviter pour de riches agapes au frais de l'entreprise est chose courante dans le secteur privé pour séduire clients et partenaires. Qui donc de Rugy cherchait-il à convaincre à "convaincre" ou "séduire" au nom de la Nation ? Le ministre n'a pas répondu, il dénonce une cabale. Quand Médiapart a révélé que ce même ministre avait puisé dans sa réserve parlementaire, la fameuse indemnité de représentation, pour financer son parti, et, au passage, défiscaliser ces dons pour ne pas payer d'impôt sur le revenu, de Rugy jette l'éponge, mardi 16 juillet. Il démissionne pour "laver son honneur". C'est plutôt l'honneur de la République qui a été abimé par cet homme, girouette politique, fossoyeur de l'écologie de gouvernement,  et traître ambitieux.
Les éditocrates fustigent Mediapart, les députés fuient la presse comme par solidarité avec ce ministre déchu. Il y a même des journalistes qui s'indignent... que des révélations d'autres journalistes aient provoqué cette démission.  
Dans quel pays vivons-nous où une presse se croit obligée de jouer au laquais d'un pouvoir si violemment liberticide et antisocial ?
Un média d'investigation a fait son travail. Certes, il a théâtralisé au mieux ses révélations, distillé ses scoops comme un feuilleton pour mieux servir les ventes de son journal et l'impact de son enquête. Des esprits chagrins protestent et couinent, les mêmes se couchent ou applaudissent quand Macron et ses laquais surjouent leurs mises en scènes publiques - ces sommets de "Green-washing" avec des représentants de la finance mondiale, ces réunions pompeuses à Versailles avec des multinationales, ces clichés préparés sur les collines d'Athènes pour célébrer l'Europe, etc. La présidence macroniste n'est qu'un exercice de marketing souriant pour faire avaler à une presse complaisante et des citoyens désorientés la contre-offensive des plus riches contre le plus grand nombre. Donc pourquoi faudrait-il se plaindre qu'un journal indépendant sans les moyens surpuissants de cette Présidence des riches cherche à son tour à mettre en scène un feuilleton de Rugy ?
Mediapart a touché puis coulé François de Rugy. Le ministre, homme politique fidèle à ses ambitions davantage qu'à ses convictions, s'est excusé comme un bleu.
Le monarque est soulagé que le feuilleton s'arrête. Avant cette démission du ministre acculé, Macron confie qu'il n'aime pas cette "République de la délation". A-t-il oublié qu'il demande aux services d'urgence de dénoncer les migrants qu'ils secourent à la police de l'immigration ? Ou que les hôpitaux publics ont fiché les Gilets jaunes blessés ?
"Je ne prends pas de décisions sur base de révélations, mais de faits, sinon ça devient la République de la délation." Emmanuel Macron, 15 juillet 2019

Que la formule est belle !
La Macronie a instauré une République de la prédation des plus riches. 
La réforme des retraites se dévoile peu à peu. Chacun y va de ses calculs. On comprend assez vite deux points majeurs et antisociaux: primo, sous couvert de simplification des nombreux régimes de retraite, l'Etat prend en main le calcul, l'indexation et la répartition des retraites aux détriments de la gestion paritaire par les partenaires sociaux. Cette centralisation supplémentaire n'est pas neutre. Elle permettra de jouer des retraites comme il joue du gel des traitements de fonctionnaires ou de la non-indexation du SMIC.  Le Macronisme est un illibéralisme, c'est-à-dire un système politique qui conserve le libéralisme là où il sert les intérêts des puissants et des classes aisées, mais renforce son contrôle autocratique quand il s'agit de contraindre les moyens économiques, sociaux, politiques des classes populaires.
"On n'a pas beaucoup de seniors qui peuvent à 62 ans prétendre à un emploi" Une représentante de la CFTC.
Secundo, cette réforme des retraites va baisser le montant des retraites des plus pauvres, des ménages modestes, des classes populaires avant 65 ou 66 ans. C'est un recul de l'âge de la retraite à taux plein qui ne dit pas son nom: le projet prévoit une décote avant 64 ans (5% par année), c'est-à-dire un énième allongement de la durée de cotisations sans interruption de carrière. La rengaine, répétée par Juppé (1995), Sarkozy (2007), Hollande (2014) et maintenant Macron, que l'espérance de vie progresse occulte une autre réalité plus terrifiante: l'espérance de vie en bonne santé, elle, ne progresse pas depuis 10 ans. Elle stagne. On mourrait "jeune" dans le passé, on vit plus vieux mais en santé déclinante désormais.
On se félicite de la progression du fameux taux d'activité des plus de 55 ans "grâce" aux réformes des retraites, qui ont précipité ces mêmes seniors vers davantage de contrats précaires ou temps partiels contraints.
La République de la prédation est ce nouveau régime qui a réduit les cotisations sociales sur la part des revenus de la nation la plus injustement répartie et la plus dynamique, les revenus de la Finance. Grâce à la Flat Tax accordée par Macron sans aucune contrepartie en faveur de la production ou de l'investissement, jamais les revenus financiers n'ont aussi peu contribué à la solidarité nationale: 17,2% de cotisations sociales forfaitaires - laissant aux revenus du travail, qui sont contraints par un chômage de masse, la mise en concurrence des salariés entre eux-même (Ordonnances Travail), et le renforcement de la compétition internationale (CETA, etc), le soin de supporter de moins en moins bien le financement des retraites, du chômage et de l'assurance maladie.
Sans surprise, la conclusion libérale "s'impose": les services publics et la Sécurité sociale doivent passer par la diète. On occulte les dizaines de milliards de réduction de cotisations sociales, on met en exergue les déficits publics ainsi créés, on impose des réductions de droits des chômeurs les plus précaires et, bientôt, des retraités.
Aux rares heureux bénéficiaires de retraite-chapeaux, on demande un effort symbolique - que ces retraites soient accordées à condition que le patron bénéficiaire ait au moins un peu travaillé dans l'entreprise...
Messeigneurs sont trop bons.
Ami macroniste, qui es-tu ?


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