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Pierres de rêve avec paysage opposé, de Michèle Métail

Publié le 03 septembre 2019 par Onarretetout

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Le miroir noir, dit aussi miroir de Claude Lorrain, ou miroir de Claude, est un petit miroir, à la surface légèrement convexe et teinté d'une couleur sombre, traditionnellement au noir de fumée. Enchâssé dans une reliure similaire à celle d'un carnet d'esquisses ou bien tenu dans un étui avec couvercle, cet appareil était au XVIIIe siècle l'outil des artistes et des connaisseurs, voyageurs et amateurs de la peinture paysagiste. Le miroir noir a pour fonction de présenter le sujet à traiter isolé de son environnement et de rabattre les tonalités du motif, permettant ainsi une rapide détermination d'un cadrage optimal et une meilleure appréciation de la répartition des valeurs.

Cet accessoire était employé de façon intensive et son emploi reste réputé concernant les artistes paysagers en Grande Bretagne à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. L'utilisateur, tournant le dos à son sujet utilise le miroir dans la direction opposée mais avec une attention et une concentration équivalentes à celle du photographe composant son sujet dans le viseur de son appareil. Le père Thomas West dans son fascicule Un Guide pour la visite des Lacs (1778) explique : « La personne l'utilisant doit tourner le dos au sujet considéré. Le miroir doit être tenu suspendu par la partie supérieure de son boîtier que l'on réorientera un petit peu vers la droite ou bien vers la gauche selon qu'il est nécessaire, ceci tout en se protégeant le visage de la lumière du soleil ».

(Wikipedia)

Photo trouvée sur le site internet de Sheffield Park, England

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Michèle Métail, au cours d’un voyage à Taïwan, photographie les miroirs installés en certains endroits, en principe pour alerter sur un danger potentiel dans la courbe d’une route ou pour donner à voir ce qui pourrait être dissimulé derrière l’angle d’une pièce, miroirs de sécurité ou de surveillance.

Mais Michèle Métail intègre plutôt l’idée que l’utilisateur faisant face à ces miroirs tourne le dos au paysage. Elle photographie donc les miroirs et décrit en un texte le paysage qu’on ne voit pas et que la lecture nous fait imaginer. Le texte montre ainsi le hors-cadre, le hors-champ. Ce qui échappe au miroir de surveillance.

Pour aller au bout de sa démarche, elle publie, dans cet ouvrage édité par Lanskine, les textes en deux versions qui s’opposent : l’une qu’on peut lire directement (sur la page de droite), l’autre identique mais qu’on ne peut lire qu’en miroir (sur la page de gauche). Dépaysement assuré.

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