L'Angleterre se déguise en Italie avec son gouvernement.
Mais l'Italie calquait le populisme qui avait propulsé D.J.Trump au pouvoir.
En 15 mois, comme simple ministre de l'intérieur, en faisant croire qu'il est pieux, rosaire sur la poitrine (alors qu'il n'est chrétien autant que Pauline Marois n'est à l'aise en anglais) ou en se faisant poser avec des jeunes filles en bikini leopard, mojitos en main, Matteo Salvini, devenu ministre député, a réussi à placer son parti au pouvoir avec 34% des votes, en mai dernier.
Il a beau avoir été relativement floué récemment en voulant lancer des élections précipités face une nouvelle (et impossible) coalition l'empêchant de le faire, Salvini reste en Europe l'homme le plus à craindre pour ses rivaux. Il est le centre de gravité, le charme de l'ancien animateur radio opère chez les intolérants. Son techno-populisme est instructif. Il marque un nouveau chapitre dans la démocratie à l'ère des réseaux sociaux. Il a dramatiquement changé la culture politique en Italie en "humanisant" la rhétorique de l'extrême droite, quelque chose qu'Alex Jones n'a jamais complètement réussi à faire devant un plus grand public, aux États-Unis.
Salvini n'est pas qu'un facsimilé de Donald Trump en Europe, ni un simple archétype de la branche nationaliste anti-immigrante en colère, il a aussi forcé l'écriture d'un tout nouveau livre de procédures sur le triste populisme du 21ème siècle.
L'Italie a toujours été un laboratoire politique. Un présage de ce qui allait suivre dans le monde. Bon ou mauvais. De la révolution de l'aile droite au fascisme, en passant par le futurisme jusqu'à l'egotrip à la Berlusconi. Souvent (toujours?) dans le lit de la plus simple corruption.
Salvini a réussi à tester les cliques sociales et les consensus. Les extra-lentes et lourdes institutions politiques, tout comme avec Donald Trump, n'ont jamais su comment négocier intelligemment avec la rapidité et l'émotivité brute et sans filtres des réseaux sociaux. Le côté réactif des réseaux sociaux gangrène la lourdeur politique d'antan.
Salvini a transformé ses "j'aime" sur Facebook en votes.
Là où Trump se sert de Twitter pour donner les grandes lignes de ses "visions", Salvini pousse un peu plus loin. Salvini divise aussi, mais se rapproche davantage que Trump de ses supporteurs. Il se fait passer pour l'un des leurs. Les rallies de Trump sont là où il se gargarise comme un crapaud dans la gadoue. Salvini trouve son pied aussi dans des moments hors-politique, quand il se prend en autoportrait dans les bains de foule, les bras perpétuellement tendus. Le miroir presqu'en bouche. Bavant de gloire.
Ses supporteurs l'appelle "il Capitano", le capitaine. Berlusconi avait pavé le chemin. Avant lui, un leader de droite était froid et sans personnalité. L'Italie, royaume du style recherché, exige maintenant du charisme de ses leaders de droite.
Salvini a soutenu un projet de loi légalisant le tir à vue lorsqu'un citoyen se croit en danger. Il a aussi approuvé un projet de loi de castration pour les violeurs. La frontière faisant si peur à Donald Trump a aussi inspiré Matteo qui a promis de fermer les frontières afin de freiner les invasions d'immigrants. Comme on le ferait afin de boucher les entrées du garage afin de ne pas y faire entrer la vermine.
Là où Salvini se démarque de la signature Trump est que,là où Trump place des empreintes de flux de pensées douteuses tous les jours sur le net, Salvini se contente d'y placer sa face. Extraordinairement présent sur le net, au point de faire croire au don d'ubiquité, mais toujours opaque quand à ses idées ou à sa vision d'un gouvernement sous sa main. Les gazouillis de Trump créée des commotions internationales et tâtent de l'incident diplomatique tous les jours. Salvini glisse plus obscurément dans le subconscient italien.
Quelles sont ses visées face à l'ONU? Que pense-t-il de l'Euro? Il ne croit pas en Dieu, cessons de faire croire autrement, en quoi croit-il?
Peu importe, le voilà près de deux étudiantes qui s'embrassent. Le voilà torse nu dans un resort. Le voilà marchant sur Rome. Le voilà coupe de vin au bec, près d'un buffet.
Quand Salvini se présente en public, ce public devient victime de l'effet Instagram.
Vous connaissez l'effet Instagram? Que tout le monde prenne la même photo, au même endroit, pour se sentir "dans la gang".
Tout le monde veut son autoportrait avec Salvini. Comme Salvini est toujours souriant comme un Justin Trudeau en rut, en public, on croit toujours en un ami. Les gens se sentent près du pouvoir. Les gens veulent être en présence de lui. Être de la gang.
Qui disait encore que le cerveau d'une foule ne vaut pas celui d'un primate?
En tout cas, si on ne trouve pas qui l'a dit, je viens de le dire.
L'Italie est en mode primate.
Le parquet du gouvernement italien est plein de peaux de bananes.