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Atelier d’écriture

Par Antigone

Atelier d’écriture

© Curtis Mac Newton

Je saute de case en case, de projet en projet. Et c’est un mystère pour toi la manière dont je fonctionne, dont parfois je m’épuise. Mais que se passerait-il donc si je m’arrêtais ? Y a-tu songé ? J’ai peur que l’angoisse me rattrape et me dévore, comme elle l’a déjà fait. Alors je continue, jusqu’à ce que les battements de mon coeur se calment. Je me drape de positif, et je saute. Case 1, case 2, case 3… Et elle me va bien aussi cette grande écharpe tricotée par des mains amies qui laisse une longue trace rouge derrière moi. Parfois, si je saute avec assez de délicatesse, elle forme pendant quelques secondes un grand coeur au dessus de ma tête. Et je vois bien que tu la regardes, et que tu souris. Peut-être un jour pourrais-je atteindre le ciel, les nuages ? Si je saute assez fort. Pour cela, il faudrait éviter la case contrariété, qui me ramène immédiatement sur terre. J’en rêvais autrefois, de sauter si haut que je me retrouverais sur le même nuage que le pêcheur d’oiseaux, celui aux grandes chaussettes rouges de mon livre d’images. Comme il doit faire bon là-haut. Comme ce doit être apaisant d’observer l’activité humaine d’un peu plus loin. Si au moins j’avais ne serait-ce qu’un pas d’avance. Car il y a des cases moins bonnes, des cases à éviter, des cases où je heurte quelque chose, quelqu’un, et soudain un visage furieux se retourne brutalement, prêt à crier. Il y a aussi ces cases où tout d’abord on me sourit, on me flatte, où je reste un peu, enfin apaisée. Quand mon écharpe glisse de mon cou, que je sens de multiples doigts tenter de la prendre, je sais qu’il faut de nouveau s’enfuir, continuer de sauter. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été prévenue, de le savoir, à force de refaire cette marelle tous les mois, que la peur et la jalousie révèlent chez les autres ce qu’il y a de pire. Toi aussi tu connais ce flux acide qui déteint sur tout jusqu’à faire perdre tout décence. Quand je t’ai rencontré, tu étais en pleurs, sur une case remplie d’indifférence. Tu croyais alors qu’il était bon de t’agiter sur place, de te ridiculiser, de te jeter aux pieds de l’être que tu convoitais. J’ai pris ta main et je t’ai dit… avance. Depuis, tu sautes aussi, peut-être un peu moins haut, moins vite. Mais tu apprends, à grappiller ces moments de bonheur dont on fait un manteau, à apprivoiser la tristesse, à aimer avec légèreté, à regarder devant.

Un texte rédigé dans le cadre de l’atelier d’écriture d’Alexandra sur Brick a book

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