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Balthus - L'antimoderne, de Raphaël Aubert

Publié le 07 octobre 2019 par Francisrichard @francisrichard
Balthus - L'antimoderne, de Raphaël Aubert

Le livre sur Balthus de Raphaël Aubert offre une synthèse efficace sur le peintre polonais et correspond donc au but de la collection Presto des éditions Infolio.

En effet, dans ce court volume, l'auteur rappelle:

- La place qu'occupe Balthasar Klossowski de Rola, dit Balthus (1908-2001) dans la peinture du XXe siècle:

Il fait figure d'artiste à part, hors du temps. Son oeuvre est rare (quelque trois cents toiles), singulière. Jean Clair parle de l'inquiétante étrangeté qui en émane.

- Ce que l'on sait de sa vie qui se passe en Suisse et en France:

Il est né un 29 février et ne fête son anniversaire que tous les quatre ans... Rainer Maria Rilke fut un père de substitution après la séparation de ses parents.

A 18 ans il fait le voyage d'Italie et découvre notamment l'oeuvre de Piero della Francesca qui le marque notablement. Plus tard, à Paris, il se rend beaucoup au Musée du Louvre, pour y copier ses maîtres favoris

Il se fait connaître par une oeuvre volontairement scandaleuse, La leçon de guitare, exposée en 1934 à la galerie des surréalistes de Pierre Loeb. L'avant-guerre est dès lors pour lui une période d'intense activité

Raphaël raconte les grandes étapes de sa vie pendant et après la guerre et plus particulièrement les seize années passées à la tête de l'Académie de France à Rome, Villa Médicis, qui furent pour lui des années de plénitude

- Le pourquoi de certaines de ses oeuvres qualifiées de sulfureuses:

Comme le souligne Raphaël Aubert, La Leçon de guitare, toile dérangeante, érotique, qui choque, vaudrait aujourd'hui à l'artiste d'être entraîné presque immanquablement devant les tribunaux

La leçon de guitare n'est pas la seule toile où il fait poser une très jeune fille dans une pose équivoque, guère innocente. Cette pose est souvent celle d'une jeune fille nue aux formes rebondies, la tête rejetée en arrière, [qui] est affalée sur une chaise.

Ce qui frappe dans ces toiles, écrit Raphaël Aubert, en dépit de l'équilibre savant de la composition, c'est ce que l'on pourrait appeler un processus insidieux de désarticulation des corps.

Ces très jeunes filles, Balthus les peint en accentuant leur caractère enfantin: c'est sans doute que lui-même demeurait nostalgique du temps béni de l'enfance enfuie. Il n'est donc pas étonnant que le fait que ses modèles préférés se muent peu à peu en femmes [ait eu] le don de désoler l'artiste et de l'effrayer.

- Ce qui fait de lui un peintre anti-moderne:

Balthus est un peintre anti-moderne parce qu'il tourne le dos à ce qui constitue alors le courant dominant de l'art. Il n'est pas pour autant le continuateur des maîtres qu'il révère. Pour lui, il s'agit d'un art, à bien des égards, mort, vidé de sa substance, dont la signification nous échappe, qui ne fait plus sens.

Balthus est certes un peintre antimoderne, mais il est à la fois contre et avec la modernité. Pourquoi? Parce que son esthétique même, esthétique de la trace, de la disparition, l'éloigne des grands modèles du passé, vient dire l'impossibilité même de les rejoindre

Francis Richard

PS

En 2008, pour le centenaire de la naissance de Balthus, la Fondation Pierre Gianadda a exposé une cinquantaine de ses toiles (voir mon article de l'époque ici).

Balthus - L'antimoderne, Raphaël Aubert, 64 pages, Infolio

Livres précédents:

Malraux & Picasso - Une relation manquée, 124 pages,  Infolio (2013)

Cet envers du temps - Journal 2013, 292 pages, L'Aire (2014)

Un voyage à Paris - Un carnet de Pierre Aubert, 114 pages, Art & Fiction (2017)


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