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Berlin, le mur : 30 ans déjà. Tous les Lundi soir c’est manif à Leipzig.

Publié le 05 novembre 2019 par Pierre Thivolet @pierrethivolet

Berlin, le mur : 30 ans déjà. Tous les Lundi soir c’est manif à Leipzig.

Leipzig , Lundi 9 octobre 1989, devant le Gewandthaus

C’est à Leipzig que le mur de Berlin a commencé à tomber. Avec les «Montagsdemo», les manifs du Lundi soir.Leipzig. En dehors de Berlin, c’est la grande ville d’Allemagne de l’Est. Une capitale économique, commerciale, avec ses foires organisées depuis le Moyen-âge. Au coeur de la Saxe, ville de culture aussi avec l’Eglise Saint-Thomas où composa un certain Jean-Sébastien Bach, l’Auerbachs Keller où Goethe situe une scène de son premier Faust et puis à quelques pas de là… la Nikolaiskirche, l’Eglise Saint-Nicolas. Dès avril 1989, nous avions pu y assister à de bien curieux offices. Les Lundi à partir de 18 heures, les lectures pastorales laissaient la place à des appels à la Paix, à la non-violence, à la liberté. Pas d’attaques directes contre le régime, mais dans cette église portes ouvertes, il se passait quelque chose. Il fallait être prudent, la Stasi, la police politique, était là en civil, à qui faire confiance ? Alors tous les Lundi, en septembre, nous sommes revenus clandestinementDepuis Berlin-Est, 2 heures d’autoroutes, nous fonçions sur la chaussée avec ses plaques en béton, et il fallait repartir dans la soirée, pour repasser avant minuit le « check point Charlie » entre Berlin-Est et Berlin-Ouest …Et de Lundi en Lundi, ces « Montagsgebete », ces « prières du Lundi », se sont transformées en « Montagsdemo », en « manifs du Lundi », de plus en plus importantes. Le Lundi 9 octobre, nous sommes montés au sommet d’un immeuble, et là nous avons pu voir des dizaines de milliers manifestants reprenant les slogans « Keine Gewalt » « pas de violences » « Liberté de voyager » « Ouvrez le mur ».  Soudain devant la salle de concert du GewandtHaus apparut un colosse barbu « C’est Kurt Masur », dit la foule; le chef d’orchestre mondialement connu, aujourd’hui décédé. Il marchait calmement au-devant des banderoles. Pas de déclarations, sa seule présence était en soi une surprise, lui qui jusque là n’était pas connu pour être critique du régime.  A Leipzig , de Lundis soir en Lundis soir, le mur s’effritait chaque semaine un peu plus. 30 ans plus tard, Leipzig a été entièrement rénovée. Elle qui était grise et enfumée attire des foules de touristes. Elle a retrouvé son dynamisme d’antan, c’est même sans doute un des exemples de réussite de la réunification. Il y a de nouveau des « Montagsdemo ». Mais elles ne réclament plus l’ouverture des murs, comme en octobre 1989. Au contraire, organisées par l’extrême-droite, elles demandent fermeture des frontières et expulsion des étrangers. 
Et l’on écoute un extrait de « Fürchte dich nicht » « Ne crains rien » de Jean-Sébastien Bach, interprété par le chœur de Saint-Thomas de Leipzig… https://youtu.be/kLxJxLh261c
A suivre : Et si tout avait commencé en …Hongrie ?

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