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Quand Chiquito de Cambo rendait fous les Parigots

Publié le 08 novembre 2019 par Philostrate

Fin 1903, le fronton du parc Saint-James à Neuilly accueille quelques-uns des meilleurs pelotaris français et espagnols emmenés par Chiquito de Cambo, légende vivante venue des Pyrénées. En jeu : un grand prix destiné à clore en beauté la saison de pelote basque.

   Chiquito de Cambo, un nom qui claque comme une gifle sur un fronton gorgé de soleil. Au début du siècle, la réputation du roi des pelotaris n'est déjà plus à faire. Lorsque le brave pioupiou, alors sous les drapeaux, annonce sa venue à Neuilly en 1903, les demandes de places affluent de toutes parts au fronton basque du Cercle Saint-James, rue de Longchamp. Né à Cambo au pied des Pyrenées, Chiquito est le plus doué des athlètes de son pays et la perspective de le voir affronter à Paris quelques-uns des meilleurs champions espagnols suscite alors un engouement sans précédent pour la pelote . Le premier match mis sur pied par le Cercle Saint-James fixé au dimanche 8 novembre voit affluer le Tout-Paris. Les organisateurs doivent même refuser du monde ! Devant une assistance sous le charme, évaluée à quelque dix mille personnes, Chiquito et ses deux équipiers Arrué et Melchior rendent coup pour coup aux Espagnols emmenés par le prodige Munita. A 45 points partout, les Français connaissent pourtant un passage à vide et leurs adversaires, tout de rouge vêtus, prennent le large pour s'imposer finalement de dix points. Lorsque Munita gravit en vainqueur les marches de la loge présidentielle pour recevoir la médaille d'or et la ceinture bleue de France enjeux de cette partie à couteaux tirés, Chiquito, blessé dans son orgueil, a du mal à cacher sa déception.

Images http://gallica.bnf.fr
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   Sans attendre, un match revanche en 50 points est fixé au mardi suivant. Il est cette fois remporté par des Français survoltés, portés par l'incroyable énergie de leur porte-drapeau. "Qui n'a jamais vu jouer Chiquito de Cambo ne peut se faire une idée de ce qu'est le sport basque, peut-on alors lire dans les colonnes du quotidien L'Auto. Il faut le voir bondir tel un fauve, tel un taureau lâché dans l'arène, courant de-ci de-là au-devant de la balle, la frappant dans sa chistera pour la renvoyer se briser contre le mur (...), quelle furia! quelle rage! quelle volonté!" Le public du fronton basque de Neuilly en redemande. Avec l'accord des joueurs, deux autres parties sont fixées aux jeudi et dimanche suivants, avec à la clé un grand prix de clôture de deux mille francs. Après une nouvelle victoire espagnole, longtemps contestée par un Chiquito plus déterminé que jamais - "Il me faut ce grand prix et je l'aurai..." - la dernière journée promet d'être spectaculaire.

Chiquito de Cambo, image http://gallica.bnf.fr

Chiquito de Cambo, image http://gallica.bnf.fr

   Dans les tribunes, fourrures et toilettes hivernales témoignent de l'attrait qu'exercent "les superbes gars du pays basque" bien au-delà du cercle restreint des seuls amateurs de sports athlétiques. Remportée 50 points à 37 par les Français, l'ultime rencontre remet à égalité deux victoires partout les rivaux pyrénéens. Il faut donc avoir recours à une belle en 15 points pour savoir qui des Bleus ou des Rouges repartira avec le grand prix. Cette fois, Munita, secondé par ses équipiers Claudio et Salazar, se charge de porter l'estocade aux Français 15 à 9. Le vieux parc Saint-James a beau résonner longtemps des bravos d'un public enthousiaste, c'est le cœur gros que le brave Chiquito, après quinze jours de permission, repart les mains vides dans son régiment. Mais sa légende est en marche et c'est sous son regard que les pelotaris d'aujourd'hui continuent à perpétuer la tradition...


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