Magazine Culture

Critique Ciné : Les Misérables (2019)

Publié le 22 novembre 2019 par Delromainzika @cabreakingnews

Les Misérables // De Ladj Ly. Avec Damien Bonnard, Alexis Manenti et Djebril Didier Zonga.


La claque de cette fin d’année c’est Les Misérables. La façon dont le film retranscrit la morale du livre de Victor Hugo tout en retraçant des destins croisés passionnants, est choc, violent, brutal et brillant. Si certains vont adorer ce film pour un quelconque fétichisme de la banlieue, il faut aller au delà de la forme et aller chercher le fond du film qui est bien plus intéressant. Récompensé du prix du Jury au Festival de Cannes 2019, Les Misérables démarre en pleines scènes de liesses lors de la coupe du Monde que la France a gagné en 2018. C’est un point de départ intelligent qui montre à quel point cette victoire et les scènes de liesses n’étaient que l’arbre qui cache la foret. La haine est toujours présente dans les cités, envers ses habitants mais également envers la police qui fait régner l’ordre de façon outrancière, se permettant tout et n’importe quoi.

L’intelligence de Les Misérables c’est de ne pas dépeindre une catégorie mieux qu’une autre. D’ailleurs, les trois catégories influentes du quartier se retrouvent dans l’embuscade montée par les enfants de la cité à l’issue du film : le gros dealer du quartier, les trois policiers de la BAC ainsi que le « maire » que tout le monde déteste.

Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux "Bacqueux" d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes...

Pour un premier long métrage, Ladj Ly fait un film coup de poing impressionnant qui n’a pas peur d’aller taper où ça fait mal. Et ça fait du bien de voir un film qui accuse la société de cette façon, et tente de trouver une morale à tout ça. Car après tout, si les enfants se rebellent à la fin du film c’est à cause des grands. Il y a donc ici une colère sociale intéressante qui se monte en épingle petit à petit, à coup de scènes chocs qui ne sont pas là pour lécher les yeux des spectateurs mais plutôt pour montrer la dure réalité des choses.

Mais Les Misérables c’est aussi un film nécessaire dans le conscient collectif afin de prendre en compte le fait que tout peut changer mais la colère aura toujours du mal à disparaître tant que le mal régnera dans les cités. Le film est bouillant, comme un volcan menaçant de se réveiller à chaque instant. Il y a donc ici quelque chose de très ancré dans le réel qui nous fait ressentir les émotions de chacun des personnages, notamment de ce jeune garçon Issa ou de ce flic Stéphane qui ne comprend pas comment ses collègues peuvent agir ainsi.

Note : 10/10. En bref, un film choc et urgent qui mérite d’être vu dans sa façon de réécrire la morale du roman de Victor Hugo de nos jours.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Delromainzika 18158 partages Voir son profil
Voir son blog