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[Critique] À COUTEAUX TIRÉS

Par Onrembobine @OnRembobinefr

[Critique] À COUTEAUX TIRÉS

[Critique] À COUTEAUX TIRÉS

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Titre original : Knives Out

Note:
★
★
★
★
☆

Origine : États-Unis

Réalisateur : Rian Johnson

Distribution : Ana de Armas, Daniel Craig, Chris Evans, Christopher Plummer, Jamie Lee Curtis, Michael Shannon, Don Johnson, Toni Collette, Lakeith Stanfield, Katherine Langford, Frank Oz…

Genre : Thriller

Durée : 2h11

Date de sortie : 27 novembre 2019

Le Pitch :

Le célèbre et richissime auteur de polars Harlan Thrombey est retrouvé mort dans son bureau. Alors que tout semble indiquer de prime abord qu’il s’agit d’un suicide, le détective privé Benoit Blanc ne l’entend pas de cette oreille et est persuadé que le vieil homme a été tué. C’est alors qu’il entreprend, accompagné de deux policiers, d’interroger tous les membres de la famille de l’écrivain, ne tardant pas à s’apercevoir que tous semblent avoir quelque chose à cacher…

La Critique d’À Couteaux tirés :

Revenu de cette fameuse galaxie fort fort lointaine, Rian Johnson a décidé de passer à autre chose et de s’attaquer à un genre totalement différent, à savoir le thriller à la Agatha Christie. Terminés Star Wars, ses créatures étranges, ses droïdes, ses Jedi et ses fans hardcore qui n’hésitent pas à vous descendre en flamme ! Avec À Couteaux tirés, qu’il a également écrit, Johnson a décidé de s’amuser, en prenant bien soin de nous inclure dans son jeu de (fausses) pistes…

Le patriarche, dans le bureau, avec le couteau

Comme le dit si justement l’un des enquêteurs au début de l’histoire, quand l’enquête débute à peine, la famille au centre de l’intrigue d’À Couteaux tirés semble tout droit sortie du jeu Cluedo. L’action a beau se dérouler à notre époque, cette vieille bâtisse cosy, les costumes et l’atmosphère à la Agatha Christie semblent nous ramener plusieurs années en arrière, confirmant cette impression. Ce que Rian Johnson assume complètement, lui qui débute son histoire de la plus classique des façons, avant de réussir à nous semer au fil de rebondissements étonnants, avec à la clé un dénouement qu’il nous invite à essayer de deviner. Même la figure séculaire du détective est présente. Un enquêteur campé avec beaucoup de truculence par un Daniel Craig en pleine forme, lui aussi visiblement ravi, à l’instar de son réalisateur, de s’extraire d’un univers ultra codifié (Bond c’est l’un, Star Wars chez l’autre) pour enfin s’adonner à quelque chose de moins étriqué. Une sorte de croisement de Sherlock Holmes et d’Hercule Poirot, un peu fantasque, assurément doué et lui aussi pour le moins imprévisible dans son approche de son métier et sa façon de faire des déductions.

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Retomber sur ses pattes

À Couteaux tirés sait ainsi se montrer rudement efficace, quand il semble nous amener dans des directions franchement surprenantes, tout en sachant retomber sur ses pieds. On peut en cela saluer le script de Rian Johnson, véritable morceau de bravoure riche en virages abrupts et autres révélations à tiroirs. Sans oublier l’humour, omniprésent. L’équilibre est ici quasi-parfait. Ayant bien peaufiné tous les détails, influencé par les références du genre, mais pas trop non plus, Rian Johnson s’est lui-même préparé une base parfaitement solide pour se permettre de s’amuser avec ses personnages qu’il déplace sur le plateau, malmène parfois et retourne sans crier gare dans le seul intérêt d’une démarche globale au final plus qu’admirable. Johnson qui confirme, après l’épisode Star Wars, qu’il est bien plus à l’aise dans ce genre d’environnement, où sa mise en scène, pleine d’ampleur, très attachée aux acteurs, s’avère beaucoup plus pertinente et spectaculaire. Du caviar ! À Couteaux tirés est un film esthétiquement très réussi et donc formidablement écrit. Et pas seulement car il arrive à nous passionner, à nous perdre pour ensuite nous asséner un coup final des plus jubilatoires. Non non, il y a aussi autre chose…

Family Business

Car ici, Rian Johnson, seul maître à bord, profite de cette enquête pour disséquer la cellule familiale sans se priver, avec délectation, de faire appel à des clichés bien connus (le mari adultère, le fils rebelle, etc.) pour par la suite les exploiter au profit du récit et de ses thématiques. Le scénariste qui met aussi quelques taquets discrets histoire de conférer un sous-propos plus politique que prévu à son film. Brillant. Un véritable jeu de massacre où tout le monde à son rôle à jouer, même si certains héritent ici d’une partition amenée à véritablement faire progresser l’intrigue. Et si bien sûr Jamie Lee Curtis, Don Johnson ou encore Toni Collette et Michael Shannon se montrent absolument parfaits, ce sont bien Daniel Craig, Chris Evans et Ana de Armas qui se taillent la part du lion. Cette dernière trouvant d’ailleurs carrément son meilleur rôle, soit celui d’une jeune infirmière dévouée à son patient, qui incarne l’innocence et la pureté qui fontt défaut à la famille pour laquelle elle travaille. Complètement dans le ton, Ana de Armas sait se montrer tour à tour sensible et donc émouvante mais aussi drôle. Le tout en sachant capter la lumière pour parvenir à briller, avec la complicité du chef d’orchestre, même quand elle ne dit rien, au milieu d’une escouade il est vrai impressionnante de stars de premier plan. Et c’est aussi parce que Rian Johnson a choisi son personnage pour incarner le pivot du récit, parce qu’il prend plus de risques que prévu sans jamais renier les fondamentaux du thriller à la Cluedo et parce qu’au final il parvient à imposer sa personnalité et ses choix propres, qu’À Couteaux tirés est aussi réussi, aussi ludique et aussi jubilatoire.

En Bref…

À Couteaux tirés est un pur polar à la Agatha Christie mené de main de maître par Rian Johnson et formidablement interprété par un casting quatre étoiles (mention pour Ana de Armas et Daniel Craig donc). Un film palpitant qui respecte les codes du genre en prenant tout de même soin de prendre quelques risques afin de mieux nous cueillir, s’amusant sans cesse de ses références et influences. Un joli tour de force d’une efficacité et d’une maîtrise exemplaires.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Metropolitan FilmExport

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