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Talent de réalisatrice : Anaïs Volpé et son nouveau projet Les Autodidactes

Publié le 11 décembre 2019 par Larrogante

En binôme avec le talentueux Alexandre Desane, Anaïs Volpé sort sur Internet des portraits de personnes autodidactes, comme elle. Je ne vais pas vous le cacher, je connais Anaïs d’une première interview dans Paulette Magazine et ce qui m’impressionne, c’est sa force en tant que femme et artiste, capable de faire, produire, penser et mettre en images ou en mots. Non, Anaïs n’est pas signée chez de grands distributeurs, elle fait tout toute seule (avec Alexandre sur ce projet) de A à Z et elle tient ses idées, avec passion et talent. Pour Les Autodidactes, nous avions envie de l’interviewer et de vous montrer à quel point Anaïs Volpé est brillante, inspirante, généreuse et un modèle à suivre. Alors, pour mieux comprendre son parcours, rien de plus simple, on lui a donné la parole. Et vous allez voir, ce qu’elle ne sait pas encore, c’est qu’elle est aussi coach de vie : on a envie de la suivre et de se lancer dans notre passion, peu importe nos faiblesses.

Coucou Anaïs, on se connaît mais pour tous ceux qui n’ont pas cette chance, peux-tu te présenter ?

Hello Stéphanie, alors pour me présenter en quelques mots, je suis réalisatrice et scénariste. Je suis de base comédienne mais un jour, le hasard a fait que j’ai appris à monter des petites vidéos via des tutoriels Youtube et j’ai adoré faire ça ! J’ai commencé par des mini vidéos de 1 à 3 minutes et puis je me suis lancée dans la fabrication de court-métrages que j’écrivais, réalisais et montais, puis j’ai fait une série, puis un long-métrage etc… C’est le montage (et bien sûr l’envie brûlante de raconter des choses) qui m’a amené à la réalisation et à travailler dans le cinéma.

Le fait d’être moi-même autodidacte m’a aidé à vouloir faire ce projet, puisque je le vis au quotidien. Cela me parle. Mais ce n’est pas uniquement ça. Je trouve que les autodidactes sont encore trop peu identifiables en France, puisqu’on attend souvent qu’ils soient connus pour parler d’eux.

Qu’est-ce que Les Autodidactes, ton nouveau projet ?

Les Autodidactes est un nouveau projet que je co-créé avec mon binôme Alexandre Desane (photographe, réalisateur, acteur et web développeur au journal Le Monde). Le projet est composé d’un site web (lesautodidates.com) sur lequel nous postons régulièrement des portraits écrits d’autodidactes et sur lequel nous allons partager une série web documentaire de neuf portraits d’autodidactes qui ont réussi à s’en sortir dans leurs milieux sans être passé par la case école. C’est une série que l’on a auto-produit avec Alexandre, via notre studio de création LE DOUBLE, et nous avons reçu le soutien du CNC-talent.

Alexandre Desane, co-fondateur du projet Les Autodidactes.

Pourquoi avoir choisi de parler des autodidactes ? Uniquement parce que tu es toi-même autodidacte ?

Le fait d’être moi-même autodidacte m’a aidé à vouloir faire ce projet, puisque je le vis au quotidien. Cela me parle. Mais ce n’est pas uniquement ça. Je trouve que les autodidactes sont encore trop peu identifiables en France, puisqu’on attend souvent qu’ils soient connus pour parler d’eux. Avec Alexandre, nous ne voulions pas attendre des Success-Story pour parler des gens qui s’en sortent dans leur milieu sans diplôme ou sans être passé par les voix classiques. Il était important d’aller à la rencontre d’autres gens et de réunir nos expériences, nos parcours, pour l’ensemble du projet.

En France on est encore très rassuré par les longues études, les grands noms d’écoles (même dans les milieux artistiques, ce qui me semble être un comble). Quelque soit le milieu, les autodidactes sont bien vus de la part des gens en général et par les médias mais là où cela pose problème c’est plutôt lorsque les autodidactes se confrontent aux Institutions, aux Entreprises… Leurs profils ne rassurent pas ou peu. Ils ne sont pas toujours crédibles, ils n’entrent dans aucune case. C’est toujours plus compliqué.

Je crois qu’il doit y avoir de la place pour tout le monde, il faut en parler, essayer de faire bouger les lignes, parler des autodidactes qui ne sont pas connus mais qui oeuvrent chaque jour dans leur métier. Montrer qu’ils sont très nombreux, que c’est peut être un chemin plus difficile mais un chemin possible. L’époque évolue, aujourd’hui grâce à Internet, tu peux te former tout seul, si tu es curieux et volontaire, c’est une chance énorme d’avoir ces alternatives lorsqu’on ne fait pas d’école.Et puis, on voulait parler des autodidactes parce qu’en France, dès le plus jeune âge, lorsque tu n’es pas adapté à l’école -primaire, collège, lycée- on atendance à te faire passer pour un ‘inadapté’, un ‘inapte à’ et on se débarrasse vite de toi sans évaluer toutes tes potentielles compétences. Est ce que c’est eux qui ne sont pas adaptés à l’école ou est-ce l’école qui n’est pas adaptée à eux ?

Parfois des jeunes sont mal orientés, mal conseillés. Je reste persuadée que tu peux être médiocre ou nul à l’école, et pourtant faire une carrière brillante pas la suite. Il n’y a pas de règles. D’ailleurs, parfois des jeunes font des études post-bac juste « pour rassurer » leur famille sans forcément écouter leur voix intérieure qui leur dicterait plutôt l’envie d’aller apprendre directement sur le terrain, parce qu’ils se sentent plus adaptés à la pratique qu’à la théorie. Avec Alexandre on avait donc envie de créer un espace où l’on peut parler de tout cela librement, mettre en avant les divers témoignages de gens qui n’ont pas fait d’école. Sur le site, il y a également un espace qui laisse la parole aux gens (sur)diplômés. On voulait aussi rassembler leurs voix, car parfois tu peux faire de longues études, mais quand même avoir une pratique autodidacte après tes études ou pendant ton cursus, ou même ressentir parfois que l’école ne t’aide pas autant que tu ne le pensais…Voilà, toutes ces voix sont là. Et peut-être que cela pourra aider des personnes qui se posent des questions sur ces sujets.

Comment cela va-t-il se passer concrètement ?

Au delà des interviews que l’on publie donc régulièrement sur le site, on vient de finir une web série documentaire autour du sujet. La série s’appelle « Dans la jungle, avec un petit couteau à beurre… » et le premier épisode sort ce mercredi 20 Novembre. Tous les autres épisodes sortiront ensuite à raison d’un par semaine, et ce,jusqu’au 29 Janvier 2020. Il y a plusieurs portraits d’autodidactes incroyables à découvrir (dans les milieux du journalisme, du cinéma, de la mode, de la mise en scène, du jeu vidéo, des concerts…).
Tous ces autodidactes ont su contourner l’école sans soucis, pour créer leur métier aujourd’hui. Un peu comme le principe du podcast,la série sera visible sur plusieurs plateformes. Les épisodes seront à la fois disponibles : sur le site lesautodicates.com, sur la IGTV de notre instagram autodidacte_s, sur la chaîne Youtube de notre studio de création LE DOUBLE.

Quel est ton parcours ? L’aventure de ton premier film ?

Mon parcours est vraiment à l’image de ce projet finalement. Je m’ennuyais à l’école, dès que j’ai pu quitter le lycée je l’ai fait. J’avais hâte d’apprendre sur le terrain, je ne voulais surtout pas continuer les études même si cela aurait pu rassurer ma famille à l’époque. Je suis venue à Paris à 17 ans, je ne connaissais personne. J’ai très vite eu plusieurs boulots alimentaires et j’ai essayé de travailler sur le terrain sur divers projets artistiques. D’abord en tant que comédienne (principalement dans le théâtre), en tant qu’assistante réalisateur, puis dans le montage et dans la réalisation.

J’ai appris au fur et à mesure, grâce à Internet, et grâce à l’aide de gens qui voulaient bien me soutenir moralement, humainement, dans ces démarches. En 2013 après avoir fait quelques court-métrages, je me suis lancée dans l’écriture de ce qui allait être mon premier long-métrage de fiction ‘Heis (chroniques)’, j’ai fini de tourner et monter le film en 2015, en dehors du système, sans argent avec une équipe formidable qui a bien voulu me suivre. En 2016, alors que je ne m’y attendais pas du tout, le film a été sélectionné au Los Angeles Film Festival et y a remporté le prix du Jury en compétition Internationale. À partir de là, des portes ont commencé à s’ouvrir, le film a tourné dans plusieurs Festivals en France et à l’étranger et a remporté d’autres prix. Le film est sorti en indépendance totale au cinéma en 2017 dans trente villes et est resté à l’affiche plusieurs mois.

Ça a été une magnifique aventure humaine avec l’équipe. On a reçu beaucoup de soutien de la part des gens qui venaient voir le film, qui en parlaient autour d’eaux, mais aussi du soutien de la presse, c’était super pour un film si fauché et fait en dehors des codes. Ensuite le film est sorti sur toutes les plateformes VOD fin 2017 et même encore aujourd’hui je reçois des messages de gens qui le louent via ces plateformes. Je ne pensais pas, lorsque je montais ce film dans ma chambre quand j’avais 25 ans, qu’un jour il aurait cette vie. Après cette expérience, j’ai signé avec une super boîte de production pour préparer mon prochain long-métrage. Je travaille depuis deux ans sur le scénario, et je créé toujours des projets indépendants à côté (cette série sur les autodidactes par exemple, et d’autres choses).

Qu’as-tu envie de dire à celles et ceux qui ont envie de se lancer mais qui n’osent pas ?

De se concentrer sur du concret : le travail, étape par étape. Cela fait avancer sans avoir à trop réfléchir. Quand je me lance, je regrette souvent de m’être lancée sans avoir réfléchi (parce qu’il y a toujours un tas d’imprévus, de stress, trop de travail). Mais je crois qu’il faut beaucoup de cela pour se lancer : ne pas trop réfléchir en amont.

Quels sont les principaux retours des gens que tu rencontres ?

La plupart des gens que je rencontre me parlent de leurs expériences. Je trouve ça top. On vit souvent des choses très communes. Comme je pars souvent de moi pour faire mes projets, les gens, après avoir vu mon travail, ont souvent envie de se livrer à leur tour. Et je trouve ça super. J’ai fait de très belles rencontres justement après des projections.

A quoi ressemble ton quotidien ?

Il varie énormément d’une semaine à l’autre, d’un mois à l’autre… En fonction du projet sur lequel je suis, même si je suis relativement sous l’eau tout le temps (rires). En ce moment je travaille beaucoup, je suis à la fois sur le bouclage de la série documentaire avec Alexandre (on fabrique tout tous seuls, du montage, au sous-titrage, aux visuels de comm, la soirée de lancement…c’est éreintant mais excitant à la fois !). Je suis aussi sur la gestion des interviews que l’on publie sur le site. Et en parallèle je suis en plein casting de mon prochain film, que j’espère tourner en 2020. Tous ces pôles me demandent beaucoup d’investissement et de concentration. J’essaye de libérer quelques plages de repos pour me ressourcer et voir les gens que j’aime, que j’aimerais voir plus souvent. Je me réserve quelques cafés en terrasse, pour m’aérer ! J’essaye de toujours faire du yoga deux à trois par semaine, même quand c’est le rush… Ça me semble primordial pour tenir. Et évidemment j’adore aller au cinéma (dès que j’ai du temps) !

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Quelles personnes t’inspirent ?

Il y a trop de choses qui m’inspirent… Je suis autant impressionnée et inspirée par des artistes incroyables comme Brit Marling, James Gray, Charlie Kaufman, les frères Safdie (pour ne citer qu’eux..) que parler avec quelqu’un qui me raconte sa vie incroyable et inspirante.

Comment travailles-tu tes films ?

Pour le fond, je pars toujours de choses que je connais, que j’ai vécu. C’est (pour l’instant) essentiel dans mon processus de travail. Sur « Heis (chroniques) » je suis partie de beaucoup de choses personnelles tout en fictionnalisant à mort. Sur mon prochain film c’est pareil, sauf que je pars d’un autre sujet qui me touche et ensuite je le développe dans une fiction. Pour la forme, jusqu’à présent je faisais toujours le choix de faire des films en système D, mais pour le prochain long-métrage je suis, au contraire, très contente de travailler avec une productrice (Caroline Nataf) qui m’aide au quotidien.

Dernière question, quelle a été ta plus belle leçon de vie en tant qu’autodidacte ?

La vie m’a souvent montré que de ne rien lâcher, même au moment où l’on veut tout arrêter, ou au moment où l’on pense que rien ne fonctionne pour nous… Et bien qu’il y a toujours une lueur d’espoir, une main qui t’aide au final ! Je pense que ce sont dans les moments où l’on perd le plus l’espoir qu’il faut continuer, au contraire, à travailler, quotidiennement. Il y aura forcément une récompense à la clé.

Vous pouvez suivre les épisodes Les Autodidactes sur la chaîne Youtube Le Double, sur leur site et suivre Anaïs Volpé sur Instagram. 


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