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La crise des migrants en Europe et l’église allemande : un rapport de force informationnel ?

Publié le 29 décembre 2019 par Infoguerre

Göttingen, Historiques, Église, Médiévale, Vieux

La crise migratoire d’Europe est l’une des crises migratoires majeure des temps moderne. Elle se caractérise par sa complexité d’acteurs et de conséquences dans le monde. Elle commence en 2010 mais devient majeure avec le déclenchement de la guerre civile syrienne puis par la montée de Daech à partir de 2015. Ils sont durant cette année plus d’un million de réfugiés à rentrer dans l’espace Schengen.

Cette crise  a lieu dans un contexte politique compliqué, avec la crise financière grecque, les différents plans d’austérité européens ou encore le début de la montée des courants populiste et avec eux des eurosceptiques. Aussi, cette crise migratoire remet en cause l’un des principes fondateurs de l’Europe et le traité qui le caractérise, l’accord de Schengen de 1995. En effet, les pays les plus affectés par cette crise migratoire sont ceux géographiquement les plus proches de la route migratoire principale soit la Grèce et la région des Balkans. Cependant, cette période est une période de crise pour ceux qui ont subi de plein fouet la crise mondiale des subprimes de 2008 puis celle directement liée qu’est la crise de l’euro.

C’est donc tout un jeu politique qui commence au niveau européen avec plusieurs courants de pensée. Celui de ceux qui sont considérés comme les leaders européens, la France et l’Allemagne, et les pays de l’Est. Alors que les premiers veulent définir des quotas d’accueil par pays de ceux qui sont redéfinis comme des demandeurs d’asile, et non des migrants, les pays d’Europe de l’Est eux s’opposent fortement aux flux migratoires. On pourra par exemple identifier le premier ministre hongrois qui craint pour l’identité catholique de l’Europe face à cet afflux d’immigrés musulmans. La politique des quotas se finira finalement par un échec et c’est l’Allemagne qui deviendra première terre d’asile pour la vaste majorité de ces migrants.

L’Eglise allemande

On compte en Allemagne environ 27 millions de personnes se déclarant catholique et donc relevant de l’autorité religieuse du Vatican. De plus, en Allemagne l’église catholique est extrêmement riche. On compte parmi sur la somme de ses recettes plusieurs milliards d’euros. Cela s’explique en partie du fait qu’en Allemagne, l’Eglise est le deuxième employeur du pays, on considère qu’elle impose environ 1,3 millions de salariés. Cela se comprend à travers le fait qu’elle gère de nombreuses écoles, hôpitaux, maisons de retraite et différents organismes à caractère sociaux.

Le business des réfugiés

Avec un million de réfugiés arrivés en 2015 et d’autres en chemins, les pouvoirs publiques locaux allemand ont connu un crise logistique majeure. Il se trouve désemparé face à un afflux d’individus dépossédés à qui l’ont doit fournir toutes les commodités de base. Aussi, face à cette crise des négociations se font avec différentes chaînes hotellières qui vont jusqu’à réclamer 50€ par nuit par personnes. Les réfugiés deviennent donc un nouveau marché sur lequel l’offre est limitée mais la demande ne fait qu’augmenter.

L’Eglise allemande, culturellement et historiquement, investie des prérogatives sociales, s’est donc vu imposée comme un acteur majeur de cette prise en charge des réfugiés. Elle devient un point de pivot de la gestion et du traitement des demandeurs d’asile.

Le pape François

Issu de la Compagnie de Jésus, les jésuites, cet ancien archevêque de Buenos Aires est, très tôt dans sa carrière, amené à s’intéresser aux problématiques sociales. Ainsi, à la suite de son élection en 2013, il se présente très vite comme le pape des pauvres et des démunis. On peut donc penser que c’est naturellement qu’il en vient à s’exprimer sur les problématiques migratoires qui culminent en 2015. Il multiplie les appels aux soutiens des demandeurs d’asile dans leur lutte pour la sécurité dans un nouveau pays, haranguant les pouvoirs publics à toujours plus favoriser l’accueil et l’intégration des demandeurs d’asile. Toujours plus en faveur des demandeurs d’asiles il soutient publiquement fin 2018 le très controversé Pacte mondial sur les Migrations, dit « Pacte de Marrakech », visant à élargir « les canaux migratoires réguliers ».

L’influence catholique sur l’électorat allemand ou le contrôle de l’offre et de la demande

Il est intéressant de noter qu’en Allemagne à ce moment-là, le parti au pouvoir celui de l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne, ou CDU. Ce dernier, vise principalement un électorat blanc, de classe moyenne et très souvent croyant, que ce soit protestant ou catholique. On peut donc s’interroger sur l’existence d’un rapport de force informationnel dans la gestion par l’Allemagne de de la crise migratoire.

En effet, l’on sait d’un côté que l’Eglise catholique allemande est pivot de la machine de gestion des migrants. Elle est l’un des six piliers de cette organisation. Or les migrants, on le sait aussi, sont un “produit” qui rapporte et dont le “marché“ n’est dans un futur proche pas en voie de tarissement. L’Eglise catholique allemande et par extension l’Eglise catholique dans son entièreté peut donc voir une source de revenus durables et conséquents.

Le seul paramètre qui n’est pas maîtrisé est celui de la décision des politiques migratoires par les pouvoirs étatiques. En effet, fermer les frontières représenterait pour l’Eglise allemande une perte de revenus susmentionnés. Si Benoît XVI était fervent défenseur du droit des états à défendre leurs frontières et réguler les flux migratoires, son successeur lui s’inscrit dans un tout autre tendance s’adressant directement au pouvoir européens dans un plaidoyer sur leur devoir d’accueil. L’électorat de la majorité politique allemande, l’Union chrétienne-démocrate allemande, est donc directement pris à parti sur le plan religieux dans leur devoir de défendre une immigration ouverte.

En examinant la situation actuelle, l’on pourrait penser que de ce rapport de force informationnel l’Eglise catholique allemande est sortie vainqueur sur tous les points. Si cela est incontestable, l’on ne peut pas non plus se pencher sur la situation de l’Allemagne et y voir une perdante non plus. Effectivement, si l’accueil des migrants a eu un coût financier et politique force est d’admettre qu’elle a su pleinement profiter de la situation aussi. En effet, elle a apporté à l’Allemagne un regain de jeunesse à une démographie vieillissante mais aussi un bassin de main d’œuvre en formation qui venait à manquer chez les allemands. Enfin, elle profite à la croissance interne par notamment une nouvelle croissance de la consommation intérieure en service et en bien. La seule interrogation peut donc se poser sur le rôle exact de François 1er. En effet, a-t-il agi dans le seul but de satisfaire la branche allemande de l’Eglise, l’une des plus influentes et riches de la curie romaine, ou bien se contait il de poursuivre dans la ligne d’action qu’il avait commencé dans son archevêché en Argentine.

Simon Melaine

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