Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais la lecture occupe quelque place dans ma vie. A l'intérieur de cette place trônent en majesté une cinquantaine de livres. Et parmi ceux-ci, La Main de Dante de Nick Tosches.
Ou comment entrer dans l’œuvre d’un auteur en commençant par son livre réputé le plus mauvais.
Je le connaissais de nom, cité à diverses occasions dans la presse rock dont j’étais lecteur depuis déjà un bon bail, au moment de sortir de la librairie L'Arbre du Voyageur sise au numéro 55 de la rue Mouffetard, 75005 Paris avec La Main de Dante sous le coude.
A peine quelques mois plus tard j’apprenais que ce dont j’avais fait l’acquisition et mes délices jouissait d’une réputation détestable chez les amateurs de Tosches.
Je viens de relire à l’occasion de cette note la chronique assassine de son ami Philippe Garnier qui fut pour beaucoup dans la popularité de Tosches en France.
« Les ambitions déclarées de la Main de Dante contiennent en germe son échec, et la langue de Tosches, toujours d'une hauteur moqueuse dans le meilleur des cas, vire souvent ici au blet plus risible qu'amusant, mélange d'anglais gréco-romain épicé d'insultes siciliennes. »
Il faut croire que cela ne m’avait pas déplu – mais je confesse n’être pas fâché avec la préciosité bouffonne ; il est possible que cela se voie – puisqu’à la suite de ce livre j’ai consciencieusement accumulé les Tosches au point d’en faire aujourd’hui un des auteurs les plus représentés dans mes rayonnages.
J’aime chez lui le torrent d’informations factuelles dont le flot tout en démesure noie le lecteur en quelques pages. J’aime cette façon de construire et d’amener des anecdotes marquantes ciselées comme des aphorismes assassins.
Je suis comme au spectacle devant une langue qui associe l’intimidante et éternelle Antiquité classique au parler souple et vachard des mauvais garçons.
Toutes qualités qui se trouvaient déjà dans son livre réputé le plus mauvais.
Peut-être faudrait-il que je m’interroge sur la qualité de mon goût mais le temps presse et votre patience s’use.