Bye-bye les Francos

Plus qu’un refrain, l’affaire prend cette fois les airs d’une vieille rengaine. Bâtie depuis vingt-trois ans comme le temple inviolable du français dans le texte, la programmation des Francofolies a ravivé cette année les querelles de patois et de clochers. Avec une quinzaine d’artistes (sur 130) s’époumonant sans broncher en anglais – un record – le festival rochelais aurait-il ainsi renoncé à son exception culturelle made in France ?
Du « Music Hole » de Camille jusqu’à la pop survitaminée de The Do en première partie de Mika, même les frenchies, désormais, ont la langue de Shakespeare bien pendue. Une tendance lourde qu’assume plutôt Gérard Pont, le directeur artistique des Francos, après s’en être pourtant longtemps méfiée.
« Lorsque Catherine Ringer chante en anglais, personne ne se demande si les Rita sont soudainement devenus anglophones. C’est vrai qu’avant je disais souvent aux artistes qu’ils ne réussiraient pas en chantant en anglais, mais arrêtons de faire
d’un épiphénomène une tornade. D’ailleurs, d’autres – par le passé – ont déjà chanté en anglais aux Francofolies. Qu’il s’agisse des Cardigans, de Willy Devil ou bien de Mika aujourd’hui, tous font, selon moi, partie de notre famille. »
Des cousins germains et anglo-saxons justement parfois plus francophiles que les francophones de souche, à l’image notamment d’un Mika invoquantmercredi
Quelques maîtres à chanter aussi inattendus que France Gall, Georges Moustaki et même Julien Clerc. « La pop française est plus créative etmoins cloisonnée qu’en Angleterre », assure celui qui s’est aussi fendu d’une reprise de Joe Dassin (« les Champs-Elysées ») à l’ombre de la tour de la Lanterne. « Et puis, la France
Reste ma deuxième maison, puisque j’y ai passé les neuf premières années de ma vie. Mon succès ici m’étonne autant qu’il me comble. » Après y avoir gravi
jusqu’au sommet les marches du succès, Mika renvoie d’ailleurs aujourd’hui l’ascenseur en offrant ses premières parties européennes à

la jeune Bretonne Yelle.

Avec, enfin, toute l’espèce sonnante t trébuchante récoltée 81 000 spectateurs venus, entre autres, applaudir l’icône de la pop anglaise à La Rochelle), les Francofolies pourront, sans doute aussi, se permettre de lustrer encore un peu plus le plateau
hexagonal de la prochaine édition.
À condition, toutefois, de ne pas pousser le bouchon jusqu’à nous refaire chanter Aznavour en anglais. Sinon this is the serpent qui se mordra encore une fois la queue.
Sylvain Cottin
A venir: les meilleures photos des Francos par les photographes de “Sud Ouest”
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