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Orléans de Yann Moix

Par Lagrandestef
Orléans de Yann Moix

Résumé editeur
Qui a lu l'œuvre publiée de Yann Moix sait déjà qu'il est prisonnier d'un passé qu'il vénère alors qu'il y fut lacéré, humilité, fracassé.
Mais ce cauchemar intime de l'enfance ne faisait l'objet que d'allusions fugaces ou était traité sur un mode burlesque alors qu'il constitue ici le cœur du roman et qu'il est restitué dans toute sa nudité.
Pour la première fois, l'auteur raconte l'obscurité ininterrompue de l'enfance, en deux grandes parties (dedans/dehors) où les mêmes années sont revisitées en autant de brefs chapitres (scandés par les changements de classe, de la maternelle à la classe de mathématiques spéciales).
Dedans : entre les murs de la maison familiale.
Dehors : l'école, les amis, les amours.
Roman de l'enfance qui raconte le cosmos inhabitable où l'auteur a habité, où il habite encore, et qui l'habitera jusqu'à sa mort, car d'Orléans, capitale de ses plaies, il ne pourra jamais s'échapper.
Un texte habité, d'une poésie et d'une beauté rares, où chaque paysage, chaque odeur, chaque mot, semble avoir été fixé par des capteurs de sensibilité saturés de malheur, dans ce présentéisme des enfants martyrs.
Aucun pathos ici, aucune plainte, mais une profonde et puissante mélancolie qui est le chant des grands traumatisés.
Mon avis rapide
" Le roman [...] est la seule forme d'art qui cherche à nous faire croire qu'elle donne un rapport complet et véridique de la vie d'une personne réelle. "
Je trouve que cette phrase de Virginia Woolf éclaire très bien ce qui se dégage à la lecture de ce roman .
Yann Moix nous livre ici un récit autobiographique ( ou pseudo- autobiographique) en 2 parties.
La première, simplement intitulée "dedans", égrène les années d'enfance de l'auteur vécues à l'intérieur du cercle familial, dans une famille bourgeoise d'Orléans. Une enfance d'enfant martyrisé par des parents qui lui infligent les pires humiliations et sévices corporels et psychologiques.
Cette partie m'a procuré un certain malaise. Plus que les descriptions des multiples châtiments qui lui ont été administrés par ses parents, c'est la distance que Yann Moix semble mettre entre ce qu'il aurait réellement vécu, et la façon dont il nous le transmets, qui m'a donné cette sensation d'inconfort ( que j'apprécie dans une expérience de lecture).
La seconde partie, logiquement appelée " Dehors" reprend la même période de la vie de l'auteur ( maternelle à études post-bac) .Il raconte l'école, les copains, les premiers émois. Et là aussi , on ne peut pas dire que les expériences de l'auteur aient été des plus réjouissantes. Le style de cette partie est différent de celui de la première. Beaucoup plus flamboyant avec l'emploi de mots parfois très peu usités ( un dictionnaire est parfois utile à ce stade ) et une syntaxe recherchée.

Mais avant tout , ce livre est une déclaration d'amour à la littérature. Que les expériences décrites aient été réellement vécues en tant que victime par l'auteur, ou en tant que bourreau comme l'a insinué son frère lors de la polémique qui suivit la sortie du livre, ce qui est indéniablement autobiographique c'est l'amour que Yann Moix porte aux mots et à la littérature française, un amour indubitable dont la sincérité transpire tout au long des pages de ce livre. De Gide à Bataille , de Flaubert à Ponge en passant par Hugo, Sartre , Peguy, etc, ce sont ces auteurs qui ont structuré Yann Moix , qui ont été fondateurs de ce qu'il est aujourd'hui. Comme si, d'une certaine façon, il les avait substitué à ses propres parents.
Une lecture que je recommande vraiment


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