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C'est une révolte ? Non, Sire...

Publié le 18 janvier 2020 par Despasperdus

Hier soir, le président Macron assistait à une pièce de théâtre. Il a suffit de quelques tweets pour que des centaines de manifestants viennent le chercher aux Bouffes du Nord... Celui qui se faisait appeler en toute modestie, Jupiter, a pris la poudre d'escampette, protégé par un impressionnant dispositif de CRS.

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La veille, la ministre Schiappa avait vécu la même mésaventure. Quelques jours auparavant, le ministre Darmanin avait inauguré la séquence,sans oublier les vœux de maires de la majorité présidentielle troublés par des manifestants.

Ces événements montrent la radicalisation et l'étendue de l'opposition à la réforme des retraites qui débuta début décembre 2019. In fine, le mouvement déjoue les prévisions des médias dominants depuis la mise en scène du soutien de la CFDT à la réforme.

En l'espèce, quelque chose de profond semble se produire dans la société. Une sorte de déplacement des plaques tectoniques.

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D'abord le soulèvement des classes populaires qui étaient les grandes absentes du débat public et de la lutte depuis le début des politiques néolibérales. Les gilets jaunes ont surgi du paysage, redécouvrant la solidarité, se mettant à faire politique, ouvrant les yeux sur le rôle délétère des médias qui appartiennent à des milliardaires, prenant conscience qu'ils étaient une force et restant sur le pont depuis plus d'un an.

Ensuite, la mobilisation de ce qu'on pourrait qualifier de classe ouvrière traditionnelle, syndicats ouvriers, travailleurs de la SNCF, RATP, raffineries.

Et enfin, d'acteurs nommés communément les classes moyennes moyennes et supérieures ou la petite bourgeoisie. Ces profs, cadres et professions libérales qui, jusqu'à présent, pensaient s'en sortir individuellement, profiter des opportunités de la mondialisation et avoir un avenir garanti avec une retraite correcte après leur vie active rentrent en masse dans la lutte. Elles aussi commencent à subir avec la même violence les affres du néolibéralisme : chômage, déclassement, insécurité sociale, incertitude face à l'avenir, etc.

Les politiques néolibérales entreprises depuis 1983 sans discontinuer sont arrivées à un stade où chacun comprend l'analyse marxiste. Pour la petite bourgeoisie, le spectre de la prolétarisation devient tangible. En d'autres termes, chacun sait qu'il ne pourra pas échapper individuellement au rouleau compresseur du capitalisme. Combien ont voté Macron en se pinçant le nez ? Combien aujourd'hui regardent différemment les politiques qu'ils pensaient inéluctables ?

Alors oui, quelque chose commence à craquer ou à se fissurer dans la société. Le consentement majoritaire au néolibéralisme n'est plus. Il ne reste plus au régime macronien que la force régalienne, la propagande néolibérale pilonnée dans les médias publics et privés du Capital, même avec cette novlangue, ne convainc plus. Il y a un rejet de la start-up nation et de cette clique arrogante composée de hauts fonctionnaires et d'oligarques.

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Aussi, la mobilisation est inédite par la diversité des catégories socio-professionnelles. La peur semble changer de camp. Après des années accumulées de frustration, d'humiliation, d'injustice, de précarité, de culpabilisation, de reculs sociaux et de mépris, la cocotte-minute semble proche de l'explosion ! D'ailleurs, la population commence à demander directement et sans intermédiaire des comptes aux responsables de la macronie qui pensaient tranquillement dérouler leur plan de carrière...

L'exaspération face aux violences et à l'autisme du régime macronien est au plus haut. Et, malgré la forte présence des FDO, leur violence impunie et leur suréquipement, chacun a conscience qu'un pouvoir contesté majoritairement par la population - dont certains le soutenaient jusqu'à présent - ne peut tenir longtemps.

Le phénomène semble plus profond que la fameuse convergence des luttes. La classe des dominés, qui rassemble celles et ceux qui doivent monnayer leur force de travail pour vivre décemment, est en train de s'unir dans la lutte pour renverser la domination de l'oligarchie, cette classe bourgeoise qui possède le capital et qui se gave sur le dos des dominés.

Nul ne peut prévoir ce qui va se produire dans quelques jours, semaines ou mois. Quelle sera la réaction de l'oligarchie ? Soutiendra-t-elle toujours le régime macronien ? Va-t-elle le lâcher en désignant un autre larbin pour sauver ses privilèges, quitte à installer l'extrême droite au pouvoir ? Est-ce déjà trop tard pour elle ? Les prochains jours seront décisifs.

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