Midi

de Cloé Korman
Roman - 180 pages
Editions Seuil - 2018
Editions poche Points - janvier 2020
Claire est infirmière dans un hôpital de la capitale. Un jour, elle voit dans les patients alités, ressurgir comme du passé, Dom, Dominique Müller, celui-là même qui a dirigé un théâtre à Marseille et qui a monté la pièce La Tempête de Shakespeare avec elle et son amie Manu, un mois d'août il y a dix ou vingt ans. A l'époque, cet été 2000, elle débarquait à Marseille avec son Bafa en poche pour décrocher un poste d'animatrice d'été. Un été marquant avec la relation amoureuse entretenue avec Dom, puis les drames qui ont animé le groupe de théâtre...
Il y a 10 ans je lisais le premier roman de cette autrice, Les hommes couleurs, et j'avais eu quelques difficultés, puis peu de souvenirs. Avec Midi, j'ai été totalement éblouie par ces pages, ces mots qui se précipitent, cette incroyable capacité de retranscrire le fourmillement et les paroles qui se chahutent lors du stage de théâtre pour enfants et le soleil qui écrase la vision et les sons. Alors qu'elle travaille en milieu hospitalier et n'a plus gardé de contact avec cette expérience passée, elle revit cet été particulier, dans des flash-backs qui sont très bien construits. Extrait :"Il a fallu que l'infirmière en chef vienne me solliciter , aujourd'hui, à la pause déjeuner. Première fois que je me posais depuis mon réveil, il était quatorze heures, j'étais en train de me demander si la possibilité de prendre mon café ou mon yaourt en intraveineuse, ou bien si le fait de porter des couches-culottes comme le font certains chirurgiens lors des opérations longues, améliorait ma productivité et me ferait plus aimer de mes chefs, témoignerait mieux de mon dévouement. Les nuits passées à aller et venir dans l'appartement, ou à traîner dans les avenues liquides de Facebook me coûtent cher, le lendemain j'ai l'impression d'avoir parcouru des kilomètres." C'est un roman qui par les souvenirs allège les faits dont il est question, autour d'un personnage masculin dominateur, séducteur, prédateur peut-être, un adulte talentueux, très à l'aise, à la force de persuasion incroyable, indispensable, mais également peu responsable face à la détresse d'une enfant, et à la confusion qu'il instaure entre professionnel et personnel. Midi, un roman très réussi, précis, poétique aussi, qui jamais ne perd son lecteur, mais qui l'entraîne à dévaler les pentes de la mémoire, d'un été, des calanques, jusqu'à glisser vers l'issue, le point qui les sépara tous. L'avis d'Aline Sirba - OnLaLuL'avis de Pierre Ahnne - Le nouveau blog littéraire de Pierre Ahnne