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Analyse légère de l Instagram de Beyoncé, de ces deux dernières années

Par Gangoueus @lareus

Beyoncé est très présente sur le réseau social Instagram. Un des moyens où la star très privée via des interviews, s’autorise à partager son monde, son métier. Nous avons tenté de lire rapidement les mécanismes par lesquels elle structure son compte, et donc son image.
Analyse légère de l Instagram de Beyoncé, de ces deux dernières années
Je vais tenter d’analyser brièvement l’Instagram de la chanteuse Beyoncé, depuis la date du 09 décembre 2017[1]. Un compte qui a plus de 140 millions d’abonnés et qui est un des plus suivis au monde, tant par des individus lambda que par des leaders et personnalités. Si Beyoncé est fortement suivie, elle ne suit, quant à elle, personne sur ce réseau ; maintenant ainsi une position de dominante qui ne souffre d’aucune tentative d’influence [2]. Son compte Instagram est ainsi une extension de sa personne, un lieu maîtrisé qui lui permet de maintenir une position charnière. Elle y fait sa promotion, y montre ses causes, bref, y construit et y soutient son image.
Pour décortiquer ce compte, je vais m’appuyer sur trois grilles subjectives, qui m’aideront à voir les éléments récurrents et distinctifs de cette page prisée.

1. Un look, une image bicéphale

Faisant partie des dix personnes les plus suivies sur la toile, notamment sur le compte Instagram, Beyoncé ne déroge pas à la tentation de l’exposition de soi. Elle profite donc de sa popularité et du rayonnement qu’elle génère afin de montrer un look vestimentaire qui oscille entre plusieurs féminités. Tantôt une approche ultra féminine et classe, tantôt une autre plus lâche et proche de l’image de la « bad bitch »[3]. Cette bicéphalie tend à rendre crédible les propos qu’elle avait elle-même donnés, qui laissaient entendre qu’elle avait un alter ego. Il y avait donc une 1) Beyoncé, plus calme et une 2) Sasha Fierce, plus rebelle.
Le corps de la chanteuse y est montré en accentuant la focale sur des parties récurrentes que sont les jambes[4], le derrière mi stéatopyge, la chevelure abondante, la poitrine très suggestive[5], les hanches marchées[6]. Un corps qui existe pleinement car il est le moyen de créer du revenu. Si la chanteuse n’en fait pas des tonnes comme certaines autres it-girls, elle n’en oublie pas moins de se rappeler de sa puissance de suggestion. 
Car le compte Instagram de Beyoncé ne parle pas vraiment. Sauf en de rares occasions comme des temps de promotion, des deuils de personnalités, des anniversaires de proches. La chanteuse parle par l’image, et délaisse ses fans, sans liker, commenter ou suivre qui que ce soit. Elle impose ainsi un monologue car elle ne permet pas d’échanges possibles avec sa communauté, qui ne semble pas s’en offusquer.
La présentation du corps chez Beyoncé (sur son compte Instagram) semble avoir évolué pour être de plus en plus affranchie. La star s’autorise des poses osées, qui rappelle une femme légère voire lascive, et cela est associé à une image de madone, de royauté. Cet entre-deux paralyse parfois le jugement et semble créer un doute dans le positionnement de l’interprète de Crazy in love. Car oui, Beyoncé parle aussi bien au bas peuple qu’aux royautés et personnes d’influences, ou du monde politique. Et c’est sans doute à ces publics éclatés qu’elle s’adresse.

2. Un format épuré

Le compte Instagram de Beyoncé est maîtrisé de bout en bout. Il ne permet pas de lire une faille[7]
La communication y est contrôlée, et perpétue l’image d’une star concentrée sur des piliers irrévocables : sa passion musicale, son business, sa famille et ses relations. La politique n’y est pas présente, elle ne parle donc pas (sur ce compte) sur des cas de violences policières ou autres brûlots.
Instagram ici réalise pleinement son but de création de rêves. Beyoncé entend donc créer un univers quasi parallèle de perfection. Ainsi, rien ne dépasse, aussi bien la chevelure (ou les tresses), que la peau lissée et huilée, ou encore les tenues de marques et les vidéos millimétrées et calibrées de près. La fragilité est ainsi évitée afin de perpétuer la sempiternelle idée de force, de contrôle, de puissance. En évitant de parler des choses "importantes"[8], ou de laisser entendre une parole spontanée, par le choix (même épars) de photos volées ou non retouchées, Beyoncé refuse d’exister comme humaine, et assume d’être un mythe.Analyse légère de l Instagram de Beyoncé, de ces deux dernières annéesInstagram est l’application-phare de nos jours, elle permet de jauger de la force de frappe des personnalités. Elle adoube des inconnus, elle encense des personnes ou les crucifie. Le règne des likes a entraîné un ajustement chez plusieurs stars. Exister sur la toile est donc devenu le complément non négligeable d’une activité physique, normale. Des artistes du niveau de Beyoncé ne perdent donc pas de vue la nécessité de parler le langage à la mode, et sacralisé. Elle suit ainsi ses fans là où ceux-ci se trouvent, en leur offrant un média qui encourage à la consommation de son image, de sa musique, de sa production. Loin de la presse à scandale, elle produit ainsi sa propre chaîne et donne sa propre actualité.
La star a donc créé une machine à likes. Cette machine a cerné les attentes de voyeurisme, de grivoiserie d’une génération hyper connectée et désirant la pipolisation fast-food.
Elle utilise donc ce média de façade mais aussi esthétiquement abouti, afin d’enclencher chez ses abonnés des habitudes de consommation. Et ce faisant, elle reste et demeure une business woman. Car en plus d’une image d’artiste, Beyoncé entend aussi bâtir un empire financier, aux côtés de son époux surreprésenté sur son compte[9].

3. Un storytelling[10] triple (musique, couple, famille)

Le compte Instagram de Beyoncé est construit pour appâter. Il est purement professionnel. Elle l’utilise pour protéger une image, et produire un storytelling. Aussi va-t-elle y partager des images privées, mais avec mesure, et toujours très travaillées et retouchées.

Le storytelling de Beyoncé s’appuie autour de son idée de famille-relations proches ; de son couple ; et de ses activités professionnelles. Ceci pour harmoniser sa vie via ce triptyque. Elle ordonne ainsi une lecture d’elle, et en propose les angles. Car, contrairement à ces stars qui attendent d’être appelées, définies ; Beyoncé choisit comment elle désire être appelée, vue, interpellée. 

Certainement accompagnée par une équipe de communicants hors pairs, on peut toutefois lire la volonté singulière de l’artiste, via un certain nombre de choix qui se répètent, aussi bien dans l’univers musical, cinématographique et autres.

L’Instagram de Beyoncé est donc important à analyser afin de cerner, malgré la maîtrise, la peur d’une artiste qui désire contrôler (par l’idée de perfection), un message sur elle-même, et sur son histoire.Une analyse de Pénélope Zang Mbapour le blog collaboratif Chez Gangoueus



[1] Pour uneétude approfondie, se référer à ma thèse en ligne : http://www.theses.fr/22432862X[2] Ce qui est faux, au vue des scandales de plagiat dont a souffert la chanteuse.[3] https://www.instagram.com/p/B7Fe2F7nRR1/[4] https://www.instagram.com/p/B7xE48vnHL0/[5] https://www.instagram.com/p/B8FbmSrHgRi/[6] https://www.instagram.com/p/B7kD1w4n0vX/[7] Hormis ce jour oùla star avait involontairement suivi une star de téléréalité.[8] Elle a dû le faire quelques fois mais ce n’est pas pertinent.[9] Et ceci n’est pas une critique.[10] J’analyse le storytelling de Beyoncé dans ma thèse, voire lien plus haut.



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