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Coronavirus : la croisière ne s’amuse plus

Publié le 20 février 2020 par Sylvainrakotoarison

" Japan. Diamond Princess currently held under quarantine at Yokohama port, after somebody who got off the cruise ship in HK on Jan 25 developed symptoms of coronavirus 6 days later. " (Twitter, le 3 février 2020).
Coronavirus : la croisière ne s’amuse plus
J'ai toujours détesté le principe des croisières. Certes, l'avantage économique est indéniable : on fait construire de gros paquebots, et l'industrie française peut même bénéficier de ce genre de commandes dont elle a l'expertise, et on permet à une population pas forcément hyper-riche de jouer les riches sur leur yacht. Les paquebots sont aux HLM ce que les yachts sont aux villas. Toute proportion gardée, car je doute que les bénéficiaires de logements sociaux puissent s'offrir une semaine en croisière.
Mais à part cet intérêt économique (celui qui "corrompt"), je ne vois que des inconvénients aux croisières : des inconvénients pour la planète (les paquebots sont parmi les plus gros pollueurs), des inconvénients pour le tourisme dont la masse signifie l'écrasement ou l'étouffement, des inconvénients pour les habitants visités. Le désastre écologique provoqué par les croisières est assez connu, et il faut y ajouter un désastre civique parfois (quand un capitaine préfère se sauver en cas de malheur, oubliant "les femmes et les enfants"), un désastre urbain (quand un paquebot arrive un peu trop brutalement en ville) et un désastre esthétique terrifiant.
Un exemple parmi d'autres : à Dubrovnik, au sud de la Croatie, le port accueille (ou plutôt accueillait, cela fait déjà plusieurs années que j'y étais allé) de très nombreux paquebots de six, sept, huit étages gigantesques. Parmi les milliers de touristes de croisière, certains ne se donnent même pas la peine de quitter le navire pour visiter cette sympathique cité dalmate et restent sur leurs chaises longues à siroter du pastis et à piquer un ou deux plongeons dans la piscine en plein air (à ce compte-là, autant rester chez vous et trouver une piscine en plein air près de chez vous).
Autre exemple désolant : le Nil est souvent bordé de paquebots pour une croisière allant d'Assouan jusqu'au Caire. Pas facile de connaître les habitants, avec ce genre de vacances.
Mais, bon, business is business, et puis, chacun fait comme il l'entend, si cela se trouve, pour certains, ce sont des lots de tombola ! En revanche, je n'avais pas compté sur un autre inconvénient majeur de faire une croisière : le coronavirus ! Gare au coronavirus en pleine croisière !
Cette épidémie commence à devenir un véritable fléau planétaire. Certes, les statistiques sont faibles, mais la contagiosité du coronavirus découvert à Wuhan est très élevée. Il y a de quoi s'inquiéter. Sa mortalité es beaucoup plus élevée que pour le virus de la grippe et il peut aussi tuer des personnes jeunes et en bonne santé. Le touriste chinois octogénaire qui avait été dépisté le premier à Paris est décédé le 15 février 2020, quelques heures avant la démission de la Ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn pour cause de campagne municipale. C'est la première fois qu'un malade décède hors d'Asie (et la première fois en Europe).
C'est en Chine que la situation est la plus préoccupante et une cinquantaine de millions de personnes sont actuellement confinées sans transports pour éviter l'a propagation du coronavirus. S'il y a un reproche à faire aux autorités chinoises, ce n'est pas d'en faire trop mais de ne pas en avoir fait assez. D'ailleurs, les numéros uns du parti communiste chinois de la ville de Wuhan et de la province du Hubei ont été limogés le 14 février 2020 pour cette raison. Xi Jinping souhaite traiter cette épidémie avec la plus grande efficacité et donc transparence.
Ce mercredi 19 février 2020, hélas, l'épidémie est la cause de déjà plus de 2 000 décès : 2 014 personnes sont mortes du coronavirus (dont 2 006 en Chine continentale), 75 318 personnes ont été atteintes de ce virus (dont 74 187 en Chine continentale) et parmi ces personnes, 15 112 personnes sont guéries et hors de danger (dont 14 926 en Chine continentale).
Le fléau reste donc principalement chinois, mais la forte mondialisation de la Chine a fait que de nombreuses personnes infectées ont voyagé avant l'alerte donnée et ont contaminé les pays qu'ils ont visités.
Dans un tel contexte, une croisière en Asie est fort peu recommandée. Ainsi, le paquebot MS Westerdam n'a, initialement, trouvé aucun port acceptant de l'accueillir. Puis, finalement, le Cambodge l'a accepté, si bien que le paquebot a accosté le 14 février 2020 à Sihanoukville. 1 274 passagers ont débarqué en deux jours et sont repartis dans leurs pays respectifs avec leurs propres moyens de transports (avion, etc.). Le problème, c'est que le 16 février 2020, la Malaisie a dépisté une personne atteinte du coronavirus. Or, aucun dépistage ni mise en quarantaine n'a été fait sur l'ensemble des voyageurs qui pourraient donc contaminer leurs proches rapidement.
Le MS Westerdam avait quitté Hong Kong le 1 er février 2020 avec 2 257 personnes à bord (dont 802 membres d'équipage). La croisière devait se faire au Japon et à Taiwan mais le Japon a refusé sa présence du paquebot dans ses ports. Les 983 passagers restés à bord du MS Westerdam ont été mis en quarantaine et sont actuellement en cours de dépistage. Il faut quatorze jours (le temps d'incubation du coronavirus) pour savoir si une personne isolée a été infectée ou pas.
Coronavirus : la croisière ne s’amuse plus
La situation était cependant nettement plus préoccupante pour un autre paquebot, le Diamond Princess. Heureusement, le cauchemar va commencer à s'achever ce mercredi 19 février 2020 après quatorze jours de quarantaine, avec le débarquement des premiers passagers non contaminés au Japon (500 sont attendus cette semaine). À ce jour, 621 personnes ont été infectées du coronavirus dans le paquebot, et il est probable que ce nombre sera à la hausse dans les jours prochains. C'était un scénario catastrophe au fil de l'eau.
Ce paquebot mis en service le 27 mai 2004 de près de 300 mètres de longueur a une capacité de 3 922 passagers (dont 1 238 membres d'équipage). Ce monstre marin faisait croisière au départ de Yokohama le 20 janvier 2020, pour aller au Vietnam, puis à Taiwan, puis retour au Japon.
Une première alerte a eu lieu le 1 er février 2020 avec le dépistage d'un homme ayant les symptômes de la maladie COVID-19 (la pneumonie du coronavirus de Wuhan, le SARS-CoV-2) qui avait débarqué à Hong Kong le 25 janvier2020. Mais, après une quarantaine à Okinawa (une île japonaise), le bateau est reparti le 3 février 2020 tandis qu'au moins dix personnes parmi les 3 711 passagers (dont 1 045 membres d'équipage) ont été diagnostiquées positives au coronavirus le surlendemain.
Résultat, dès le 4 février 2020, le gouvernement japonais (alors que le Diamond Princess était encore dans les eaux territoriales japonaises) a décidé de confiner le paquebot au port de Yokohama, dans la baie de Tokyo, pour une quarantaine de quatorze jours. Le paquebot a pu s'approcher du port pour être ravitaillé et pour exfiltrer les personnes malades et les faire hospitaliser.
Le 5 février 2020, dix autres personnes ont été diagnostiquées positives. Ce fut un véritable cauchemar. Chaque jour, l'épidémie prenait de l'ampleur dans le bateau malgré les conditions strictes (confinement dans les cabines, parfois sans fenêtre, masque et gants pour servir les repas, etc.), jusqu'à atteindre 621 personnes détectées positives au coronavirus le 19 février 2020. Parmi les passagers contaminés se trouvaient quatre Français. Pour passer le temps, les réseaux sociaux ont fonctionné énormément avec beaucoup de témoignages et de vidéos.
Chaque jour, le nombre de personnes contaminées progressait. Le problème était que le nombre de personnes testées chaque jour était limité à 300. Le journal "Ouest France" qui a publié ce 19 février 2020 un reportage intéressant sur cette croisière infernale avait eu ce témoignage d'un passager : " Une des raisons pour lesquelles il n'y a pas de mouvement de panique découle de la gestion de la situation par le capitaine. Il fait des annonces régulièrement, répond aux autres demandes des passagers et s'excuse pour les délais de distribution de médicaments. ".
Comment ne pas être contaminé dans un paquebot alors qu'il y a une centralisation des fluides : air, eau, eaux usées, etc. Toutes les cabines sont effectivement communicantes les unes avec les autres. La progression de l'épidémie était impressionnante, ce qui a encouragé certains pays à organiser le rapatriement de certains de ses ressortissants, comme les États-Unis le 17 février 2020 (300 Américains évacués dont 14 contaminés), également le Canada et l'Australie.
La malheureuse expérience du Diamond Princess fera probablement l'objet d'études ultérieures pour analyser ce qu'il ne conviendrait pas de faire. L'une des explications du problème fut sans doute le décalage entre la date de la contamination et la date du dépistage positif au coronavirus. Au bout de neuf jours, seules 710 personnes avaient été testées soit seulement 19% du total des passagers.
Nul doute que cette sombre expérience fera l'objet d'une fiction dans le genre "La Tour infernale"... à moins que Françoise Sagan, du haut de son Olympe, ne réécrive son superbe roman (le meilleur à mon sens) "La Femme fardée" que je conseille de lire, si le confinement dans une cabine sans ouverture à la lumière naturelle continuait à s'éterniser.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (19 février 2020)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Coronavirus : la croisière ne s'amuse plus.
Le docteur Li Wenliang, lanceur d'alerte de l'épidémie de coronavirus.
Le coronavirus de Wuhan va-t-il contaminer tous les continents ?
L'apocalypse par l'invasion de paléovirus géants ?
Le virus de la grippe A(H1N1) beaucoup plus mortel que prévu.
" Estimated global mortality associated with the first 12 months of 2009 pandemic influenza A H1N1 virus circulation : a modelling study" ("The Lancet", 26 juin 2012).
Publication d'origine sur le Mollivirus sivericum du 08 septembre 2015 (à télécharger).
L'arbre de la vie.
Découverte du virus du sida.
Vaccin contre le sida ?
La grippe A.
Un nouveau pape de la médecine.
Coronavirus : la croisière ne s’amuse plus
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20200219-coronavirus-croisiere.html
https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/coronavirus-la-croisiere-ne-s-221672
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/02/14/38023155.html


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