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Nos amis les hommes. 7/03/2020

Publié le 07 mars 2020 par Toiletteintime @toiletteintime
Ah on a connu des débuts d’année moins festifs ! Entre les incendies australiens, les tempêtes aux noms plus ridicules que dans une cour d’école, l’acquittement de Trump, la libération de Balkany et la défaite du PSG à Dortmund, et avec ces histoires de harcèlement chez les patineuses et le coronavirus sur le Diamond Princess, on se disait qu’on allait enfin prendre les décisions radicales : interdire à jamais le patinage artistique et les croisières !

Du coup on s’était pris d’affection pour la bite de Griveaux, avant que son membre facétieux et sa candidature à Paris ne soient retirés simultanément. Dans une effusion de réactions à chaud, comme la toile en compte désormais beaucoup trop depuis l’invention du tweet libérateur, on se devait alors d’être pro Griveaux ou pro Pavlenski pour briller en société. Mais l’on pouvait s’en branler copieusement, à peu près autant d’ailleurs que la campagne des municipales à Paris, où chacun y allait de ses arguments aussi verdoyants que farfelus pour ramener le citoyen radioactif à sa cause écologique aussi sincère que spontanée.

A peine le temps de faire connaissance avec le sympathique couple franco-russe, qu’on en oubliait presque de se lamenter sur le retour en disgrâce de François Fillon, cloué par les couilles lui aussi, mais par sa propre femme, cette même sorcière qui lui coutât l’état. Comment peut-on tomber plus bas ? Même les Balkany, condamnés à nouveau à de la prison ferme se pavanaient encore à l’air libre au nez et à la barbe de la décence, qui n’a jamais dû mettre les pieds dans le 92.

Puis vint la soirée des Césars. Et là, en 2020, dans un pays encore traumatisé par la guerre (on fait des stocks de pâtes et de farine en attendant la fin de la pandémie, tout en critiquant ces cons d’américains qui vivent dans de bunkers sous-terrain en cas d’attaque de martiens ou de communistes !), il fallait choisir son camp !! Parce qu’en France, on ne peut pas décemment aimer les films de Polanski et défendre la cause des femmes, on ne peut pas apprécier une comédie française et adorer quelques films de Godard ou Varda, on ne peut pas être chanteur et comédien, aimer l’OM et le PSG, être blanc ET noir, comme à peu près tout individu sur cette Terre. Il faut être Charlie, ou rien du tout…Quelle petite mentalité étriquée ! Qui ne donne finalement qu’une image pathétique de ce pays de lumières depuis bien longtemps éteintes…Oui on peut aimer certains films de Polanski, les vannes de Foresti, le courage d’Haenel, les mots de Despentes ou ceux de Patrick Eudeline. Il y a une part de vérité chez chacun d’entre eux. La domination masculine est insupportable en 2020 mais le féminisme intégriste l’est tout autant. Les extrémistes n’ont jamais apporté que de la division dans n’importe quel domaine…On n’oubliera par ailleurs les sorties braillardes, toutes bites en avant, de la meute masculino-machiste des chroniqueurs télé élevés au foot, à la bière et à Gabriel Matzneff, pendant que maman préparait à manger en attendant papa : Beigbeder, Praud, Naulleau, Zemmour jusqu’au geste de délation imparable d’Hanouna, tout fier de balancer le salaire de Foresti en grand justicier vertueux et avocat dévoué à la maison Bolloré. Où l’on comprend surtout que les combats féministes devront d’abord s’affranchir de la télé de beaufs pour se faire entendre durablement.

Le problème ici n’est ni celui des femmes, ni celui des exactions commises (il y a des tribunaux pour ça) , mais toujours le pouvoir, ce besoin viscéral de domination qui rend les hommes si pitoyables depuis qu’ils s’élèvent dans les sphères politiques, artistiques ou professionnelles en écrasant les autres. Et l’on peut écouter Noir Désir, lire Céline, regarder des photos d’Hamilton (le pédophile pas le pilote de F1) et aimer Morrissey en ayant un cœur malgré tout. Et qui sait comment on évaluerait aujourd’hui les œuvres d’Hitler s’il n’avait été que peintre ? Tout ça pour s’apercevoir juste que les Césars est une remise de prix boursouflée, à l’entre-soi détestable, plus du tout drôle depuis longtemps, dont le grand public et le box-office se foutent royalement.

Surtout que pendant ce temps le monde continue de brûler tranquillou et que des gens s’enrhument en mangeant des nems et des pizzas. Les chaines d’infos et la presse sont aux anges. Les gens ont peur, enfin, et aucun musulman n’est impliqué pour une fois !! Certes il y a des morts, plus de 50 pays sont touchés, même la Suisse, c’est dire la gravité du truc. Mais pendant qu’on panique devant Pernault, 385 personnes meurent chaque jour en France d’un cancer, 190 du tabac, 125 de la pollution de l’air, 105 de l’alcool ou d’un AVC sans que cela ne semble faire changer les habitudes de chacun. On focalise là-dessus 24/24 et la paranoïa gagne le rangs. C’est fascinant, mais c’est un peu comme se concentrer sur les femmes enceintes, les Toyota Prius ou les mecs en survet/bananes en bandoulière dans la rue : au bout d’un moment tu ne vois plus que ça ! Ca peut rendre cinglé. Mais du coup le 49/3 passe crème…Certains se rendent enfin compte que la retraite dans 25 ou 40 ans est un concept ambitieux alors que l’on ne sait pas si on pourra passer l’hiver…Alors on s’en remet à Dieu, comme souvent quand on n’a pas confiance en la médecine ou dans le gel hydroalcoolique. Dans certaines églises on a retiré l‘eau bénite pour éviter le propagation…Un bon début. Reste plus qu’à retirer les bibles pour éviter celle des mensonges et des idées rétrogrades dans l’esprit de certains.

Le monde va s’arrêter de vivre, le capitalisme aussi. Ca risque d’être aussi surprenant qu’apaisant ! Mais le chômage technique sera bien plus violent pour les entreprises ou les promoteurs de spectacles que pour les croque-morts, pour qui rien ne change vraiment ! Et l’annulation de certains concerts de Maitre Gims tend également à faire baisser la pollution sonore ambiante.

Le monde va enfin apprendre à ralentir son rythme, à reprendre son souffle et la planète va respirer de nouveau. Un mal pour un bien. Malheureusement éphémère, comme toutes belles choses que l’homme a croisé à un moment sur son chemin. On n’apprend rien du passé, ni des leçons que la nature nous donne, et les masques que l’on porte depuis des siècles ne nous protègent pas des bactéries, mais nous empêchent seulement de voir les choses avec lucidité.

Nos amis les hommes. 7/03/2020


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