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#2020RacontePasTaVie - jour 69, Il Tintoretto

Publié le 09 mars 2020 par Aymeric

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Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais j’ai une passion pour le Tintoret.

(Que je préfère appeler Il Tintoretto ; je ne parviens pas toujours à lutter efficacement contre ma tendance au snobisme, ni au ridicule parce que je le prononce généralement en forçant l’accent italien.)

Ma culture picturale est très médiocre.
Je n’ai, d’une manière générale, pas grand sens du visuel – un effet de ma mauvaise vue, sans doute – et l’art plastique ne m’inspire pas grand chose de plus que des « j’aime », « j’aime pas » jamais vraiment justifiés et même pas forcément permanents.

Je fréquente tout de même un peu les musées – je crois bien vous en avoir déjà parlé – mais ces visites ne m’ont guère donné qu’une connaissance superficielle faite de cinq ou six noms d’artistes ou d’œuvres à citer.

Et puis je suis allé à Venise.
En plus d’y être tombé – comme à peu près tout le monde il me semble – amoureux de la ville j’y ai vécu la plus grande et, à ce jour, peut-être la seule (quoique, Gerhard Richter…) révélation esthétique de ma vie.
C’était lors de la visite de l’Accademia, l’occasion de tenter d’augmenter un peu ma collection de noms propre tout en sacrifiant à la visite d’un des immanquables de l’endroit.
Là, L’Enlèvement du corpsde Saint-Marc m’est apparu et m’a retenu je ne sais même plus combien de temps, comme cela ne m’était jamais arrivé jusqu’alors.

Je me souviens même être revenu sur mes pas plusieurs fois, après avoir progressé dans le musée, jusqu’à très peu de distance de la sortie, pour repasser un peu de temps en compagnie du tableau que je n’arrivais pas à quitter.

Le lendemain et durant toute la suite du séjour (ainsi que lors des suivants) j’écumais les fort nombreuses églises où se trouvaient des tableaux du peintre.
Une orgie de peintures comme je n’en avais jamais faite et avec une avidité jamais rassasiée.
Je me suis rempli les mirettes de contre-plongées folles de dynamisme, de compositions invraisemblables comme sorties du cadre pour venir vous happer, de corps au relief semblant sortir davantage d’un burin que d’un pinceau.

A propos de pinceau, j’ai compris, à force de les observer, ce qui dans ses tableaux m’hypnotisait par dessus tout.
Ce sont ses traits blancs ou clairs vites jetés, dans un geste presque à la Pollock et qui, rajoutés en dernier sur la toile introduisent une lumière qui se jette en éclat sur le spectateur.
Sartre, dans Le Séquestré de Venise, un texte qu’il consacre au peintre, parle de « Tintoret la foudre ».


A ce propos mon affection soudaine, et pas démentie depuis, pour Le Tintoret m’a poussé à retourner vers l’un des auteurs qui me tombe le plus des mains : Jean-Paul Sartre, vous l’aurez peut-être compris.
Et tout passionné par le sujet que je pouvais être j’ai pourtant aussi abandonné Le Séquestré de Venise au bout de quelques pages et de bien plus de soupirs.
Je ne m’explique pas cette totale incompatibilité avec Sartre. Enfin si, je pourrais sans doute le faire, l’expliquer, mais le temps presse et votre patience s’use.


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