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Jekyll - le pilote

Publié le 28 juin 2007 par Heather

Diffusée sur : BBC1 (Grande-Bretagne)
Depuis le : 16 juin 2007

Avec qui ?
James Nesbitt, Gina Bellman, Denis Lawson, Michelle Ryan, Meera Syal.

Ca parle de quoi ?
C'est une version moderne du personnage de Jekyll et M. Hyde. Les deux vivent aujourd'hui plus ou moins en harmonie. Cependant, Hyde ne sait pas que son alter ego a une famille pour laquelle il ferait tout pour la protéger de son côté sombre. Pour cela il s'entoure des dernières technologies permettant de protéger sa femme et ses deux enfants. Mais le secret de Jekyll est malheureusement connu d'une très vieille organisation qui le surveille. Bientôt elle active un plan qui va mettre sa vie en danger.
Le retour du Dr Jekyll n'est pas un accident...
(Annuseries & BBC.co.uk)

Avis
Nul besoin de rappeler l'histoire du Dr Jekyll et de Mr Hyde, notoirement connue, que ce soit à travers la nouvelle de Robert Louis Stevenson ou via les multiples déclinaisons cinématographiques. La BBC a décidé de nous offrir une ré-écriture moderne de ce mythe, confiant la tâche à Steven Moffat, un scénariste de plusieurs épisodes de Doctor Who, à qui l'on doit notamment 'Blink' pour cette saison 3.

Ce pilote (six épisodes commandés) se révèle des plus convaincants. Il s'ouvre sur le docteur Jackman qui demande l'aide d'une psychiatre. Il s'agit d'arranger une situation intenable qui a commencé il y a six mois de cela, et qui va en se dégradant pour le docteur Jackman. Une trêve précaire s'est installée avec son alter ego 'maléfique', fondée sur une surveillance mutuelle servie par la technologie. Si Hyde tue quelqu'un, le docteur Jackman lui a assuré qu'il se livrerait immédiatement. A l'opposé, le docteur s'est engagé à ne pas partir en quête d'un remède, sinon Hyde se fera sauter la cervelle. C'est donc un équilibre très précaire qui règne. La communication entre les deux êtres se fait grâce à un dictaphone.

Dès le début, on est immergé dans une ambiance inquiétante et irréaliste, jouant parfaitement sur la dualité des deux personnages centraux. Dans un premier temps, la série s'intéresse plus particulièrement au docteur Jackman, à ses inquiétudes devant ses trous noirs et sa perte de contrôle, et surtout à sa crainte que son alter ego n'apprenne pour sa famille. C'est à travers lui que les scénaristes veulent nous faire appréhender l'invasion de Hyde et sa perte de contrôle. Il apparaît comme l'original tandis que l'être émergeant est le mauvais côté qu'il pourrait avoir à l'état pur, nous engluant inconsciemment dans les méandres tortueux de la psychanalyse. Pourtant, aussi piégé que Jackman puisse être, le flegme britannique joue à merveille et prête à sourire à maintes reprises. Comme lorsqu'il revient à lui dans un hôtel pour prostituées et tempête contre Hyde qui, juste une fois, pourrait bien lui dire où il s'est garé !

Au fur et à mesure que l'on progresse dans l'épisode, on découvre également Hyde. Qualifié d'"enfant violent" par certains -avec une obsession manifeste pour la structure hiérarchique des lions-, ses humeurs semblent pourtant ne pas échapper à son contrôle. A plusieurs reprises à la limite de franchir la ligne jaune, prêt à tuer cet agresseur au couteau, mais les scénaristes jouent sur l'imaginaire du téléspectateur que ce personnage incontrôlable qu'il a sous les yeux renforce. On associe Hyde au pire, et à chaque fois que l'image disparaît, ne nous laissant pas entrevoir la fin de la confrontation en cours, on songe instinctivement au pire. Pourtant, à chaque fois, nos craintes sont démenties. Une façon habile de jouer avec nos nerfs, mais également avec les nerfs de Jackman. Car ce qui devait finir par arriver arrive : Hyde découvre l'existence de sa famille, le point sensible sur lequel aucune discussion n'est possible avec Jackman qu'il pousse dans ses derniers retranchements.

Cette constante lutte, cette dualité si marquée, est très bien retranscrite. Leurs différences de caractère comme leur différence de situation conduit à des réactions spécifiques, chacun finalement parfaitement dans son rôle. Jackman perd peu à peu pied, tandis que Hyde s'affirme. Il prend le contrôle plus souvent, il franchit les défenses de Jackman... Aussi bien écrit que cela puisse être, il convient de souligner l'excellente performance de James Nesbitt (Jekyll/Hyde), qui m'avait bluffé il y a quelques années dans le film Bloody Sunday, et qui maîtrise encore une fois parfaitement son sujet et la dualité entre le Dr. Jackman et Hyde. Ce sont véritablement deux personnages distincts que James Nesbitt parvient à incarner tour à tour avec classe, sans qu'il soit possible de confondre les deux tant chaque jeu de l'acteur est spécifique à une seule des personnalités. Le contraste est saisissant.

Enfin, pour compléter le tableau, modernisant le concept tout en aiguisant la curiosité du téléspectateur, une mystérieuse organisation semble en savoir beaucoup, faisant suivre Jackman et refusant que d'autres s'intéressent trop à lui -telle la détective privée engagée par sa femme inquiète. Mais ils n'établissent le contact qu'avec Hyde, réclamant un droit sur lui qui le conduit à les faire passer par la fenêtre du bar avant de s'enfuir. Qui sont-ils et que veulent-ils précisément ? Ils paraissent tout savoir de la situation. Jackman enquête aussi de son côté, mais avec ses moyens. La détective privée, initialement engagée par sa femme, partie s'installer au vert, lui révèle une troublante ressemblance physique avec un certain Dr Jeckyll, qui aurait inspiré au siècle dernier Stevenson pour écrire son fameux livre. Sont soulevées suffisamment de questions pour que le téléspectateur se prenne rapidement au jeu de ces mystères.

Bilan : Jekyll apparaît comme une série très caustique, à la fois dramatique et/ou drôle, dédoublant les sentiments du téléspectateur tout autant que la personnalité du Dr Jackman. C'est aussi une série typiquement britannique, maniant avec délectation cet humour noir très convaincant. Par conséquent, cela vise sans doute un public averti, amateur du genre. Mais ce premier épisode s'est révélé plus que convainquant, soulevant nombre d'interrogations et de mystères qui aiguisent la curiosité du téléspectateur. Une fiction qui semble très intéressante. A suivre !

Pour un aperçu, la bande-annonce de la BBC : 

A noter enfin que la série a d'ores et déjà été achetée par Canal+ qui, comme toujours, témoigne de son attrait pour les fictions britanniques.


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