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La Musique d’Une Vie, d’Andreï Makine

Par Etcetera

La Musique d’Une Vie, d’Andreï Makine

J’ai voulu lire ce roman d’Andreï Makine pour le défi de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran, et puis je me suis rendu compte que cet auteur est français depuis bien longtemps (1996), lui qui a reçu le Prix Goncourt en 1995 et qui a été élu à l’Académie Française en 2016.
D’un autre côté, cette histoire a pour cadre l’Union Soviétique de Staline et porte sur l’histoire et le peuple russes un regard très familier et solidaire, fraternel.
Je laisse donc à Eva, Patrice et Goran le soin de décider si La Musique d’une Vie peut participer au défi …

Voici la Quatrième de couverture :

Au cœur de la tempête, dans l’immensité blanche de l’Oural, des voyageurs transis attendent un train qui ne vient pas. Alors que s’étire cette nuit sans fin, un vieux pianiste remonte le fil de son histoire, des prémisses d’une grande carrière au traumatisme de la guerre.
Guidés par une musique intérieure, les souvenirs d’Alexeï nous révèlent la force indomptable de l’esprit russe.

Le début de l’Histoire :

Dans une gare, la nuit, le narrateur rencontre un homme déjà assez âgé, un pianiste, qui lui raconte son histoire. Dans sa jeunesse, pendant les années 30, il était promis à un brillant avenir de concertiste mais la répression stalinienne a fait dévier son destin d’une manière bien différente. Il a dû se cacher pour échapper à une arrestation. Puis, au moment de la guerre, il a usurpé l’identité d’un soldat mort et a endossé ce destin militaire avec courage. Il était contraint d’oublier son passé, la musique, sa famille – autant d’éléments qui auraient pu trahir sa vraie identité et l’envoyer pour longtemps au goulag. Il s’est habitué aux horreurs de la guerre, a appris à ne pas trop s’attacher aux êtres et aux choses. (…)

Mon Avis :

C’est un livre très dur, réaliste, mais que l’écriture ciselée et poétique rend malgré tout très agréable. Dans ce roman, les paysages sont hostiles, le pouvoir politique est implacable, et les êtres humains sont marqués par l’égoïsme et la froideur. Le personnage principal du vieux pianiste a renoncé à être lui-même pour survivre, s’est renié lui-même en tournant le dos à son talent, et on ne peut s’empêcher de penser que sa vie est absurde, en tout point opposée à celle qu’il devrait mener normalement. C’est bien sûr le Cours de l’Histoire – la terreur stalinienne, puis la deuxième guerre mondiale – qui a broyé cet homme, sa carrière et sa vie affective. Mais cette histoire tragique nous est contée sans aucun pathos, et même avec une douceur d’autant plus poignante.
Un beau et grand roman, que je conseille chaudement !

***

Extrait page 48 :

Alexeï quittait l’allée principale pour prendre un raccourci quand soudain se détacha d’une rangée d’arbres une silhouette qu’il reconnut tout de suite : leur voisin, un retraité qu’on voyait souvent assis dans la cour, penché sur un échiquier. A présent, il avançait d’un pas pressé et bizarrement mécanique, venait droit à sa rencontre et, pourtant, semblait ne pas le remarquer. Alexeï s’apprêtait déjà à le saluer, à lui serrer la main, mais l’homme sans le regarder, passa outre. C’est au tout dernier instant de cette rencontre manquée que les lèvres du vieillard bougèrent légèrement. Tout bas, mais très distinctement, il souffla : « Ne rentrez pas chez vous. » Et il marcha plus vite, tourna dans une étroite allée transversale. (…)


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