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Croissance ou décroissance ?

Par Richard Le Menn

Croissance ou décroissance ?

Grande image d'Épinal représentant Saint-Martin, alors chevalier romain, partageant son manteau avec un mendiant. Il s'agit de l'épisode le plus marquant et le plus représenté de la vie de ce personnage qui est resté pendant des siècles le saint-patron de la France, comme quoi le vêtement occupe une vraie importance dans ce pays.

Lorsque je travaillais, je me suis acheté plusieurs costumes. Quelques années plus tard, non seulement ceux-ci n'étaient plus à la mode, mais surtout je me suis rendu compte qu'ils étaient faits de matières synthétiques mélangées à de la laine. Je pensais qu'ils étaient bien, mais aujourd'hui je ne sais pas quoi en faire. Et c'est le cas pour la plupart des vêtements que je possède. Dorénavant, je préfère être mal habillé que de ces nippes polluantes. On étouffe littéralement sous une production de mauvaise qualité... et pas seulement d'habits.

Du coup, cela fait des années que je n'ai pas acheté de vêtements, ou très peu. D'abord, je le répète, je trouve que le prêt-à-porter vend généralement de la mauvaise qualité, même si en apparence cela ne le semble pas, et des habits de série, mal ajustés à la personnalité... Ils sont souvent constitués de plastique et autres matières synthétiques qui font de ces tissus modernes des polluants. Enfin c'est de la daube ! Dernièrement, j'ai tout de même enfreint la règle précédemment évoquée : Ma robe-de-chambre tombant en lambeaux, j'en ai achetée une autre. Pendant quelques semaines, j'avais l'intérieur d'une narine qui me grattait fortement, ce qui était désagréable. Il m'a fallu du temps pour comprendre d'où venait cette allergie : de ma nouvelle robe de chambre, soi-disant 100 % coton. Dès que j'ai arrêté de la mettre (je l'ai jetée) mon mal s'est évaporé ! J'ai repris ma vieille robe de chambre pour finir l'hiver...

Essayons de moins consommer, et d'acheter des habits moins nombreux mais de qualité. Et si nous ne le pouvons pas, et bien promenons-nous tous nus !... Non, bien sûr... les habits ont aussi un rôle protecteur ; et si nous voulons qu'ils gardent cette fonction, ne choisissons pas ceux qui nuisent à notre environnement autant qu'à nous-mêmes.

Croissance ou décroissance ?
Croissance ou décroissance ?

Le titre de cet article est une fausse question. Aujourd'hui, quand on parle de croissance, il s'agit de croissance de la pollution, des multinationales, des articles de mauvaise qualité, de la bêtise, de l'horreur... enfin de ce qui nous fait, à nous et l'environnement, du mal en général. Cette croissance-là est de la folie.

La définition du terme de " consommation " liée au commerce, ne se trouve pas, semble-t-il, dans Le Dictionnaire de L'Académie française avant la cinquième édition de 1798. Il est sûr qu'il faut arrêter de se laisser berner à consommer toujours davantage, de plus des marchandises de mauvaise qualité. De nos jours, l'acheteur doit faire attention à tout : à bien regarder les étiquettes, choisir méticuleusement où il se fournit, etc. Cela n'est pas non plus normal. Un proverbe chinois, que j'ai lu il y a de cela plusieurs années mais qui m'a marqué, dit que si le producteur doit utiliser ses deux yeux, le vendeur au moins un œil, l'acquéreur lui doit pouvoir acheter les yeux fermés. À notre époque où tout est sens dessus dessous, où l'on marche sur la tête, c'est le contraire, chacun doit faire extrêmement attention. Là aussi on est très loin de l'esprit français, et du commerce qui a fait pendant longtemps la réputation de ce pays, où producteurs et vendeurs étaient des gens de confiance privilégiant toujours la qualité. Les commerçants ayant pignon sur rue étaient de ce genre-là. Aujourd'hui, ce sont surtout des grandes enseignes internationales qui déversent à la vente des monceaux de détritus.

Croissance ou décroissance ?

" Vêtir les Nus. " Dessin et gravure d'Abraham Bosse (vers 1602 - 1676). Sixième numéro d'une suite de sept estampes sur Les Œuvres de Miséricorde éditées par " leBlond ". Celle-ci porte sous son titre, le texte suivant : " Par un effet assez connu, / L'Homme, vrai sujet de misère ; / Sortant du ventre de sa Mère, / Entre dans le Monde tout nu. // Pour s'exempter de la froidure, / Il se couvre contre ses maux / De la laine des Animaux, / Et s'échauffe avec leur fourrure. // Mais comme par la Pauvreté / Toutes choses lui sont contraire ; / Il peut manquer des nécessaires, / Et se voir dans la nudité. //Alors par un soin véritable, / Il faut que charitablement, / Tu l'assistes de vêtement, / Prenant pitié de ton semblable. "

Dernièrement, je me demandais pourquoi je ne remarque jamais de gens sages ? La folie règne, et de manière mondiale (voir ici), chez les dirigeants et chez la plupart des personnes qui se comportent comme des moutons, près à se faire tatouer leur numéro de série si on le leur demande. Sans doute est-ce parce que le sage a une conscience aiguë de sa nature humaine, de sa fragilité, et qu'il ne s'étale pas sans pudeur comme le font les autres. De plus, il est avant tout, peut-être, un chercheur de sagesse, un amoureux de celle-ci comme l'indique l'étymologie du mot " philosophe " : φιλόσοφος, philó " celui qui aime " sophos " la sagesse ". Prenons l'exemple de peut-être le plus connu d'entre eux, Socrate (Ve siècle av. J.-C.) : celui-ci n'a jamais rien écrit, et n'a même jamais expliqué aux autres ce qu'était la sagesse ; il la cherchait, posait des questions, avançait en essayant de l'atteindre et en affinant la perception de ses interlocuteurs.

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