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La fille qui commençait un élevage d’Escherichia coli dans sa voûte capillaire

Par La Chose

La fille qui commençait un élevage d’Escherichia coli dans sa voûte capillaire

Chère Frida,

Au sixième jour de confinement, tout baigne.

Mais sauf qu’en fait, il y a quand même un truc auquel j’avais pas trop pensé au début et qui, du coup, m’angoisse un peu.

C’est le coiffeur.

Déjà, quand Phlemgon descend le matin, on lui demande de faire très attention à pas se cogner la tête quelque part, rapport aux oeufs d’hirondelles qui doivent être planqués bien au chaud. Ca la fait pas trop rigoler, mais nous si (on est pas des bons parents, le père Paul nous le disait déjà quand Phelgmon avait 7 ans et qu’elle était à Sainte-Fistule, et qu’elle dessinait des zombies qui faisaient « Aaarhhhh » et qu’elle écoutait Metallica, et ça faisait plein d’histoires avec les autres parents qui montaient à Paris pour la Manif Pour Tous).

Sauf qu’à force de me foutre de sa gueule, j’ai bien vu que Loutre me regardait en coin, comme quelqu’un sui serait au courant d’un truc très, très important, et pas moi (j’appelle ça LE REGARD, et j’aime pas quand Loutre fait LE REGARD, ça me donne envie de faire pipi dans ma culotte ou de me repasser en boucle « Il tua son petit frère » de Bérurier Noir).

Et puis ce matin j’ai réalisé, et j’ai un peu paniqué.

Parce que moi c’est pareil en fait, si je me fais pas couper les cheveux avant le 10 mars, je risque de plus pouvoir passer les portes dans ma maison.

Le truc c’est que j’ai des cheveux qui poussent en HAUTEUR et pas en LONGUEUR.

C’est très pratique pour chourrave dans les magasins parce que tu peux cacher plein de choses dedans.

C’est aussi très chouette quand tu es invité dans les soirées costumées ou à thèmes, parce que tu peux arriver avec une robe de drag-queen à paillettes et rien d’autre, et tout le monde pense que tu imites Gloria Gaynor et tu reçois plein de félicitations et d’admiration qui font frissonner ton ego (à défaut d’avoir passé ton permis du premier coup) (je t’ai dit que je l’ai loupé sept fois ?) (ça reste une blessure profonde dans le dedans de mon âme).

Mais là j’ai personne à qui soutirer de l’admiration, seulement Phelgmon (qui passe ses journées à dessouder des goules sur « Fallout 4 ») et Loutre, qui commence à pouffer (dans son coude) dès que j’arrive (et du coup ça ravive la blessure de mon âme, rapport au permis de conduire et aussi à la fois où j’ai spoilé le final de « Game of Thrones » en public et où j’ai perdu toutes mes relations sociales) (même le Claude, qui est un agriculteur à la retraite qui vit tout seul au lieu dit « Le Bec de Lièvre » et qui ressemble à Boris Karloff si Boris Karloff avait eu un strabisme divergent, il m’a plus jamais adressé la parole depuis).

J’ai bien pensé à demander à Loutre d’acheter une tondeuse pas chère et de me dépanner, mais elle ses yeux ont brillé comme ceux d’un beauf qui vient de gagner au Loto, et j’ai eu très peur.

Voilà, donc je suis coincée à 6 kilomètres de deux salons de coiffure fermés, entre une débile légère qui commence à ressembler à Marge Simpson et qui me demande si elle peut se raser la tête / se brûler le sourcil gauche / avoir un axolotl / se piercer la narine avec une baguette chinoise de chez Phô Ming, et une intelligence supérieure qui complote pour prendre le contrôle de mon domaine capillaire et me réduire à l’état de sous-merde qui ressemblerait à David Carradine dans « Kung Fu » (période moine Shaolin, dans l’épisode pilote « La voie du Tigre, le signe du Dragon », octobre 1972).

Si tu connais un coiffeur par correspondance, je te supplie de me donner ses coordonnées.

Je t’embrasse. Je t’aime. J’ai peur.


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