Magazine Maladies

Comment traiter les allergies

Publié le 02 avril 2020 par Anne-Sophie Delepoulle @sosphamanet

Le meilleur traitement de l’allergie reste l’éviction de l’allergène.

Toutefois, cela n’est pas toujours possible, ou en cas d’exposition accidentelle, le recours à un traitement est nécessaire. On distingue les traitements préventifs des traitements curatifs.

Traitement préventif

Antihistaminiques SelectAfficher

Sous l’influence de phénomènes allergiques, l’histamine est libérée avec d’autres médiateurs lors de la dégranulation des mastocytes tissulaires (peau, intestin, foie, bronches, tumeurs) et des basophiles circulants. L’histamine exerce ses différents effets biologiques en activant des récepteurs membranaires spécifiques. Les récepteurs H1 se localisent essentiellement au niveau des muscles lisses, de l’endothélium vasculaire, des leucocytes et des cellules nerveuses cérébrales ou périphériques, alors que les récepteurs H2 sont plutôt retrouvés au niveau de l’estomac et du cœur.

Antihistaminiques de première génération

Les antihistaminiques de première génération sont également des antagonistes compétitifs des récepteurs muscariniques de l’acéthylcholine et présentent donc des effets anticholinergiques (dexchlorphéniramine, prométhazine, hydroxyzine).

Ces molécules ont des effets indésirables de type atropinique et sont contre indiqués dans le glaucome à angle étroit et les troubles urétroprostatiques.

Anti-H1 de deuxième génération, non anticholinergiques

Mizolastine (Mizollen®), Cétirizine (Zyrtec®, Actifed® Allergies, Humex® Allergie cétirizine, Zyrtecset…), Desloratadine (Aerius®, Humex® Allergie Loratadine), Méquitazine: (Primalan®), Ebastine (Kestin®, Kestinlyo®),Kétotifène (Zaditen®), Rupatadine (Wystamm®), Bilastine (Inorial®). 

Ces antihistaminiques sont des médicaments purement symptomatiques, inhibiteurs compétitifs de l’histamine au niveau des récepteurs H1 périphériques (peau, vaisseaux, muqueuses conjonctivales, nasales, bronchiques et intestinales). Ils inhibent ainsi l’effet vasodilatateur et l’augmentation de la perméabilité capillaire à l’origine des réactions œdémateuses. Il ne sont en général pas sédatifs, en raison de l’absence de passage de la barrière hémato-encéphalique. Leur demi-vie plasmatique est longue permettant, en principe, une seule administration quotidienne.

Mise en garde: Ne pas prendre ces comprimés avec du jus de pamplemousse. A utiliser avec prudence chez les patients présentant un allongement de l’espace QT. Ils ne doivent être utilisés que durant quelques jours en l’absence d’avis médical.

Corticoïdes SelectAfficher

Les glucocorticoïdes agissent de façon très efficace dans le traitement des allergies et dans le traitement de l’asthme.

Mécanisme d’action: les corticoïdes augmentent la synthèse des lipocortines capables d’inhiber les prostaglandines et les leucotriènes (médiateurs de l’inflammation et de la douleur).

Formes galéniques: on les retrouve en pulvérisation nasale (rhinite allergique), en système d’inhalation pour le traitement de l’asthme, sous forme de topiques (lotions, crèmes, pommades) dans le traitement de l’eczéma, en comprimés ou sous forme injectable dans les formes sévères d’allergie.

Voie orale:

Comment traiter les allergies

Le saviez-vous? En cas de traitement prolongé à fortes doses par voie orale (> 0,5mg/kg/j), ou en cas d’hypertension artérielle, un régime alimentaire riche en protides, calcium, potassium, pauvre en glucides, lipides et sodium doit être suivi

Les corticoïdes par voie orale (prednisone, prednisolone, méthylprednisone, bêtaméthasone) sont indiqués dans les réactions allergiques sévères comme l’œdème de Quincke, l’urticaire géante, des rhinite allergique sévères, de l’asthme ou de choc anaphylactique à dose élevée en complément de l’adrénaline.

C’est une corticothérapie de courte durée qui est prescrite à raison de 1 à 2mg/kg/j de prednisone en une prise le matin pendant moins de 10 jours. Dans ce cas, un arrêt brutal est autorisé et le traitement ne nécessite pas de surveillance particulière. Ils doivent néanmoins être utilisés avec prudence chez l’enfant et la femme ménopausée, mais aussi en cas d’antécédent d’ulcère, d’hypertension artérielle, de diabète, d’ostéoporose ou d’infection bactérienne. L’administration d’antiacides (à intervalle de 2h des corticoïdes) ou d’inhibiteurs de la pompe à proton est quasi systématique avec un traitement corticoïde par voie orale.

Voie cutanée:

Les dermocorticoïdes sont très efficaces dans le traitement de la dermatite atopique ou eczéma, ou en cas d’urticaire géante. On les différencie en plusieurs classes selon des tests de vasoconstriction cutanée

  • Dermocorticoïdes de classe I (très puissants): clobétasol (Dermoval®), bétamétasone (Diprolène®)
  • Dermocorticoïdes de classe II (puissants): désonide (Locatop®), bêtaméthasone dipropionate (Diprosone®), diflucortolone (Nérisone®) …
  • Dermocorticoïdes de classe III (assez puissants): Désonide (Locapred®, Tridésonit®)
  • Dermocorticoïdes de classe IV (action modérée): hydrocortisone (Cortisedermyl®, Cortapaisyl®, Dermofénac®…). Ces derniers ne nécessitent pas de prescription médicale.

Effets indésirables des dermocorticoïdes: infections cutanées, amincissement de la peau, pseudo-cicatrices, vergetures, retard de cicatrisation, hypertrichose (excès de poils). Chez l’enfant, possibles effets généraux par passage sanguin (syndrome cushingoïde, ralentissement de la croissance, insuffisance surrénalienne en cas d’arrêt brutal du traitement)

Le saviez-vous?

Les dermocorticoïdes de classe I et II doivent être utilisés sur des périodes courtes et sur de faibles superficies. Ils doivent être considérés comme un traitement d’attaque. Un relais doit être rapidement assuré par un corticoïde de classe inférieure.

Pour le visage, les nourrissons, les enfants et en cas de lésions cutanées étendues, il faut préférer les corticoïdes de classe III et IV.

Posologie: 1 à 2 applications par jour pendant 8 à 10 jours. Arrêter progressivement l’application afin d’éviter les phénomènes de rebond.

Les pommades grasses sont indiquées pour les dermatoses sèches ou hyperkératosiques, les crèmes pour les lésions suintantes et les gels, lotions ou sprays pour les plis, cuir chevelu, régions pilaires et les muqueuses.

Voie nasale:

Les corticoïdes par voie nasale (béclométasone, triamcinolone, normétasone, budésonide…) constituent un traitement de première intention dans les formes modérées à sévères de rhinite allergique. Ils sont efficaces sur la congestion nasale, le prurit et les éternuements. Les corticoïdes de dernière génération ne nécessitent plus qu’une seule administration par jour.

Voie injectable:

Les corticoïdes par voie injectable (méthylprednisolone, bêtaméthasone, triamcinolone…) sont réservés aux cas d’urgence, aux formes sévères d’allergies ou en cas d’asthme en cas d’échec du traitement par le voie orale.

Antileucotriènes SelectAfficher


En s’opposant aux leucotriènes médiateurs de l’inflammation, les antileucotriènes (Montélukast = Singulair®) sont indiqués dans l’allergie. Ils sont surtout utilisés dans le traitement de l’asthme, en association aux bêta-2 mimétiques

Stabilisateurs de membrane SelectAfficher

Les cromones (cromoglicate de sodium et nédocromil), le kétotifène (Zaditen), agissent comme des stabilisateurs de la membrane des mastocytes, empêchant ainsi leur dégranulation et le déversement dans la circulation de médiateurs de la réaction allergique. Ces molécules sont indiquées dans la prévention de l’asthme allergique, de la rhinite et de la conjonctivite allergique. On les retrouve sous forme de sirops, de comprimés, ou de collyres.

Traitement curatif

Adrénaline ou éphédrine SelectAfficher

Anapen®, Jext®

Comment traiter les allergies

En cas d’allergie alimentaire chez l’enfant avec réaction anaphylactique, une trousse d’urgence ( Anapen®, Jext®) à la maison et pour l’école sont indispensables

L’adrénaline est le traitement de choix du choc anaphylactique chez l’adulte et l’enfant de plus de 6 ans.

Il constitue le traitement d’urgence (lorsque l’usage des antihistaminiques n’a pas permis d’enrayer la crise).

Anapen ou jext se présentent sous la forme d’une seringue pré remplie d’adrénaline contenue dans un dispositif d’auto injection à usage unique.

Comment procéder à l’injection?


L’injection se fait en intramusculaire (zone antérolatérale de la cuisse et non dans le fessier), elle peut être pratiquée à travers le vêtement, s’il s’agit d’un tissu léger. Maintenir en position pendant 10 secondes avant de retirer l’aiguille. La zone d’injection peut être massée pendant 10 secondes suivant l’administration.

Celle-ci peut être répétée selon la gravité des symptômes à la dose de 0,15 à 0,25 mg chez l’enfant et 0,3 à 1 mg chez l’adulte sous un délai de 15 à 20 minutes. Les effets se manifestent dans les 3 à 5 minutes qui suivent l’injection.

Un suivi médical est indispensable après administration. En cas de résistance à l’adrénaline: noradrénaline, dobutamine et hospitalisation en réanimation.

Corticoïdes SelectAfficher

Les corticoïdes par voie orale (prednisone, prednisolone, méthylprednisone, bêtaméthasone) sont indiqués en cas de choc anaphylactique à dose élevée en complément de l’adrénaline

En cas de bronchospasme SelectAfficher

Bêta 2 mimétiques (Ventoline®), Bromure d’ipatropium (Atrovent®) = anticholinergique, en association à l’adrénaline dans les cas sévères.

Crises d'urticaire aiguës SelectAfficher

Antihistaminiques injectables

La sélection de votre pharmacien

Anne-Sophie DELEPOULLE (Dr en Pharmacie), www.sospharma.net, ma pharmacie en ligne

Dernière modification le: Avr 2, 2020 @ 16 h 45 min


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Anne-Sophie Delepoulle 115 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte