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Génération co-vide. 23/04/2020

Publié le 23 avril 2020 par Toiletteintime @toiletteintime

Les grands discours sur les changements post Coronavirus, c’est un peu comme les bonnes résolutions prises le 1er janvier, un peu bourré, quand on pense à tout ce qu’on va faire pour devenir une meilleure personne, mais que l’on a déjà tout oublié le 3 janvier au matin à la première clope, juste avant le retour au boureau (je voulais écrire bureau, je laisse ça comme ça, ce lapsus est si révélateur…)

Non, RIEN ne changera. Comme après la Coupe du Monde 98, l’idéal black/blanc/beur s’est pris la réalité sociale et les racines gauloises du pays en pleine gueule. Comme après le 11 septembre, passé l’effroi et l’invasion de l’Irak, l’Amérique a créé de nouveaux monstres, jusqu’à son propre chef, et l’on a repris l’avion pour New York, où les Converse sont moins chères. Comme après les attentats de 2015, on a juste aidé le FN à s’implanter durablement. Comme après la Coupe du Monde 2018, où Benalla et les autres ont gâché la fête et laissé grossir le mécontentement dans un pays politiquement dévasté.

RIEN ne changera parce qu’il faudrait déjà une prise de conscience collective pour ça et que l’être humain moderne est bien trop égoïste pour changer d’abord lui-même.  Alors que certains ne pensent déjà qu’a retourner au stade brailler leur haine de l’autre en troupeau, ne pensent qu’à partir s’entasser sur des plages bondées pour valider leur bronzage annuel ou aller boire des pintes pour oublier ces semaines douloureuses, seul ou en famille, on peut légitimement se dire que l’humanité n’est pas prête pour un changement en profondeur. Non, des gens qui se ruent sur le PQ, les Mc Drive et les complots en tous genres, attendent le Tour de France et la reformation d’Oasis n’ont pas encore la maturité suffisante pour aider la planète à s’en sortir.

Dont le sort dépend avant tout des choix de nos leaders politiques…

Aucune vision, aucune hauteur, aucune projection à long terme. Massacrer le service public depuis 40 ans pour faire des économies sur le dos de l’éducation et de la santé de chacun. Se rendre compte, à l’heure du flip généralisé que c’est quand même important un hôpital bien équipé en temps de « guerre », comme disait l’autre. S’étonner du rôle des petites mains, des métiers de base, ceux pour lesquels on déshérite facilement nos enfants qui veulent devenir caissières, éboueurs ou épiciers, mais sans qui la vie s’arrête brutalement. Comme un ministre sans chauffeur. S’emballer encore sur le rôle des enseignants, si important pour garder à flots des niveaux souvent désespérés depuis la maternelle, dans un système scolaire qui n’a guère évolué depuis les années 60. Se réjouir enfin que la culture à domicile soit un vecteur d’épanouissement et d’évasion en ces temps où nos cerveaux s’étiolent, alors qu’on ne fait rien le reste de l’année pour préserver les artistes et les intermittents qui créent du contenu pour rendre la vie plus supportable…

C’est fou quand on y pense, mais il suffirait de tellement peu pour que le populisme étalé à grand renfort de promo télé et d’annonces mirobolantes avant les élections, ne se transforme en vraie popularité si ces annonces étaient simplement tenues ! La popularité, ça n’est pas sale. C’est juste faire preuve d’un peu de réalisme, d’humilité, d’intelligence, de générosité, de recul, d’empathie et de grandeur d’âme pour être à l’écoute et au service d’une nation. Plaire à quelques millions de personnes qui ne demandent qu’à vivre un peu mieux, plutôt qu’à une dizaine de chefs d’entreprises qui ne demandent qu’à mourir plus riches. Ca, ce serait un vrai changement ! Ce serait punk, couillu, dans une époque aseptisée dans les discours et les prises de risques mais où la vulgarité et l’indécence s’affichent partout sur les réseaux sociaux ou les paradis fiscaux. Un monde où de faux dictateurs mous, qui n’ayant aucun combat digne de ce nom à mener, décident de faire plier la planète sous le poids de leur égo et de leur incompétence.

Le co-vide.

Un espace partagé par Sibeth N’Diaye et Marlène Schiappa ici. Mais par tant d’autres ailleurs. RIEN ne changera. Le capitalisme est plus destructeur que le virus. Lui aussi sait s’adapter. Et les ravages qu’il cause sont bien plus importants sur la longueur. Si l’on exclue les suicides, les morts dues aux maladies cardiovasculaires, à l’obésité, à la cigarette, à la pollution ambiante, à l’alcool ou aux cancers en tous genres, sont bien plus nombreuses chaque année dans le monde que ce pauvre coronavirus qui a réussi à stopper la grande faucheuse mondialisée, comme aucun syndicaliste, aucun gréviste, aucune chanson de Saez, aucun manifestant, aucune guerre, aucun discours de Jean-Luc Mélenchon n’aura su le faire depuis 40 ans.

Ca donnera des très beaux films avec Timothy Chalamet dans quelques années !! Ah mais non en fait, les auteurs de SF, de Jules Verne à Stephen King en passant par George Orwell, les réalisateurs de films d’anticipation ( de Le Monde, la Chair, Le Diable à Contagion) ou de zombies (de La nuit des morts vivants à World War Z) font déjà ça depuis des décennies : nous prévenir gentiment de ce que l’homme est capable de faire à la planète et à ses semblables.

La science-fiction en 2000vain, c’est de voir que tout un tas de décideurs ont fait en sorte que tout ça arrive.

‘’Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que vent.’’ George Orwell.

Génération co-vide. 23/04/2020


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