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06/05/2020 – SOCIAL-ÉCO. « « Comptez sur moi », avait dit Macron. Les hospitaliers attendent toujours » Par Emilio MESLET

Publié le 06 mai 2020 par Particommuniste34200

Mobilisés depuis de nombreux mois, les médecins et soignants du collectif Inter-Hôpitaux réitèrent leurs revendications de revalorisation des salaires et plaident pour une nouvelle gouvernance des établissements publics.

La promesse n’est pas tombée dans l’oreille de sourds. « Je compte sur vous et vous pouvez compter sur moi », lançait Emmanuel Macron au neurologue François Salachas, lors d’une visite de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le 27 février. Une déclaration d’intention suivie d’un autre engagement : le chef de l’État recevra des membres du collectif Inter-Hôpitaux (CIH) pour évoquer les conditions de travail dans les hôpitaux publics. Depuis, malgré les relances, plus rien. Ce mardi, lors d’une conférence de presse en ligne, le CIH a donc voulu se rappeler au bon souvenir du président en dressant un premier bilan des deux mois écoulés qui laissent le système de santé « à genou ».

« Fin avril, les vieilles habitudes ont ressurgi »

« Mépris », « insuffisant », « dérisoire », « méconnaissance » : les qualificatifs étaient nombreux pour décrire l’action gouvernementale. Des professionnels de santé, mobilisés depuis plus d’un an, ont tenu à exprimer leur colère froide face l’abandon qu’ils ont vécu dans leur bataille contre le coronavirus. « Au début de la crise, une multitude de règles théoriques étaient édictées par des bureaucrates et suivies par nos directions effectivement endoctrinées », décrit Hélène Gros, infectiologue à l’hôpital Robert-Ballanger d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Mais, peu à peu, le rapport de forces s’est inversé entre les directions et les soignants. « Nous obtenions tout ce que nous demandions. L’humain était au premier plan de nos discussions. Nous avons pu prouver que, nous, médecins, étions capables de réorganiser l’hôpital en un temps record », ajoute Hélène Gros. Mais, même chassées pour un temps, les logiques financières reviennent toujours au galop : « Fin avril, nous avons commencé à voir ressurgir les vieilles habitudes. »

Dans son discours datant du 26 mars à Mulhouse annonçant « un plan massif d’investissement », Emmanuel Macron avait pourtant « suscité, de manière un peu naïve, un grand espoir », relate Jean-Luc Jouve, professeur de chirurgie orthopédique à Marseille (Bouches-du-Rhône). Pour le moment, seules les primes (entre 500 et 1 500 euros) sont promises. « La prime récompense le mérite individuel et ne peut en aucun cas se substituer à une revalorisation salariale reconnaissant la valeur d’un métier. Il faut avoir été très éloigné du terrain pour penser que ce mode de gratification est adapté à l’orage qui a secoué les services de santé », tacle Jean-Luc Jouve.

« La réponse du gouvernement inadaptée mais aussi inacceptable »

L’épidémie n’a pas changé les revendications des soignants. En révélant les failles béantes du système et en montrant qu’une autre organisation était possible, elle les a rendues tangibles. « La réponse du gouvernement est non seulement inadaptée mais aussi inacceptable car insuffisante, estime le chirurgien. Il n’est tenu aucun compte de l’urgence de décider des mesures immédiates qui vont permettre d’étayer un édifice à haut risque d’effondrement : revalorisation, adaptation des effectifs à la charge de soin, abandon du concept d’hôpital-entreprise, changement du mode de gouvernance au profit des personnels médicaux, paramédicaux et des usagers. »

Tous en sont persuadés : l’hôpital public ne résistera pas à une seconde vague épidémique d’une pareille ampleur et l’austérité est une voie sans issue. « Nous ne pouvons plus accepter de voir les infirmières et les aides-soignantes abattre du soin, chronomètre à la main, dans un travail à la chaîne qui ne laisse plus de place à la qualité des soins, prévient Florence Pinsard, cadre de santé à Pau (Pyrénées-Atlantiques). On ne continuera pas dans ces conditions. »

06/05/2020 – SOCIAL-ÉCO. « « Comptez sur moi », avait dit Macron. Les hospitaliers attendent toujours » Par Emilio MESLET
06 mai 2020 (U. Padovani /AP/Hans Lucas)

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