Monos // De Alejandro Landes. Avec Julianne Nicholson, Moises Arias et Sofia Buenaventura.
Je dois avouer que Monos est un film étrange car je ne sais pas vraiment dans quelle catégorie le mettre. C’est donc une sorte d’OVNI cinématographique. Après le très bon Porfirio (2011), Alejandro Landes revient ici avec un second long métrage dont la proposition est tellement originale qu’elle est difficile à cerner. Au delà du propos qui est assez fort, c’est un film qui aborde plusieurs tons différents du début à la fin. On a l’impression de plonger dans une sorte de colonie de vacances dans les montagnes colombiennes et puis finalement c’est quelque chose de totalement différent et surtout de très violent. Monos veut nous faire ressentir ce climat malsain où l’on suit des enfants qui ne savent pas forcément ce qu’ils font et qui ont été conditionnés. Il est impossible de ne pas penser à Sa majesté des mouches car l’on retrouve ici des adolescents guérilleros dans la jungle avec une otage américaine. Mais le film va beaucoup plus loin, creusant les émotions et la violence de façon assez brutale. On a alors tantôt l’impression d’être dans une fiction type documentaire et quelque chose de volé qui aurait été enregistré et que l’on aurait retrouvé des années après.
Dans ce qui ressemble à un camp de vacances isolé au sommet des montagnes colombiennes, des adolescents, tous armés, sont en réalité chargés de veiller à ce que Doctora, une otage américaine, reste en vie. Mais quand ils tuent accidentellement la vache prêtée par les paysans du coin, et que l'armée régulière se rapproche, l'heure n'est plus au jeu mais à la fuite dans la jungle...
Je suis cependant déçu d’une chose : la fin. La fin n’est pas suffisamment bonne et beaucoup trop ouverte. On n’a pas vraiment de conclusion et tout est alors fait plus ou moins à la hâte. Il aurait été intéressant de proposer une vraie conclusion car cette expérience vaut le détour. Le film cherche à nous faire ressentir quelque chose, notamment au travers de nos sens et grâce à des décors étonnants. On n’a pas l’habitude de voir les montagnes colombiennes, ni nécessairement sa jungle et Monos parvient alors à nous offrir un point de vue différent sur le pays tout en gardant un côté intemporel. Le fait que les personnages soient dans la nature ne permet pas forcément de voir ici une notion de temporalité ce qui nous déconnecte totalement de la durée du récit. On est alors happé et une fois que Monos décide de s’achever on est déçu car on aurait pu espérer voir un semblant de conclusion. Alejandro Landes nous offre ici l’un des films les plus surprenants que j’ai vu cette année avec cette constante obsession à nous offre un rythme soutenu et une atmosphère oppressante.
Note : 9/10. En bref, un film fascinant.
Date de sortie : 4 mars 2020
Monos fait partie des films dont le CNC a accordé une sortie anticipée sur la chronologie des médias suite au coronavirus le 22 avril 2020.