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Cameroun – Transport aérien: La descente aux enfers de Camair-Co

Publié le 04 juin 2020 par Tonton @supprimez
Cameroun – Transport aérien: La descente aux enfers de Camair-Co

En proie à une crise financière de longue date empirée par la pandémie du coronavirus, le transporteur national est au bord de la faillite.

La compagnie aérienne nationale Camair-Co, dirigée depuis mai 2019 par Louis Roger Njipendi Kouotou, vit-elle ses derniers jours ? " Nous ne survivrons que pendant une courte période. [...] Nous attendons l'aide du gouvernement, mais on nous dit que l'état des finances publiques n'est pas bon ", alerte un membre du staff dirigeant, qui plaide pour un plan de sauvetage soutenu par Yaoundé. Avec plus de la moitié de la flotte clouée au sol et des arriérés de salaires persistants, la compagnie, lancée en 2011 et qui est à son 6e directeur général, est proche de la cessation d'activités.

Elle demande près de 100 milliards à l'Etat, pour redécoller. Cependant, le gouvernement n'a pas l'intention d'injecter de l'argent, selon les déclarations d'un proche du ministre des Transports. " Le gouvernement n'accordera aucun soutien financier à la compagnie et nous lui avons demandé de s'appuyer sur ses propres capacités et de ré-exploiter les vols en s'appuyant sur ses propres ressources, car le gouvernement ne peut pas risquer d'apporter un soutien financier à une compagnie dans une situation difficile qui pourrait à l'avenir ne pas être en mesure de la récupérer.
" Comme toutes les compagnies aériennes à travers le monde, Camair-Co fait les frais de la crise du coronavirus qui aurait entraîné d'énormes pertes.

Cependant, le mal est plus profond. Car, la compagnie aérienne nationale camerounaise est en proie à une sérieuse crise financière depuis près de dix ans. L'Etat, actionnaire unique, a récemment engagé une démarche pour la redynamiser, avec la sélection du groupe d'audit EFAC par la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic du Cameroun pour réaliser son diagnostic. Au sein de l'entreprise, le personnel accuse déjà plus de trois mois d'arriérés de salaire, et est menacé d'être mis en congés techniques. " L'appui de l'Etat qui est attendu depuis des mois n'est toujours pas arrivé. Le Dg était dans la logique de mettre certains personnels en congés techniques, mais les syndicats s'y sont opposés. Ces derniers estiment que les salaires peuvent être baissés mais refusent la mise en congé du personnel ", explique une source au sein de la compagnie aérienne.

Plan de sauvetage fondé sur l'existant

A défaut d'injecter des fonds, l'Etat appelle Camair-Co à mettre en place des plans de relance qui s'appuie sur l'existant.En effet, Camair-Co ne dispose plus que de deux avions en service (un Q400 en location et un MA60) cantonnés à desservir quelques lignes domestiques et une desserte régionale vers Libreville au Gabon.

Ses deux 737-700, qui assuraient l'essentiel du trafic régional, sont hors service depuis. Il en est de même pour son unique avion long-courrier, un 767-300 " abandonné " à Addis Abeba en Ethiopie depuis 2018. Jusqu'à présent, la compagnie n'a toujours pas rendu public ses résultats opérationnels de 2019. Toutefois, une note interne de conjoncture adressée au Premier ministre le 27 février 2020 indiquait une chute inquiétante de près de 60 % du chiffre d'affaires à l'émission s'établissant à 10,92 milliards de F contre 26,7 milliards de F en 2018.Il faut rappeler que les problèmes de validation des bilans comptables des exercices 2014 à 2018 n'avaient pas incité le consortium de banques mené par Ecobank, en dépit des accords passés, à financer le redécollage de la compagnie, ce malgré la présence d'une garantie souveraine.

Si certains observateurs évoquent les difficultés budgétaires du Cameroun, d'autres sources proches du dossier parlent plutôt d'une inertie organisée depuis le sommet de l'État. La pandémie du coronavirus est aussi venue rebattre les cartes d'une éventuelle sortie de crise de l'entreprise. Néanmoins, les officiels de Yaoundé confirment que le plan de réforme incluant un licenciement massif est toujours considéré, de même que l'ouverture du capital de Camair-Co à des actionnaires.

Ahmed MBALA


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