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Ce qui était perdu

Publié le 09 juin 2020 par Adtraviata

Ce qui était perdu

Présentation de l’éditeur :

Birmingham, 1984. Kate, dix ans, rêve d’être détective et passe son temps libre dans le nouveau centre commercial de Green Oaks à observer les gens. Un jour, elle disparaît sans laisser de traces. Vingt ans plus tard, elle resurgit mystérieusement sur les écrans de contrôle du centre commercial de Green Oaks…

Comme cette présentation le fait pressentir, ce premier roman de Catherine O’Flynn oscille entre 1984 et 2003 en prenant bien le temps d’installer ses personnages et de distiller le suspense. Le tout dans un décor qui est à lui seul un personnage.

La jeune Kate Meaney est une enfant à part : elle n’a plus de parents et vit avec sa grand-mère, elle est très réservée, secrète et fait équipe avec O’Malley, son chimpanzé en peluche pour mener à bien ses activités de détective privé, que son père défunt l’a encouragée à vivre. Elle observe, elle suit les gens le plus discrètement possible, elle prend des notes, dans son quartier proche et surtout dans le centre commercial de Green Oaks, avec ses nombreux niveaux, galeries, ascenseurs, ses restaurants, ses boutiques, un lieu clinquant qui se prétend avoir vocation à englober tous les aspects de la vie de ses clients et qui a évidemment tué ou presque le petit commerce de proximité. Le seul adulte à qui la petite fille se confie, c’est Adrian Palmer, un jeune homme solitaire comme elle. Mais le jour où elle doit présenter un examen d’entrée à Redspoon, une école de haut niveau, Kate disparaît. Et les soupçons se tournent vers Adrian, le dernier à avoir été vu en sa compagnie. Adrian sera relâché, mais il disparaît à son tour. La gamine ne sera jamais retrouvée.

Vingt ans plus tard, dans le même centre commercial, Lisa, manager d’une boutique de disques et Kurt, agent de sécurité, traînent leur ennui et leur mal-être. Un mal-être qui remonte à l’enfance et qui a orienté leurs choix de vie adulte. Avec eux, le lecteur découvre l’envers du décor de Green Oaks : le peu d’espace et de confort accordé aux employés, les kilomètres d’allées grises derrière les boutiques et dans les sous-sols, l’abrutissement lié au bruit, aux clients insatisfaits, à l’extension permanente du centre. Une nuit, Kurt, qui a souffert d’hypersomnie, voit passer sur ses écrans de contrôle une petite fille qui disparaît aussitôt. Lisa trouve une peluche poussiéreuse à l’entrée d’un couloir de service. Le « hasard » va faire se rencontrer Kurt et Lisa qui vont se lancer à la recherche de l’enfant et avec elle, de leur enfance perdue.

Catherine O’Flynn tisse patiemment sa toile, en nous dévoilant petit à petit les liens entre ses personnages, avec des personnages secondaires bien campés, avec un bon sens du suspense et une grande sensibilité. Les personnages de Kurt, Lisa et bien sûr Kate, sont touchants, chacun à leur manière. Dans une construction parfaite, les fils se nouent et se resserrent jusqu’à la révélation finale (que je n’avais absolument pas vue venir). Pour un premier roman, c’est un coup de maître et je vais guetter d’autres livres de l’autrice.

Catherine O’FLYNN, Ce qui était perdu, traduit de l’anglais par Manuel Tricoteaux, Babel, 2015 (Jacqueline Chambon, 2009

Le Mois anglais – Journée Romancières

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