Le château surgit à la lisière de la mer. Il domine un vaste espace, à la manière d’un lion dressé face au désert équivoque. Au pied de la muraille tremble le bateau du pirate au rythme de la houle.
Le vol brusque et intermittent de la brise rappelle celui des oiseaux somnolents. La lune monte, pâle et solennelle, comme la victime au supplice.
Avec l’heure avancée et le paysage limpide s’éveille la nostalgie du captif et le soldat se blesse. Quelque musique étrange et ondulante invite aux larmes. Un cantique anxieux la contrarie, avec de rudes accents, avec l’amertume de plaintes irritées ; il a l’élan droit de la flèche tirée contre un aigle.
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El canto anhelante
El castillo surge a la orilla dei mar. Domina un ancho espacio, a la manera del león posado frente al desierto ambiguo. Al pie de la muralla tiembla el barco dei pirata con el ritmo de la ola.
El vuelo brusco y momentáneo de la brisa recuerda el de las aves soñolientas. Sube la luna, pálida y solemne, como la victima al suplicio.
Con la alta hora y el paisaje limpide despierta la nostalgie dei cautivo y se lastima el soldado. Mueve a Iágrimas alguna extraña y ondulante música. La contraria con rudos acentos, con amargura de irritados trenos un cántico ansioso que tiene el impetu recto de la flecha disparada contra un águila.
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José Antonio Ramos Sucre (1890-1930) – Le Chant Inquiet / El Canto anhelante (Atelier du grand tétras, 2009) – Traduit de l’espagnol (Vénézuela) par François Migeot.