Magazine France

La fiction démocratique

Publié le 04 juillet 2020 par Juan
La fiction démocratique

Vendredi 3 juillet, un quinqua blanc sarkozyste remplace un quinqua blanc juppéiste. Les citoyens ont du mal à m'intéresser. Sur les ondes, le public est abreuvé de commentaires sur le futur grand scrutin de 2022, les tactiques des uns, les manœuvres des autres. On s'en fiche. Des millions de gens ont perdu leur emploi, la planète se consume sous l'effet d'une nouvelle canicule, la guerre civile menace l'Amérique, et on glose sur la tactique de Macron pour assurer sa réélection grâce à la nomination du maire de Prades à Matignon...

La fiction démocratique
La fiction démocratique

Les médias dominants sont tous prêts, et depuis longtemps, pour relater le feuilleton de la présidentielle à venir. Anne Hidalgo, réélue mairesse de Paris avec succès, a vu sa campagne polluée par des questions sur ses intentions présidentielles. Edouard Philippe, le premier ministre sortant, celui qui a géré le plus violent et le plus sanglant des mandats à Matignon de cette Vème République, a aussi été dépeint en rival potentiel de l'agité du Touquet. Parfois, quelques idiots utiles remettent une pièce dans ce juke-box vérolé - Olivier Faure (qui ?), " patron" d'un Parti socialiste qui va déménager prochainement pour revenir dans des locaux encore plus petits, mais à Paris, appelle à une alliance avec EELV pour la prochaine présidentielle. Il faut des explications de texte et un peu d'analyse de l'inventaire avant de pousser ces cris.


la rentrée sera difficile et il faut s'y préparer" a dit Macron. Il minore le sujet, car il veut calmer les réclamations.

A chaque fois qu'on lui demande qui va payer les milliards qu'il distribue pour faire face à la crise, Macron refuse de répondre. A chaque fois qu'on l'interroge sur une augmentation éventuelle des impôts, Macron refuse cette piste: "nous sommes déjà un des pays les plus fiscalisés du monde." A chaque fois qu'on lui demande de renoncer à sa réforme fiscale de 2017 pour les plus riches et les ultra-riches, Macron lâche encore cette même réponse. Quand il commente les idées écologistes de la Convention citoyenne pour le climat, composée de 150 citoyens tirés au sort, et qu'il a installée comme un gadget miracle pour sortir de la crise de Gilets Jaunes en avril 2019, il refuse l'une de leurs propositions, la création d'une taxe de 4% sur les dividende:"Nous sommes déjà un pays qui est très fiscalisé. Je pense qu'accroître la fiscalité pour répondre à ce défi n'est pas la bonne manière."


C'est toujours le même argument : la France serait trop fiscalisée.

Cet argument n'est pas utilisé pour défendre une baisse des impôts les plus injustes, comme la TVA, notamment sur les biens de première nécessité. La France est de ce point de vue là coincée par les traités européens qui règlementent l'éventail des taux de TVA au sein de l'Union. On sait que les ménages gagnant moins que le revenu médian engloutissent la quasi-intégralité de leurs ressources dans leurs dépenses de vie (logement, alimentation, transport). Le mythe des conservateurs, entretenu par les macronistes, est que ces Français-là " ne payent pas d'impôts". C'est faux. Ils payent peu ou pas d'impôt sur le revenu (le revenu médian, soit environ 21000 euros par an, est imposable au maximum à 5%, voire zéro pour un couple). Mais ces Français-là, c'est-à-dire l'immense majorité du pays, payent au contraire 10 à 20% d'impôts sur la quasi-totalité de leurs revenus (hors la fraction consacrée au logement), à savoir la TVA. Ces Français-là épargnent peu voire pas du tout et qu'ils ne sont pas actionnaires (donc ne bénéficient pas des largesses macronistes sur la fiscalité du capital).


Les cotisations sociales ne sont pas comme l'impôt. Elles financent de façon solidaire des dépenses qui, dans d'autres pays moins solidaires, sont à la charge des citoyens de toute façon. Cet argument sur la "France fiscalisée" est une arnaque sémantique, politique, idéologique.

L'argument du trop-plein de fiscalité en France est utilisé pour limiter la contribution des plus riches et des plus aisés à la solidarité nationale, c'est-à-dire les retraites (réforme des retraite pour baisser les pensions), le chômage, la santé publique. Il a été servi pour réduire les pensions (4 milliards) - Macron réitère cette semaine qu'il veut remettre sa sinistre réforme dans les rails - réduire les allocations chômage (3 milliards), geler les prestations sociales, réduire les charges des hôpitaux publics (1 milliard par an).


"Comme de précédentes évaluations l'ont montré" expliquaient Les Echos en février 2020, "la politique fiscale du début du quinquennat a été très favorable aux contribuables fortunés en raison de la réforme de la fiscalité du capital. Puis elle s'est rééquilibrée avec les mesures de pouvoir d'achat décidées dans les suites du mouvement des " gilets jaunes "". Mais l'OFCE, dans un rapport oublié à cause du COVID, rappelle une autre réalité: avec le budget 2020, avant la crise du COVID, "les 10 % des plus modestes perdraient nettement en pouvoir d'achat depuis le début du quinquennat."


Le COVID a bousculé ces plans. Il a fallu dépenser, prêter sans compter pour éviter une plus grande catastrophe encore. Si Macron avait été Roosevelt ce grand gauchist nord-américain, il aurait augmenté les tranches supérieures de l'impot sur le revenu (91% aux Etats-Unis dans les années 30, et toujours 70% dans les années 70 avant la révolution Reagan), rétabli l'impôt sur la fortune (où voulez vous que les riches se cassent ?), réduit les exonérations de cotisations sociales sans contreparties d'embauche.

Macron n'est pas Roosevelt. Il a augmenté le coût des riches pour le pays.


Qui va payer l'addition ?


Ami Castor, soigne ta droite.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Juan 53884 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte