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Y a-t-il une erreur qu'ils n'ont pas commise?, du Professeur Christian Perronne

Publié le 06 juillet 2020 par Francisrichard @francisrichard
Y a-t-il une erreur qu'ils n'ont pas commise?, du Professeur Christian Perronne

J'aurais aimé ne pas écrire ce livre, sur la crise du coronavirus, responsable du Covid-19.

Oui, mais le Professeur Christian Perronne l'a écrit. Car il s'est senti moralement obligé de raconter la crise sanitaire telle que lui et les Français l'ont vécue, pour ne pas oublier, pour demander des explications et pour qu'un jour certains rendent des comptes.

En l'occurrence, raconter cette crise c'est en même temps dresser un réquisitoire contre le président et son gouvernement, dont la gestion a été scandaleuse à plusieurs points de vue, onze pour être exact, que le professeur passe en revue en autant de chapitres.

Le premier scandale est bien sûr celui de la gestion des masques par l'État qui en a organisé la pénurie et qui a, par son imprévoyance et son impéritie, non seulement exposé ses soldats, les soignants, mais toutes les professions à l'infection au coronavirus.

Le deuxième est celui des tests qui était également en nombre insuffisant et qui auraient pu être produits par d'autres laboratoires que ceux de biologie médicale: refus leur a été signifié parce que tout doit être parfaitement validé et certifié avant d'être utilisé...

Le troisième est celui du Conseil scientifique, dont l'auteur donne des exemples de la politique: "on ne sait pas", "on attend", "on réfléchit" ou "on va y réfléchir" et qui comprend, entre autres, une anthropologue, et un spécialiste de haut niveau en numérique...

Le quatrième est celui des conflits d'intérêts de membres du Conseil scientifique avec l'industrie pharmaceutique, dont l'influence financière touche de grands journaux médicaux internationaux, qui font la pluie et le beau temps dans le monde médical...

Le cinquième est celui du confinement décidé après qu'ont eu lieu de grands rassemblements (Salon de l'Agriculture, matchs de foot) et le premier tour des élections municipales; et qui n'aurait pas été généralisé si on avait eu des masques et dépisté en masse:

Dans les pays où on a testé en quantité, mais jamais confiné, sauf les malades, les porteurs sans symptômes du virus et les personnes fragiles, il y a eu très peu de victimes.

Le sixième est celui de l'hydroxychloroquine, interdite par décret, puis autorisée dans les cas graves (quand elle ne sert plus à rien), alors que beaucoup de pays s'ils ne la recommandent pas l'autorisent. Ce qui choque, c'est l'autorisation du Rivotril:

Le ressenti des médecins a été: on nous refuse le seul médicament qui marche peut-être, mais on nous autorise exceptionnellement l'euthanasie en Ehpad ou à domicile des malades atteints du Covid-19.

Le septième est que certains savaient qu'on allait devoir faire face à une épidémie, qu'on était en pénurie de masques, que les hôpitaux français n'étaient pas armés pour faire face à un afflux de patients. Ils savaient mais n'ont rien fait, rien dit et même menti.

Le huitième est celui de l'absence de pilote dans l'avion. D'où des questions: y a-t-il épidémie ou pas? peut-on se rassembler ou pas? y a-t-il école ou pas? côté hôpital, cela va-t-il ou pas? va-t-on bosser ou pas? nationalise-t-on ou pas? enterre-t-on ou pas? etc.

Le neuvième est l'affirmation de tout et de son contraire. Le Conseil scientifique, le Ministre de la Santé, la Porte-parole du Gouvernement, le Premier Ministre, le Directeur général de la Santé, le Président de la République sont atteints d'imprécision aiguë

Le dixième est la destruction programmée de l'hôpital public. L'auteur en donne la raison: Tous les hôpitaux ont augmenté leur activité et la sécu a dit stop: on ne peut plus payer. Nous n'avons pas les moyens de financer cette augmentation; et prêche pour sa paroisse.

C'est en fait tout le modèle social français, que le monde entier envie mais qu'il n'adopte pas, qu'il faudrait revoir, à commencer par la sécurité sociale étatique. Mais ce n'est pas le propos du Professeur Perronne qui s'en prend aux cliniques privées et aux généralistes...

Il est plus convaincant quand il dit que dans l'art d'exercice de la médecine, l'éthique, la déontologie, est cruciale. L'État veut la démolir, or, en dernier ressort, c'est au malade de décider quel traitement il va prendre et le médecin doit être libre de prescription.

Le onzième est que les Français sont méchants d'accuser leur gentil gouvernement de ne pas avoir été assez réactif, de ne pas avoir assuré l'intendance pendant la crise. Ils devraient rester unis derrière lui tant que la guerre n'est pas gagnée et... ne pas lui faire de procès.

Francis Richard

Y a-t-il une erreur qu'ils n'ont pas commise?, Professeur Christian Perronne, 216 pages, Albin Michel


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