Magazine Bien-être

Devenir adulte

Publié le 14 août 2020 par Eric Acouphene

Aussi, devenir véritablement adulte, c’est être de plus en plus conscient que, dans leur complexité, tous les êtres humains sont atteints de la même maladie. C’est pourquoi un sage ne ressent que compréhension et compassion pour tous, quels que soient les actes commis, aussi graves soient-ils. Il n’est plus prisonnier de la vision bourreau-victime, il ne voit partout que des victimes d’un même mal. Sa vision est de ce fait beaucoup plus profonde : il perçoit chacun comme unique manifestation de Dieu - si nous employons un terme dualiste - ou comme unique expression de l’Absolu ou de la nature de Bouddha. 

Pour ne pas demeurer les marionnettes de ces dynamismes, mieux vaut d’emblée être conscient qu’ils sont potentiellement présents en soi-même et que, comme tout le monde, nous faisons preuve de plus ou moins d’égocentrisme et d’une certaine dose d’indifférence face à la souffrance d’autrui. Nous commencerons alors à entendre les messages que la vie, dans sa générosité, ne cesse de nous renvoyer sous bien des visages différents : ceux de nos enfants, de notre compagnon, de nos amis et, par-dessus tout, les scénarios répétitifs de notre propre existence. 
Un jour, alors que nous étions trois ou quatre à partager un thé à notre appartement avec Arnaud, l’un d’entre nous évoqua l’attitude, selon lui inadmissible, d’un élève de notre communauté. En faisant part de son indignation, et non sans humour, l’un de nous lança à Arnaud sur le ton de la supplication et comme en trépignant d’impatience : « Mais pourquoi est-ce qu’on ne peut pas tout dire ? » Arnaud rétorqua : « La question n’est pas : pourquoi est-ce qu’on ne peut pas tout dire, mais pourquoi est-ce qu’on ne peut pas tout entendre ? » Devenir adulte
Quelques secondes d’un silence méditatif s’imposèrent sous le coup de cette réponse aussi prompte qu’imparable et qui s’adressait clairement à chacun de nous. Nous étions tous plus ou moins identifiés à cette impatience d’en découdre avec ceux qui nous excèdent. À la façon de « l’arroseur arrosé », cette inversion totale de perspective dont Arnaud avait la spécialité avait retourné la question à cent quatre-vingts degrés : vers nous-mêmes. Qu’étions-nous vraiment en mesure d’entendre à notre propre sujet alors que nous exigions que les autres entendent leurs quatre vérités ?

Sophie Edelmann  "Dites-leur de viser haut !"  Ed. Le relié
----------

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Eric Acouphene 11818 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine