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Betty de Tiffany McDANIEL

Par Lecturissime

Betty de Tiffany McDANIEL

"Ce n'est pas facile d'être une femme P'tite Cherokee"

Betty Carpenter, est la sixième de huit enfants. Avec son père cherokee et sa mère blanche, il s'installent dans le petite ville de Breathed, bien décidés à se fixer après quelques années d'errance. Mais l'intégration reste difficile, le monde ne les épargne guère. Heureusement, Betty est bercée par les histoires racontées par son père, conteur hors pair.

"Non seulement Papa avait besoin que l'on croie à ses histoires, mais nous avions tout autant besoin d'y croire aussi. Croire aux étoiles pas encore mûres. Croire que les aigles sont capables de faire des choses extraordinaires. En fait, nous nous raccrochions comme des forcenées à l'espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous. Alors seulement pouvons-nous prétendre à une destinée autre que celle à laquelle nous nous sentions condamnées."

Portée par la force de son père, elle-même se met à écrire des histoires, et quand ses écrits sont trop insoutenables, témoins de ce qu'elle vit, elle les enterre sous la terre dans des bocaux en verre. Mais son père lui a appris "la foi", l'espoir que tout va s'arranger. Quelques soient les brimades, l'injustice, Betty avance, aux côtés de Lint, un frère à part, Leland son frère aîné, violent et cruel, Fraya la soeur aînée, Flossie et ses rêves d'actrice, et Trustin qui dessine. Si la famille peut être une force parce qu'elle la porte et lui permet de passer outre l'adversité, grâce à des parents qui fabriquent un refuge, grâce aux histoires que l'on se raconte le soir sous les couvertures pour se créer un abri, grâce aux précieux "bonne nuit" de ses soeurs que Betty emporte dans son sommeil comme un talisman, cette même famille peut aussi être le foyer de démons. En effet, ê tre femme dans un monde gouverné par les hommes peut s'avérer aliénant, ce que lui suggère sa mère " Parfois, je pense que l'univers est juste une lueur. La lueur d'une cigarette dans le noir. Toutes les étoiles, les planètes, les galaxies, les marges infinies. Tout cela est contenu dans le petit bout rouge d'une cigarette dans la main d'un homme qui, appuyé contre un mur pour suivre des yeux une fille qui rentre chez elle, sait déjà qu'elle n'arrivera jamais jusque-là."

La jeune Betty que nous suivons de sa petite enfance à ses 19 ans, en prend conscience peu à peu, mais elle a aussi hérité de la foi en l'humanité de son père. Elle puise dans ses racines cherokee, et apprend, comme le dit une légende indienne, qu'en chacun de nous cohabitent deux loups : l'un mauvais, l'autre bon, et que celui qui survit est celui que l'on choisit de nourrir et d'aimer.

Ainsi, elle se place du côté de la lumière et choisit de ne retenir que des scènes magnifiques comme sa danse aux côtés de sa sœur avec un drap pour conjurer le sort : "C'est pour ça que le monde ne s'est jamais arrêté, parce que quels que soient les changements ou les souffrances qu'elles subissaient, les femmes dansaient. Elles savaient que le monde devait continuer si elles voulaient voir toutes les bonnes choses découler de ce changement et de cette souffrance."

Et la lumière jaillit, au-delà des ténèbres...

Les saisons passent et les malheurs s'enchaînent durant 720 pages, je ne vais pas vous mentir, certaines scènes fortes peuvent choquer la sensibilité de certains. Plus d'une fois, j'ai voulu abandonner, mais je me suis laissée portée par la lumière de Betty, pour ne finalement retenir de ma lecture que cet espoir, coûte que coûte, en un monde meilleur.

Un roman fort.


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