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Tolle, lege !, de Daniel Fattore

Publié le 11 septembre 2020 par Francisrichard @francisrichard
Tolle, lege !, de Daniel Fattore

La photocopieuse de l'évêché était le seul objet moderne jamais entré dans la vénérable institution. Du coup, quitte à assécher les budgets pour dix ans, on avait mis le paquet: la machine peut copier tout et n'importe quoi...

Paulo, l'apprenti, est chargé par Pétronille, son fantasme favori, qui tape ses lettres sur une Remington historique, millésimée 1920, de faire de multiples copies sur cet engin complexe au point qu'il faut le tempérament d'un dompteur de cirque pour en tirer quelque chose.

Ce photocopieur (ou cette photocopieuse, car Daniel Fattore emploie indifféremment l'un ou l'autre terme) se révèle pour le moins capricieux. C'est un objet inanimé (façon de parler) qui semble donc avoir une âme et les états qui vont avec cet attribut exclusif de l'humanité.

L'engin lui fait des réflexions improbables via son écran, n'en fait qu'à sa tête, se met en panne quand ça lui chante, ce qui retarde Paulo dans cette seule tâche que lui confie Pétronille, qui n'a pas que ça à faire d'attendre, puisqu'elle doit aussi peinturlurer ses doigts de pieds.

Les utilisateurs de tels engins ne seront pas surpris que le mode d'emploi de cette machine comprenne plus de mille pages par langue. Ce qui les surprendra davantage, c'est que la deuxième langue, le japonais étant la première, soit le latin, c'est-à-dire celle de l'acquéreur...

Les facéties - ce qui est une litote - de cette machine sont les ressorts de cette histoire burlesque, qui est une satire à la fois d'une institution succombant à la pensée magique, d'une entreprise ringarde et peu soucieuse de ses employés, d'une intelligence aiguë prêtée à des objets.

Le lecteur rira de bon coeur à ce récit où les noms propres sont volontiers potaches, où des formules consacrées du vocabulaire religieux sont détournées habilement de leur usage, où l'auteur ne se prend pas au sérieux et est le premier à se gausser de ses propres plaisanteries.

Le lecteur répondra donc oui à l'impératif de ramasser ce livre plein d'humour et de le lire, comme le lui suggère son titre, Tolle, lege!, que, selon l'auteur, il comprendra s'il compulse la méthode de latin Magnard ou, s'il est un peu plus avancé, qu'il traduira en ouvrant son Gaffiot.  

Francis Richard

Tolle, lege !, Daniel Fattore, 208 pages, Hélice Hélas


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