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Expositions “Reverse Universe” Luigi Serafini & Than Hussein Clark – Sète

Publié le 03 octobre 2020 par Philippe Cadu

Sur terre et sur mer avec le Codex Seraphinianus Luigi Serafini

Après des études d'architecture, Luigi Serafini élabore, entre 1976 et 1979, le Codex Seraphinianus, oeuvre magistrale, publiée pour la première fois en 1981 par Franco Maria Ricci et rééditée sans cesse depuis. " Livre des livres ", cette encyclopédie d'un monde inventé, surréaliste et précurseur d'une humanité hybride, dans lequel plantes, animaux et objets se conjuguent, est un best-seller mondial. Dépassant les frontières du visible et du lisible, mêlant illustrations et écriture, l'ouvrage est une source inépuisable d'inspiration.

Créateur polymorphe, Luigi Serafini collabore entre autres avec Memphis ; peintre, écrivain, ami de Fellini pour lequel il crée l'affiche du film La voce della Luna (1990), grand Satrape du Collège de 'Pataphysique depuis 2016, Luigi Serafini est un passeur entre un certain surréalisme et la poésie de la Beat Generation, les cabinets des merveilles, Proust, Joyce et le monde actuel des réseaux sociaux. Italo Calvino préface l'édition de 1984 du Codex, tandis que son livre Collection de sable est illustré en couverture par le Poissoeil de Serafini. Ce poisson-oeil est par ailleurs devenu un des motifs préférés des jeunes " Serafans " du monde entier, qui se font tatouer cette image, devenue virale en circulant sur les corps.

L'alphabet visuel du Codex Seraphinianus est ainsi déployé pour la première fois en trois dimensions dans un lieu d'exposition et qui plus est dans une institution française. Inspiré par la ville de Sète, Luigi Serafini y installe un univers polymorphe, entre végétal et animal, monde marin et terrien. En trois salles Luigi Serafini propose une traversée entre les mondes. Ses sculptures, ses dessins et peintures, son écriture et sa graphie si singulière, transforment le centre d'art en Codex à l'échelle 1.

" C'était une écriture qui contenait le rêve de beaucoup d'autres écritures " dit l'artiste. Entre lisibilité et visibilité, l'alphabet inventé par Luigi Serafini devient paradoxalement universel parce qu'illisible, traversant ainsi les cultures et les générations, au-delà des frontières.

Commissaire de l'exposition : Marie de Brugerolle

A Little Night Music (And Reversals) Than Hussein Clark

Artiste, designer, scénographe, écrivain, poète, acteur, l'oeuvre de Than Hussein Clark investit la théâtralité dans divers contextes. Diplômé de l'Université d'Édimbourg, du Goldsmiths College à Londres et de l'École des beaux-arts de Hambourg, Than Hussein Clark a une vingtaine de pièces de théâtre et autant d'expositions à son actif.

Il s'attache à explorer ce qui échappe à la culture dominante, que ce soit à travers l'architecture, les arts décoratifs ou le théâtre. Il décloisonne les genres, les canons et les savoir faire tout en faisant appel à des techniques variées : tissage de tapis, objets sculptés en bois, résine, métal. Le paravent devient un paysage, la vitrine un tableau et le manteau une sculpture.

Exacerbant les styles jusqu'à les rendre " décadents", il nous rappelle ainsi que le glamour est une déformation de la grammaire des formes. Actif autant dans le champ du théâtre que des lieux d'exposition, Than Hussein Clark fait glisser les frontières et transforme les usages des objets et des lieux.

Chaque nouveau projet est pour lui l'occasion de développer des recherches sur des figures artistiques restées en marge de la grande Histoire. Pour l'exposition au CRAC, il s'inspire de Tanger et de la scène artistique cosmopolite qui a irrigué cette ville tout au long du XXe siècle (William S.Burroughs, Jean Genet, Paul Bowles, Yves Saint Laurent, ou encore la richissime héritière Barbara Hutton...).

L'artiste produit une série de sculptures,d'oeuvres sonores ainsi qu'un film tourné à Tanger en 2020, oeuvre générique conçue sur le principe d'un voyage collectif, et dans lequel il invite amis et complices, comme le poète américain James Loop.

Dans l'exposition, différents éléments décoratifs évoquent les notions de scène, de seuil, et de frontière. Parfums, fenêtres, horloges, mobiliers et intérieurs recomposés renvoient sans cesse à Tanger. Ville d'arrivée et de départ, Tanger fait face à la Méditerranée au même titre que Sète et permet un renversement du regard sur l'Europe, vue depuis l'Afrique.


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