3615 Monique (Saison 1, 10 épisodes) : érotisme virtuel au temps du Minitel

Emmanuel Poulain-Arnaud (Le Test, Les Cobayes) et Armand Robin (Cabine of the Dead) ont recréé l’histoire du Minitel rose qui a fait la fortune de millionnaires comme Xavier Niel. L’un des 3615 les plus emblématique reste 3615 Ulla qui s’est éteint il y a un peu moins de dix ans avec la fin du Minitel en France (en 2012 il comptait encore 25 000 connexions par mois !). Cette partie de la « pop culture » française a donné des idées à ces deux créateurs qu’ils ont mis en scène dans une première saison de 10 épisodes aussi nostalgiques que passionnants. Les fictions sur les évolutions technologiques et la réinvention de leur histoire a déjà donné naissance à des séries comme Halt and Catch Fire (sur l’essor de l’ordinateur domestique) et la France mélange alors tout cela à la libération sexuelle des années 80 au travers du Minitel.

Dans la France du début des années 80, Simon, Tony et Stéphanie incarnent une nouvelle génération prête à tout pour s’approprier cette nouvelle décennie sans pour autant savoir concrètement ce qu’ils vont bien pouvoir faire de leur vie. Du fin fond de leur banlieue parisienne, leur idée révolutionnaire va contribuer à la désinhibition sexuelle de tout un pays. 3615 Monique, c’est l’histoire de la collaboration de ces trois étudiants qui, malgré leur inimitié, vont tout faire pour réaliser leur projet fou et le révéler au monde.

Nos trois étudiants sont alors là pour raconter une success story française et créent ainsi le premier réseau social de l’histoire mais également les prémisses de ce que l’on connait aujourd’hui comme Internet. On mélange ici tout un tas d’influences de Silicon Valley pour l’aspect comédie mais aussi de dramédies sur la libération des étudiants à une époque qui leurs était propice. Le casting est très important et Noémie Schmidt (Les vétos, Versailles) est clairement l’héroïne parfaite au milieu de ce groupe d’amis bien trouvé. La personnalité de chacun et les ambition des personnages permettent de créer une sorte de frénésie autour de la série et de donner envie de suivre les épisodes les uns après les autres. OCS s’est démarquée depuis plusieurs années dans la création originale de séries télévisées et démontre ici une fois de plus toutes ses qualités de producteurs. La production est soignée et surtout fidèle à l’époque dépeinte. L’idée de tourner la série en 4/3 avec un grain des années 80 rend alors l’ambiance d’autant plus réaliste et l’univers proche du téléspectateur.

Les choix de mise en scène, les décors et les costumes forgent alors toute une identité autour de 3615 Monique qui ne nous quitte pas tout au long des dix épisodes. Grâce aussi à des personnages secondaires réussis (notamment celui incarné par Vanessa Guide - 30 jours max - ou Anne Charrier dans le rôle de la mère de Simon), on ne peut que se laisser emporter et voir les personnages réussir. Le parcours semé d’embuche de ces jeunes talentueux et complémentaires est là pour nous faire rire mais aussi nous tenir en haleine. Impossible aussi de ne pas penser à La Crème de la Crème de Kim Chapiron qui racontait l’histoire d’un réseau de prostitution au sein d’une bande d’étudiants. Ou encore à Masters of Sex la série américaine nous plongeant dans les coulisses de la découverte de la sexualité et du plaisir.

Dans 3615 Monique le mélange des genres et des influences est savoureux. Sans jamais chercher à se prendre la tête, la série enchaîne des situations cocasses et passionnantes autour d’un objet culte français : le Minitel. L’idée de cette première saison est donc de nous raconter ce qui a mené à la création de ce service de Minitel rose et les étapes qui ont mené nos étudiants aux portes de Libération. Affaire à suivre…

Note : 8/10. En bref, nouvelle réussite pour OCS avec ses créations originales.

Disponible le 17 décembre 2020 sur OCS