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Cameroun: Le martyr des filles Bororos

Publié le 14 novembre 2020 par Tonton @supprimez

Obligées d’abandonner l’école pour un mariage précoce, victimes de grossesses non désirées, les jeunes filles bororos subissent des contraintes inacceptables. La maire de Mayo Darlé travaille à les abolir.

Samedi 07 Novembre 2020, Dadda Fadimatou Dewa maire de la commune de Mayo Darlé, rassemble une cinquantaine de jeunes filles Bororos pour une première assemblée générale de l’association des parents d’élèves et enseignants du lycée bilingue de Mayo Darlé. Elle a mis sur pied un nouvel agenda qui porte sur la sensibilisation des parents aux problèmes qui freinent l’éducation de la jeune fille bororo. « Il faut trouver un moyen pour faire la promotion de l’excellence chez la jeune fille bororo. Nous avons depuis l’année dernière recensée trop de grossesses non désirées chez ces filles. Elles sont obligées d’abandonner l’école en plein milieu d’année scolaire pour rester à la maison. Les mariages précoces aussi il faut trouver un moyen pour les réduire. Les filles vont en mariage a 15 ans. Ce qui les oblige à abandonner l’école. C’est déplorable », regrette madame la maire En colère, elle interpelle aussi les parents, présents à cette assemblée : « Comment pouvez-vous refuser de payer les frais de scolarité aux jeunes filles ? Chez les Bororos, on préfère envoyer les garçons à l’école et laisser les filles vadrouiller, soit disant parce qu’elles vont aller en mariage. Nous sommes en 2020, le monde a changé, il faut aussi changer de mentalité ». Le phénomène est devenu pratiquement une mode dans la région du Château d’eau. Pour contribuer à briser ces mauvaises pratiques, les inspecteurs pédagogiques présents dénoncent la coutume et la situation de pauvreté des parents qui sont obligés de « vendre » les filles pour se faire un peu d’argent. Le proviseur du lycée bilingue de Mayo-Darlé, Nji Ripert Ndam, demande, lui, au sous-préfet de trouver un moyen d’accentuer la collaboration avec les autorités afin de permettre aux enfants de mieux comprendre l’enjeu et de prendre conscience de la nécessité d’étudier pour mieux préparer leur avenir.

Payer les frais scolaires

Depuis plus de trois ans,la mairie de Mayo Darlé paye les frais de dossiers pour la composition du certificat d’étude primaire (Cep), ainsi que le concours d’entrée en 6e pour tous les élèves bororos en classe de Cm2. « J’ai constaté que c’était le seul moyen de faire composer plusieurs filles bororos. Les parents refusent de payer les frais d’ape et de dépôts de dossier pour l’obtention des diplômes qui sanctionnent le cycle primaire. Des premiers diplômes qui peuvent déjà permettre à ces filles de faire des formations pratiques, ou même d’apprendre un métier. « J’ai des listes. Je paye les frais d’examen de plus de 200 élèves chaque année », explique la maire.

Le sous-préfet de Mayo-Darlé affirme que l’Etat ne peut pas tout faire. « Il faut trouver des moyens ici avec les parents présents. Je vais ensuite convoquer tous les chefs traditionnels pour la suite de concertation afin de trouver une solution efficace », précise-t-il. « Il faut aussi réduire les montants des dots lors des mariages coutumiers. La dot, qui se paye par tête de bœuf chez les Bororos, étant trop élevée, les prétendants se présentent et s’en vont pour ne plus revenir. Ils abandonnent souvent des femmes avec des grossesses et même des enfants, des filles qui pour la plupart ont fui l’école », déplore le représentant de l’État. La priorité n’en demeure pas moins pour le gouvernement camerounais de faire appliquer les textes internationaux qu’il a ratifiés. « L’enseignement primaire doit être obligatoire et accessible gratuitement à tous », stipule notamment l’article 13 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. L’alinéa 2 rappelle que « toute personne a droit à l’éducation ».

Hugo TATCHUAM


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