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Plaidoyer pour Yvon Guilcher, ou le réquisitoire des flagrants dénis

Publié le 04 avril 2018 par Annepaulerville

On peut passer la longue introduction ancrée dans les circonstances de la querelle pour arriver tout de suite au corps du délit, quelques dizaines de lignes plus bas, en gros et en gras, après les "&".

"Impossible, Monsieur : mon sang se coagule / En pensant qu'on y peut changer une virgule." (Désolée pour la pesante omniprésence de la référence, mais le contexte belliqueux s'y prête fort, et tant qu'à faire tournoyer sa plume sabre au clair, lâchons-nous.)

Le désarroi exprimé dans ce me fait penser à ce passage du livre d'Yvon Guilcher sur , qui parle du coup de grâce donné à la civilisation paysanne que fut la Guerre de 1914-18 (enfin, l'un des coups, après l'exode rural de la Révolution Industrielle et avant le remembrement et la mécanisation suite à la Seconde). Quand les Poilus rescapés, de retour dans leur terroir après quatre ans d'enfer, de mort, d'horreurs, d'indicibles souffrances, qui croyaient retrouver intacte leur campagne pour laquelle ils s'étaient battus, endurant tout ce qu'il est possible d'endurer sans mourir ou devenir dingue, ne rencontrent que moqueries et sarcasmes de la part des jeunes qu'ils avaient quittés enfants et qu'ils retrouvaient ados, lorsqu'ils entonnaient une , et que les jeunes grandis pendant leur absence ne voulaient plus maintenant que les machins importés des villes ou des Etats-Unis, achevant de tuer une deuxième fois le continent qui venait de se suicider dans les tranchées. Après le massacre des corps, l'hécatombe de la culture.

Il faudrait quand même se rappeler que, , à peu près, sauf du trad. Du rock, du rap, du RnB, du blues, du funk, du reggae, de la techno, de la pop à toutes les sauces, du classique, du jazz, de tout ce qu'on veut (et surtout ce qu'on ne veut pas, pour ma part), amais. La seule sorte de trad qu'on entende parfois, ce sont les variations celtiques de quelques bretonneries (dont toutes ne sont pas déplaisantes, d'ailleurs). (Et la bourrée d'Yvon Guilcher réinterprétée par Camille, oui, mais y aura-t-il des passerelles ?)

Car c'est toute une génération qui s'agite et se trouve emportée, tête la première, dans l'invincible mouvement de cet immense troupeau. Enfin, "tête" la première, si l'on peut appeler ainsi des crânes aussi vides, contents de l'être et acharnés à le rester, car "Venez comme vous êtes", bouffis de malbouffe et de vacuité. "Imposez vos règles du jeu".


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