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Viens, tonnerre, un poème de Christopher Okigbo

Publié le 29 novembre 2020 par Onarretetout

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À présent que la marche triomphante  est entrée dans les ultimes coins de rue,
Rappelez-vous, ô danseurs,  le tonnerre parmi les nuages…

À présent que le rire, cassé en deux, pendille palpitant entre les dents,
Rappelez-vous, ô danseurs, l’éclair par-delà la terre…

Une odeur de sang flotte déjà dans la brume-lavande de l’après-midi.
La sentence de mort se tient en embuscade le long des couloirs du pouvoir ;
Et une grande chose redoutable tire déjà ferme sur les câbles de l’air libre,
Une nébuleuse immense et incommensurable, une nuit d’eaux profondes —
Un rêve de fer innommé et impubliable, un sentier de pierre.

Les têtes somnolentes des cabosses dans les territoires arides en sont témoins,
Les fermes abandonnées au feu de brousse de ce siècle en sont témoins :
Les myriades d’yeux d’épis de maïs délaissés dans les granges incendiées en sont témoins :
Oiseaux magiques avec le miracle des éclairs illuminant leurs plumes…

Les flèches de Dieu tremblent aux portes de la lumière,
Les tambours du couvre-feu se soumettent à une danse de mort ;

Et la chose secrète en se hissant
Menace avec un masque de fer
La dernière torche allumée du siècle…

(traduction de Christiane Fioupou in Labyrinthes, de Christopher Okigbo - éd. Gallimard)


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