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Héritage, de Miguel Bonnefoy (éd. Rivages)

Publié le 30 novembre 2020 par Onarretetout

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Il y eut, à la fin du XIXe siècle des migrations de l’Europe vers les Amériques. Vous avez peut-être lu Ceux qui partent, un livre de Jeanne Benameur présenté dans ce blog. 

Miguel Bonnefoy y ajoute d’autres dimensions car ce n’est pas à New York que débarque le père de Lazare Lonsonnier mais au Chili avec un cep de vigne sauvé du phylloxera et un peu de terre du Jura. Au Chili où va arriver, quelques années plus tard, la nouvelle de la guerre qui tue en Europe. L’histoire que raconte Miguel Bonnefoy est faite de ces allers et retours entre les deux continents pour éviter la maladie ou pour prêter main forte, que ce soit en 1914-1918 ou en 1939-1945. C’est tout un siècle que traverse ce roman, cent ans qui nous font arriver en 1973, avec la répression instaurée par Pinochet et l’Amérique de Kissinger. Cent ans, cela signifie aussi que le début de cette histoire coïncide avec la Commune de Paris. Au regard de l’Histoire, c’est peu, cent ans, mais c’est une suite de bouleversements de part et d’autre qui provoquent ces exils, ces rencontres, ces violences, ces amours, ces tentatives toujours répétées pour vivre. Et ce livre fait se rencontrer les morts et les vivants dans la vie même. La mort accompagne la vie. La magie y est active, pas seulement celle de l’artifice qui permet la lévitation, mais aussi celle de la musique, celle des oiseaux et de tout ce qui vole, celle qui transcende notre existence même. Ce n’est pas un hasard si on rencontre dans ce livre un Lazare et un René.

Un extrait :

« Ses premières phrases composées d’abord pour le distraire, devinrent une source de plaisir, puis une forme de nécessité. À peine eut-il commencé à écrire que la cathédrale de son esprit se peupla de personnages qui y firent irruption comme dans une fête, formant un pays entier de fables et de batailles qu’il s’essoufflait à enrichir avec une telle euphorie, une telle facilité, qu’il noircissait la page suivante sans avoir fini la précédente. »

Par moments, comme l'accouchement qui survient au milieu d'une volière, ce livre m’a aussi fait penser à celui de Carole Martinez, Le coeur cousu.


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