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Cameroun: L’art de la duplicité dans les chefferies Bamiléké

Publié le 12 décembre 2020 par Tonton @supprimez

Les chefs Bamiléké viennent de s’illustrer par deux sorties contradictoires. Qui tire les ficelles dans l’ombre ?

Le 19 novembre 2020, sous le label du Conseil des chefs traditionnels de l’Ouest Cameroun (Ccto), plusieurs gardiens de la tradition ressortissants de cette région ont exprimé leur ras-le-bol, via une déclaration portant sur le climat sociopolitique au Cameroun. Adressé au président de la République, au Premier ministre, à l’Assemblée nationale et au ministre de l’Administration territoriale, ce véritable brûlot s’insurge contre l’option militaire prise dans la résolution de la crise dite anglophone.

Constatant l’enlisement de cette crise, les chefs traditionnels de l’Ouest proposent l’arbre à palabre avec la mise à contribution des autorités traditionnelles de tous bords, des médiateurs et de toutes les tendances des forces sécessionnistes. Poursuivant leur diagnostic, les chefs traditionnels de l’Ouest, tout en saluant les balises du Grand dialogue national, appellent à l’organisation d’un autre conclave plus inclusif, ouvert à diverses sensibilités. Le parlement est invité à inscrire la crise dite anglophone au rang de ses préoccupations. Amers sur le déficit de sincérité des acteurs politiques, les chefs Bamiléké décrient sans ambages l’instrumentalisation de la justice, la montée en puissance du tribalisme sous la manœuvre de certaines élites, l’effondrement du niveau de vie général sous ces injustices en série. C’est par un appel au dialogue et à la réconciliation des cœurs que le Ccto conclut sa première sortie.

Revirement

Dans les chaumières et certains salons huppés, cette sortie a jeté de l’effroi. La nature des signataires et le contexte sensible ont entrainé aussitôt de grosses manœuvres initiées par certaines élites de l’Ouest au sein du gouvernement et à diverses fonctions privilégiées. La presse a annoncé la préparation d’une contre-déclaration des chefs de l’Ouest. Le nom de Nganou Djoumessi est revenu en permanence parmi les pontes du régime ayant manœuvré pour que les chefs Bamiléké se dédisent. Sans surprise, on a assisté à une seconde sortie dans laquelle les chefs Bamiléké saluaient plutôt l’action éclairée du président Paul Biya dans la démocratisation, le développement et la quête permanente de la paix. Un tel rétropédalage laisse sans voix l’analyste le plus lucide, surtout lorsqu’il vient des gardiens de la tradition et des autorités morales.

Dans une scène politique clivée, restet-il encore des hommes capables d’observer sans états d’âme la situation sociopolitique actuelle ? Cet art de la duplicité et du double langage, est devenu la marque de fabrique des personnalités des plus insoupçonnées. Voguant au gré des intérêts, déterminées à défendre leurs privilèges, elles multiplient discours dithyrambiques et complaisants, allant jusqu’à manipuler les chefs Bamiléké jadis considérés comme des notables dignes et respectés, sous l’appât des billets de banque craquants et glanés sous diverses forfaitures.

Max Mpandjo


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